Le château de cartes de la soi-disant «collusion» entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie pendant l’élection présidentielle américaine vient finalement de s’effondrer, et de manière on ne peut plus spectaculaire. Après trois ans d’incessantes accusations et d’affirmations péremptoires du camp démocrate concernant les preuves de son existence, les retranscriptions des interviews menées par le Congrès sur l’enquête du FBI, publiées le 7 mai par le House Intelligence Committee, viennent d’en balayer les fondations. Sans l’ombre d’un doute.
Ces documents, qui viennent d’être déclassifiés, montrent en effet qu’à aucun moment les agences du renseignement n’ont disposé d’une quelconque preuve de collusion, mais que le FBI a malgré tout choisi de poursuivre son enquête sur la base d’éléments que l’organisation savait peu – voire pas du tout – fiables.
«Je n’ai jamais vu de preuve empirique directe que l’équipe de campagne de Donald Trump, ou qui que ce soit, complotait/conspirait avec les Russes pour faire de l’ingérence dans les élections», confie ainsi l’ancien directeur du renseignement Andrew James Clapper lors d’un de ces entretiens, au cours desquels il était interrogé par les membres du Congrès. De son côté, le FBI reconnaît avoir ouvert son enquête à la suite d’une information des services de renseignements australiens selon laquelle George Papadopoulos, un ancien conseiller de Donald Trump, aurait été au courant que la Russie était en possession des courriels d’Hillary Clinton.
Je n’ai jamais vu de preuve empirique directe que l’équipe de campagne de Donald Trump, ou qui que ce soit, complotait/conspirait avec les Russes pour faire de l’ingérence dans les élections
Mais de son propre aveu, le FBI ne croyait pas que l’ancien conseiller de Donald Trump ait été en contact avec Moscou. «Les déclarations de [George] Papadopoulos n’indiquaient pas particulièrement qu’il était la personne qui interagissait avec les Russes», a fait savoir Andrew McCabe, ancien directeur adjoint du FBI, lorsqu’on lui a demandé pourquoi un mandat en vertu du Foreign Intelligence Surveillance Act (qui permet de placer une personne sous surveillance) avait été requis en octobre 2016 contre Carter Page (un autre conseiller de Donald Trump) et non contre George Papadopoulos.
L’agence de renseignement intérieur s’est donc focalisée sur Carter Page, personnage central du fameux dossier Steele. Le dossier Steele, du nom de Christopher Steele, l’ancien agent des services secrets britanniques qui l’a compilé, avait pour objectif de fournir des arguments à l’appui d’une prétendue collusion entre Donald Trump et Moscou. Mais celui-ci ne contenait aucune information vérifiée, voire des assertions purement et simplement fausses. Tous les témoins cités dans ces documents déclassifiés ont admis, à l’instar d’Andrew McCabe, qu’il n’existait aucune preuve de cette soi-disant collusion.
Plus intrigant encore, le directeur adjoint du FBI a reconnu être au courant des liens entre Christopher Steele et le parti démocrate, contre lequel se présentait donc Donald Trump. Christopher Steele a en effet reconnu que son entreprise (Fusion GPS) avait été payée par le parti démocrate pendant la campagne de 2016, via le cabinet d’avocat Perkins Coie.
«Je pense qu’il était certainement pertinent pour nous qu’il [Christopher Steele] ait été engagé par un candidat concurrent [à Donald Trump] au départ, que son contrat ait été avec un candidat concurrent, d’un autre parti. C’était vraiment pertinent pour nous ; [c’est] l’un des facteurs que nous avons pris en considération pour évaluer si nous croyions ou non [les informations dans] son dossier», a confié Andrew McCabe lors d’un de ses entretiens. Malgré cela, Andrew McCabe s’est montré bien incapable d’expliquer pourquoi cette information n’avait pas été fournie par le FBI à la justice lors de sa demande de mise sous surveillance de Carter Page.
Comment dès lors cette enquête a-t-elle pu empoisonner les débats politiques trois ans durant aux Etats-Unis ? La réponse se trouve surement dans les actions d’Adam Schiff, président démocrate de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, qui a martelé devant le Congrès – et donc devant les Américains – qu’il existait de «nombreuses preuves» de l’existence d’une telle collusion. Ce qui ne peut être qualifié que comme un mensonge à la lecture de ces documents aujourd’hui déclassifiés. Adam Schiff ayant, de par sa position, accès aux éléments de l’enquête, il savait pertinemment que ces preuves n’existaient pas. Voilà peut-être pourquoi il s’était refusé jusqu’à présent – avant d’y être contraint par le nouveau directeur de renseignement Richard Grenell – à déclassifier ces informations.
Le général Michael Flynn acquitté
Concomitamment à ces révélations fracassantes, le général Michael Flynn, ancien conseiller de Donald Trump accusé d’avoir menti au FBI sur une discussion au sujet des sanctions américaines qu’il a eue en décembre 2016 avec l’ambassadeur russe, vient d’être blanchi par le département américain de la Justice. Ce dernier a estimé que l’enquête contre cet ancien général de 61 ans n’avait pas «de base légitime» et que ses déclarations «quand bien même elles seraient fausses, n’avaient pas d’importance», selon des documents judiciaires.
Cette décision intervient après la publication de notes de service internes, qui soulevaient de sérieuses questions quant à la légitimité même de l’enquête qui a conduit le général à plaider coupable en 2017. Ses avocats avaient récemment versé au dossier des notes d’un responsable du FBI, conseillant les enquêteurs sur les moyens de mener l’entretien avec le général Flynn. «Quel est votre but ? Le faire admettre la vérité ou le faire mentir pour que nous puissions le poursuivre ou le pousser à la démission ?», avait ainsi écrit cet agent non identifié. Après avoir changé d’avocats et de stratégie de défense, le général Flynn, s’appuyant sur cette note, avait demandé l’annulation de la procédure, estimant que celle-ci prouvait qu’il était victime d’une manipulation, d’un coup monté.
A quelques mois de l’élection présidentielle, le président américain Donald Trump a de quoi se réjouir de la tournure prise par les événements. Ce dernier n’a d’ailleurs pas caché son plaisir, saluant sur Twitter un «grand jour pour la Justice aux Etats-Unis». «Je pense qu’il y a bien plus à venir, les flics ripoux et les politiciens corrompus ne font pas bon ménage !», a-t-il ajouté avant de réitérer un de ses messages de campagne de 2016, qui avait résonné avec les électeurs : «Nettoyons le marais (Drain the swamp)». Le vent se lèverait-il sur Washington ?