Le Coup d’État des Banques Centrales, pour les nuls (I)
De la source économique du nouveau pouvoir des Banques Centrales
Lorsque nous parlons de « Coup d’État des Banques Centrales », il ne faut pas se méprendre sur la nature de classe des conflits internes du système capitaliste.
Le nouveau pouvoir des Banques Centrales est bien l’expression d’une nouvelle forme de domination de classe de la bourgeoisie, mais il repose toujours, et même plus que jamais, sur le contrôle des forces productives.
Il n’y a évidemment pas de « lutte de classe » entre bourgeoisie financière et « bureaucratie bancaire »…
Il n’y a pas de « bureaucratie bancaire » qui soit une classe en soi et pour soi, indépendamment du contrôle qu’elle peut exercer sur les forces productives.
La « bureaucratie bancaire » spécifique des banques centrales n’est que l’une des expressions formelles de la bourgeoisie financière. Sa spécificité tient à son pouvoir sur la circulation monétaire et sur le crédit, ce qui est fondamentalement la même chose, dans le contexte actuel.
C’est, en un sens, le rapport entre crédit et circulation monétaire qui change, avec l’évolution actuelle des forces productives et le développement de la robotisation de la production.
Dans le capitalisme « traditionnel », même monopoliste industriel, le crédit ne joue qu’un rôle transitoire dans la circulation monétaire, qui est principalement le reflet de la circulation des marchandises produites par le travail, et des services échangés autour.
Il semble donc inéluctable qu’à mesure que le capital « productif » se résume de plus en plus au capital fixe, avec le développement de l’automatisation et de la robotisation, le crédit devienne le « régulateur » obligé de la circulation monétaire à tous les niveaux, y compris de la consommation, en tant que réalisation des « valeurs » produites, et donc de la source du pouvoir de « capitaliser », la source du pouvoir économique et politique, en dernière analyse.
Une machine robotisée financée par un crédit et qui produit des marchandises elles-mêmes achetées à crédit ne peut évidemment pas créer de valeur.
Dans ce processus, c’est l’ensemble de l’argent en circulation qui provient du crédit et l’ « accumulation » transitoire de capital qui peut encore se produire au cours du processus entre « déblocage » de crédit et réalisation de la pseudo- « valeur » des marchandises ne peut être par essence qu’une forme de bulle spéculative.
Il y a encore circulation monétaire, tout à fait artificielle, mais de moins en moins d’échange entre producteurs, même très indirectement, et même plus du tout, en cas de robotisation totale.
Il y a donc disparition progressive de la valeur d’échange, en réalité, et apparition du monopole de la valeur d’usage, seule source réelle possible, désormais, de capitalisation. Le crédit des Banques Centrales est l’expression monétaire de ce monopole et de cette nouvelle forme de pouvoir économique, et donc bien politique, en dernière analyse.
Le pouvoir des banques centrales est donc aussi celui de « réguler » la circulation du capital financier, non pas de manière « équilibrée », ce qui est par définition impossible avec le capitalisme, mais en laissant « gonfler » les bulles jusqu’à un certain niveau ou en les laissant « crever » également jusqu’à un certain stade de « creux », et c’est exactement ce que l’on vient de voir. Il suffit de le constater sur les différents graphiques des indices boursiers, tous réagissant de manière extrêmement synchronisée, et surtout depuis 2007-2008.
Il y a donc une grande partie de la bourgeoisie qui veut continuer à boursicoter à grande échelle, car sa « richesse » et donc aussi son pouvoir, en dépendent, et une nouvelle fraction de la bourgeoisie qui est consciente de l’évolution technologique nouvelle des forces productives et consciente du nouveau pouvoir de domination du crédit sur la circulation monétaire en général et même sur la circulation du capital financier en particulier.
Une fraction minoritaire, détentrice d’une part suffisante des capitaux financiers mondiaux, n’a plus besoin d’accumuler pour conserver son pouvoir, au point qu’elle peut « encaisser » sans ciller une chute impressionnante de capitalisation globale, mais plutôt besoin de conserver le contrôle de l’ensemble du système, y compris au détriment d’autres fractions du capital financier, et même des fractions résiduelles du capital productif qui ne sont pas encore intégrées à 100% dans le système monopoliste.
La nouvelle concentration des capitaux réduira encore la part de cette dernière fraction au profit des deux autres, et surtout de celle qui contrôle déjà les banques centrales. Ces fractions continueront à « négocier » entre elles un certain « modus vivendi », à défaut d’un introuvable équilibre.
C’est ce que reflètent différents articles de la presse économique du système, et même lorsqu’elle parle de l’interventionnisme des Banque Centrales et/ou des États dans la crise économique et financière, il ne faut y voir aucune forme de « collectivisme bureaucratique » qui serait une sorte de « transition » à la mode trotskyste (« Programme de Transition »), c’est à dire un très chimérique « stade de transition » hybride entre le capitalisme et la transition socialiste réelle, qui ne peut se réaliser que sous le pouvoir de classe du prolétariat.
Il faut donc poursuivre l’analyse de la nouvelle situation concrète sans céder à ce charabia trotskysant qui n’a aucune espèce de réalité en termes d’analyse marxiste !
Dans le processus actuel, les États et les banques d’affaires et de dépôts « classiques » ne sont plus que les relais obligés du pouvoir des Banques Centrales. Et il en va de même, en fin de compte, des monopoles industriels. Le nouveau pouvoir des Banques Centrales a une base économique bien réelle et réellement globalisée.
Même la nationalisation du crédit, quelle que soit la forme qu’elle puisse prendre en régime capitaliste, ne sera au mieux qu’un moyen de faire avancer les revendications immédiates les plus urgentes du prolétariat, en posant, à une échelle « nationale » perceptible par chaque fraction « nationale » du prolétariat, la question de concordance entre forces productives et besoins sociaux, mais sans pouvoir la résoudre radicalement autrement qu’avec la prise du pouvoir par le prolétariat en tant que seule classe capable de la réaliser, en se libérant de l’emprise du capitalisme.
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