Qu’est-ce que le renseignement américain savait vraiment sur le virus «chinois» ?

Qu’est-ce que le renseignement américain savait vraiment sur le virus «chinois» ?

Par Pepe Escobar − Le 22 avril 2020 − Source The Saker

Pepe EscobarLa guerre hybride 2.0 contre la Chine, une opération américaine bipartisane, est au sommet de sa fièvre. Son bras armé de propagande tous azimuts, 24h / 24 et 7j / 7, blâme la Chine pour tout ce qui concerne les coronavirus, en remettant une couche sur la tactique de diversion contre toute critique éclairée du manque de préparation américaine.

L’hystérie règne comme prévu. Et ce n’est que le début.

Un déluge de poursuites est imminent – comme celle du district sud de la Floride engagée par Berman Law Group, lié aux Démocrates, et celle de Lucas-Compton, lié aux républicains. En bref : la Chine doit débourser des tonnes d’argent. Pour un montant allant d’au moins $1 200 milliards, somme qui correspond – ironie surréaliste – au montant des bons du Trésor américain détenus par Pékin, jusqu’à $20 000 milliards, réclamés dans un procès au Texas. Le dossier de l’accusation, comme Scott Ritter nous l’a remis en mémoire, est tout droit sorti des Monty Python. Cela fonctionne exactement comme ceci :

 – Si elle pèse le même poids qu’un canard…… Elle est en bois !

– Et donc…

– C’est une sorcière !!!!!

En termes de guerre hybride 2.0, le récit actuel dans le style de la CIA se résume à une Chine maléfique qui ne nous a jamais dit, à nous l’Occident civilisé, qu’il y avait un nouveau virus terrible dans l’air. S’ils l’avaient fait, nous aurions eu le temps de nous préparer.

Et maintenant, ils mentent et trichent – ce qui est, soit dit en passant, un des traits caractéristiques de la CIA, depuis que Mike Pompeo lui-même ex-directeur de l’agence,  l’a avoué pour son compte : «We Lie, We Cheat, We Steal».

Et les Chinois ont tout caché, ils ont censuré la vérité. Ils voulaient donc nous infecter tous. Maintenant, ils doivent payer pour tous les dommages économiques et financiers que nous subissons et pour tous nos morts. C’est la faute de la Chine.

Tout ce bruit et cette fureur nous obligent à nous recentrer sur la fin de 2019 pour vérifier ce que les renseignements américains savaient alors à propos de ce qui serait plus tard identifié comme Sars-Cov-2.

« Aucun produit de ce type n’existe »

La référence en or reste le rapport d’ABC News selon lequel les informations collectées en novembre 2019 par le National Center for Medical Intelligence (NCMI), une filiale de la Defense Intelligence Agency (DIA) du Pentagone, avertissaient déjà d’une nouvelle contagion virulente, qui avait échappé au contrôle, à Wuhan, sur la base d’une «analyse détaillée des communications interceptées et de l’imagerie satellite».

Une source anonyme a déclaré à ABC, « les analystes ont conclu que cela pourrait être un événement cataclysmique », ajoutant que les informations avaient fait l’objet de « plusieurs briefings », par la DIA, à destination des chefs d’état-major du Pentagone, et même de la Maison Blanche.

Sans surprise, le Pentagone a été contraint d’avancer un démenti proverbial – en jargon pentagonesque, via le colonel R. Shane Day, directeur du NCMI à la DIA :

«Dans l’intérêt de la transparence pendant la crise de santé publique actuelle, nous pouvons confirmer que le compte-rendu des médias à propos de l’existence et de la diffusion d’une estimation du National Center for Medical Intelligence au sujet d’un produit en rapport avec le Coronavirus en novembre 2019 n’est pas correct. Aucun produit NCMI de ce type n’existe.»

Bien…, si un tel «produit» existait, le chef du Pentagone et ancien lobbyiste de Raytheon, Mark Esper, serait évidemment au courant. Il a été dûment interrogé à ce sujet par George Stephanopoulos d’ABC.

Question : Le Pentagone a-t-il reçu une évaluation des renseignements sur le COVID en Chine en novembre dernier par le Centre national de renseignement médical de la DIA ?

