Une étude révèle que le nombre de chômeurs étatsuniens est le double du nombre officiel, déjà très élevé à cause de la crise.
Par Alan Macleod – Le 29 avril 2020 – Source Mint News
Alors que COVID-19 se répand aux États-Unis, un nombre record de 26,5 millions d’Américains ont demandé des allocations chômage depuis la mi-mars ; un nombre jamais atteint depuis le pic de la Grande Dépression. Des dizaines de millions de personnes ont été licenciées, mises en congé ou ont vu leurs commerces se tarir en quelques semaines. « Préparez-vous », a déclaré Kevin Hasset, conseiller économique principal du président Donald Trump, en déclarant que l’économie « sera mauvaise, plus que tout ce que nous avons déjà vu » et en prédisant que nous verrons bientôt des niveaux de chômage de 20 % et un effondrement du PIB de 40 %.
Les chiffres du chômage, aussi mauvais soient-ils, sont en fait une sous-estimation significative du problème, selon une nouvelle étude du groupe de réflexion non partisan de Washington, l’Economic Policy Institute. Leur enquête, menée auprès de plus de 24 000 Américains, révèle que, pour dix personnes ayant réussi à obtenir une allocation chômage au cours des quatre dernières semaines, trois à quatre autres personnes ont tenté d’en faire la demande mais n’ont pas réussi à comprendre comment le faire. Deux autres personnes n’ont même pas essayé en raison de la complexité de la procédure. Du coup l’enquête conclut :
« Lorsque nous extrapolons les résultats de notre enquête aux cinq semaines complètes de demandes d’assurance-chômage depuis le 15 mars, nous estimons que 8,9 à 13,9 millions de personnes [en plus] auraient demandé des prestations si le processus avait été plus facile ».
Si l’on ajoute ces chiffres aux millions d’Américains sous-employés, à ceux qui ont été contraints de prendre une retraite anticipée, ou à ceux qui ont tout simplement laisé tomber, le nombre total de chômeurs doit atteindre 40 millions de personnes.
« Ces conclusions sur les millions de déclarants frustrés, et le faible taux de rémunération du système d’assurance-chômage mettent en évidence la nécessité pour les politiciens d’améliorer plutôt que d’entraver le processus de demande d’assurance-chômage », écrivent les auteurs du rapport, suggérant que « les États devraient au moins présumer que tout le monde est admissible et payer immédiatement les prestations, en ne vérifiant l’admissibilité et en examinant les demandes qu’après le ralentissement de cette vague sans précédent ».
Cette info sur les 40 millions de chômeurs arrive le jour même où le nombre total d’Américains officiellement infectés par le COVID-19 a dépassé le million, avec plus de 60 000 décès confirmés. Les États-Unis sont de loin en tête pour le nombre de cas et de décès, avec plus de quatre fois plus de tests positifs que le second pays le plus touché (l’Espagne). Cependant, même ces chiffres, aussi choquants soient-ils, sont certainement inférieurs au véritable bilan du virus, car les données des CDC [Organismes de santé publique] montrent des pics bien plus élevés de surmortalité que les autres années. Les personnes qui meurent en dehors de l’hôpital sont rarement testées pour le COVID-19 et ne sont pas ajoutées aux totaux officiels. Un sondage du Siena College publié lundi a révélé qu’un tiers des New-yorkais (32 %) connaissent quelqu’un qui est déjà mort du virus.
Malgré l’appel à l’urgence nationale du 13 mars, les États-Unis n’ont réussi qu’à aplatir, et non à réduire, la courbe d’infection. Mardi a été le cinquième jour le plus meurtrier par le coronavirus, avec 2 470 décès, tandis que vendredi a vu le plus grand nombre de nouveaux cas.
Malgré cela, une grande partie du pays est déjà rouvert après un semi-confinement, ce qui assurera la propagation du virus. Beaucoup d’Américains parmi les plus pauvres n’ont pas d’autre choix que de retourner au travail, étant donné le programme d’aide, moins que généreux, du gouvernement. Le même nombre de personnes dans le sondage du Siena College – 32 % – déclarent également que quelqu’un dans leur foyer a été licencié en raison de la pandémie. Alors que des dizaines de millions de personnes voient leurs revenus s’effondrer, les banques alimentaires sont envahies de personnes de plus en plus désespérées. « Les besoins sont montés en flèche non seulement ici mais aussi dans tout le pays », a déclaré Eleanor Goldfield de D.C. Mutual Aid. Alors même que les banques alimentaires sont vidées, les agriculteurs jettent leur récolte et abattent le bétail en masse car il n’y a personne pour collecter et distribuer leur production.
Si personne ne semble pouvoir s’accorder sur des chiffres précis concernant l’impact humanitaire et économique de la COVID-19 aux États-Unis, il semble que toutes les parties concernées s’accordent à dire que la situation s’aggrave de jour jour, et qu’aucune fin n’est en vue.
Alan Macleod
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone
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