L’auteure est députée du Bloc Québécois
Je suis une personne généralement optimiste. Mais il y a plusieurs années, un ami m’a dit qu’une optimiste est une pessimiste qui s’ignore.
Aujourd’hui, je suis pessimiste.
Et pourtant de nombreux appels à une relance verte se font régulièrement. Les groupes environnementaux, certains partis politiques, même la Banque Nationale et la patronne du FMI la réclament. Le 29 avril dernier, Kristalina Georgieva a déclaré dans une conférence au Petersberg climate dialogue : « Si cette reprise doit être durable, si notre monde doit devenir plus résilient, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour promouvoir une “reprise verte”. ».
Mais le côté sombre de la force est très mobilisé. Plusieurs profitent du fait que notre attention est tournée vers la crise sanitaire pour mettre de l’avant leurs objectifs tout en dénonçant le fait que les groupes de défense de l’environnement veulent récupérer cette crise. Alors, on accusera les environnementalistes, mais pas les pétrolières?
Suncor, BP, l’Association canadienne des produits pétroliers s’activent auprès des ministres pour faire avancer leurs agendas respectifs et surtout pour plaire à leurs actionnaires.
Le gouvernement fédéral a mis sur pied un comité composé de Mme McKenna, ancienne ministre de l’Environnement, M. Wilkinson actuel ministre de l’environnement, Stéphane Guilbeault qui n’a pas besoin de présentation. Ils doivent se pencher sur la reprise. Mais où est le ministre des Ressources naturelles, M. Seamus O’Regan qui reçoit les doléances de l’industrie pétrolière. Où est le ministre des Finances? Je suis persuadée que ce seront eux qui auront le dernier mot.
Pourtant, on voit bien que la planète ne peut pas continuer à nous soutenir et que nous détruisons les systèmes qui nous font vivre.
Est-ce qu’on parle suffisamment de notre responsabilité dans l’effondrement de la biodiversité? Est-ce qu’on parle suffisamment de notre responsabilité dans la destruction des habitats naturels? Si, au moins, cette crise nous amenait à nous questionner. Mais non.
J’entendais l’autre jour une voisine se plaindre du confinement parce qu’elle ne pouvait pas aller magasiner. J’apprenais que lorsque Donald Trump a rencontré l’industrie pétrolière au début de la pandémie, cette seule démarche a fait monter les marchés boursiers. C’est tout dire de notre économie. J’ai donc un espoir très limité pour de nouveaux modes de vie, pour de nouvelles habitudes.
À quelle vitesse effrénée notre société d’après crise va-t-elle reprendre alors que notre environnement est tellement fragilisé par nos comportements?
Il faudrait absolument changer nos habitudes de consommation, être plus réfléchi dans nos choix, favoriser l’achat local aussi. Il faudrait parler davantage de décroissance, car la croissance infinie qui nous est toujours proposée est un suicide, rien de moins. Soyons honnête, le mot décroissance fait peur, ce n’est pas très vendeur, mais c’est nécessaire d’en parler.
Tous les appels au retour à la normale me rendent pessimiste. Retourner à la normale? Surtout pas.
Aurons-nous l’audace, l’énergie de changer pour un futur vert?
Crédit photo : (cc) Dru Oja Jay, Dominion / canva.com
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