Esper : Oh, je ne me souviens pas, George, (…). Mais, nous avons beaucoup de gens qui regardent cela attentivement.

Question : Cette évaluation a été effectuée en novembre et a été communiquée au National Security Council au début de décembre pour évaluer l’impact sur l’état de préparation militaire, ce qui, bien sûr, le rendrait important pour vous et la propagation possible aux États-Unis. Donc, vous auriez su s’il y avait eu un mémoire au Conseil de sécurité nationale en décembre, n’est-ce pas ? 

Esper : Oui (…) Je ne suis pas au courant de cela.

Donc, «aucun produit de ce type n’existe». Alors ? Est-ce un faux ? Est-ce une combine État Profond / CIA pour piéger Trump ? Ou les suspects habituels mentent-ils dans le style de la CIA ?

Passons en revue quelques informations essentielles. Le 12 novembre, un couple marié de Mongolie intérieure a été admis dans un hôpital de Pékin à la recherche d’un traitement contre la peste pulmonaire.

Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) chinois, sur Weibo – le Twitter chinois – a déclaré à l’opinion publique que les chances que cela soit une nouvelle peste étaient « extrêmement faibles ». Le couple a été mis en quarantaine.

Quatre jours plus tard, un troisième cas de peste pulmonaire a été identifié : un homme, également de Mongolie intérieure, non apparenté au couple. Vingt-huit personnes qui étaient en contact étroit avec l’homme ont été mises en quarantaine. Aucun ne présentait de symptômes de peste. La peste pulmonaire présente des symptômes d’insuffisance respiratoire similaires à la pneumonie.

Même si le CDC chinois l’a répété, «il n’y a pas lieu de s’inquiéter du risque d’infection», il y avait bien sûr beaucoup de scepticisme. Le CDC aurait confirmé publiquement le 12 novembre ces cas de peste pulmonaire. Mais ensuite Li Jifeng, médecin à l’hôpital de Chaoyang où le trio de Mongolie intérieure recevait un traitement, a publié, en privé, sur WeChat, qu’ils ont vraiment été transportés pour la première fois à Pékin le 3 novembre.

Le point clé du post de Li Jinfeng – supprimé plus tard par la censure – était :

«Je connais très bien le diagnostic et le traitement de la majorité des maladies respiratoires (…) Mais cette fois, j’ai continué à chercher mais je n’ai pas pu déterminer quel agent pathogène était à l’origine de la pneumonie. Je pensais seulement que c’était une maladie rare et je n’ai pas obtenu beaucoup d’informations autres que les antécédents des patients.»

Même si tel était le cas, le point clé est que les trois cas en Mongolie intérieure semblent avoir été causés par une bactérie détectable. Covid-19 est causée par le virus Sars-Cov-2, pas par une bactérie. Le premier cas de Sars-Cov-2 n’a été détecté à Wuhan qu’entre mi-décembre et la fin du mois. Et ce n’est que le mois dernier que les scientifiques chinois ont pu retracer l’arrivée du premier vrai cas de Sars-Cov-2 au 17 novembre – quelques jours après le trio de Mongolie intérieure.

Savoir exactement où chercher

Il est hors de question que les États-Unis, en l’occurrence le NCMI, n’étaient pas été au courant de ces développements en Chine, compte tenu de l’espionnage de la CIA et du fait que ces discussions étaient ouvertes sur Weibo et WeChat. Donc, si le «produit» NCMI n’est pas un faux et existe vraiment, il n’a été trouvé, toujours en novembre que de vagues preuves de peste pneumonique.

Ainsi, l’avertissement – à la DIA, au Pentagone, au Conseil de sécurité nationale et même à la Maison Blanche – était à ce sujet. Il ne pouvait pas s’agir du coronavirus.

La question brûlante est inévitable : comment le NCMI aurait-il pu tout savoir sur une pandémie virale, toujours en novembre, lorsque les médecins chinois n’ont identifié les premiers cas d’un nouveau type de pneumonie que le 26 décembre ?

Ajoutez à cela la question intrigante, pour commencer, de savoir pourquoi le NCMI était si intéressé par cette saison particulière de la grippe en Chine – depuis les cas de peste traités à Pékin jusqu’aux premiers signes d’une «mystérieuse épidémie de pneumonie» à Wuhan.

Il peut y avoir eu des indices subtils d’une activité légèrement accrue dans les cliniques de Wuhan fin novembre et début décembre. Mais à l’époque, personne – les médecins chinois, le gouvernement, sans parler des renseignements américains – n’aurait pu savoir ce qui se passait réellement.

La Chine ne pouvait pas «dissimuler» ce qui n’a été identifié comme une nouvelle maladie que le 30 décembre, dûment communiquée à l’OMS. Puis, le 3 janvier, le chef du CDC américain, Robert Redfield, a appelé le haut responsable chinois du CDC. Les médecins chinois ont séquencé le virus. Et ce n’est que le 8 janvier qu’il a été déterminé que c’était Sars-Cov-2 – qui provoquait la Covid-19.

Cette chaîne d’événements rouvre, encore une fois, une énorme boîte de Pandore. Nous avons l’Event 201 tout à fait opportun ; la relation chaleureuse entre la Fondation Bill et Melinda Gates et l’OMS, ainsi que le Word Economic Forum et la galaxie Johns Hopkins à Baltimore, y compris la Bloomberg School of Public Health ; la combinaison ID2020 ID numérique / vaccin ;  Dark Winter – qui a simulé une bio-attaque de la variole contre les États-Unis, avant que l’attaque à l’anthrax de 2001 soit imputée à l’Irak ; des sénateurs américains se débarrassant massivement de leurs actions en bourse après un briefing du CDC ; plus de 1 300 PDG abandonnant leurs perchoirs confortables en 2019, «anticipant» l’effondrement total du marché ; la Fed versait déjà de l’argent par hélicoptère en septembre 2019 dans le cadre du QE4.

Et puis, validant le rapport d‘ABC News, Israël entre en scène. Les Services de renseignement israéliens confirment que les États-Unis les ont effectivement avertis en novembre d’une pandémie potentiellement catastrophique à Wuhan – encore une fois : comment pourraient-ils le savoir la deuxième semaine de novembre, alors qu’on n’était qu’au début du jeu ? [Avant que les chinois n’identifient le virus plusieurs mois après, NdT]. Et les alliés de l’OTAN ont également été avertis en novembre.

Le bilan de tout cela est explosif : l’administration Trump ainsi que le CDC ont été prévenus pas moins de quatre mois avant – de novembre à mars, pour se préparer correctement à affronter le virus qui frappe les États-Unis, et ils n’ont rien fait. Tout le récit « La Chine est une sorcière ! » est démystifié.

De plus, la divulgation israélienne étaye ce qui n’est rien de moins qu’extraordinaire : les renseignements américains connaissaient déjà le virus Sars-Cov-2 environ un mois avant les premiers cas confirmés détectés par des médecins dans un hôpital de Wuhan. Vous pouvez parler d’intervention divine.

Cela n’aurait pu se produire que si les renseignements américains étaient au courant, à coup sûr, d’une chaîne d’événements antérieurs qui conduirait nécessairement à la «mystérieuse épidémie» à Wuhan. Et pas seulement cela : ils savaient exactement où chercher. Pas en Mongolie intérieure, ni à Pékin, ni dans la province du Guangdong.

La question ne sera jamais assez répétée dans son intégralité :

comment les renseignements américains auraient-ils pu connaître une contagion un mois avant que les médecins chinois ne détectent un virus inconnu ?

Mike  Pompeo – «Nous mentons, nous trichons, nous volons» – a peut-être vendu la mèche quand il a dit, publiquement, que la Covid-19 était un «exercice en direct». En plus des informations d’ABC News et d’Israël, la seule conclusion logique possible est que le Pentagone – et la CIA – savaient à l’avance qu’une pandémie était inévitable.

Voilà le pistolet fumant. Et maintenant, le poids total du gouvernement américain couvre tout, en blâmant proactivement, et rétroactivement, la Chine.

Pepe Escobar

Traduit par jj, relu par Kira pour le Saker Francophone

Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone

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