par Jean Goychman.
Pendant que les médias se focalisent sur le coronavirus et ses méfaits, la Terre continue de tourner.
C’est ainsi que l’on apprend, en toute discrétion, qu’un événement majeur est en train d’ébranler profondément tout le système financier international. Alors que beaucoup de ses prédécesseurs à la Maison Blanche ont échoué à redonner au peuple américain le contrôle de sa monnaie, quelquefois au péril de leur propre vie, Donald Trump semble être en passe d’y réussir.
Un conflit qui date de plus de deux siècles
Pour commencer, donnons la parole à Benjamin Franklin :
« Si l’Angleterre n’avait pas privé ses colonies du droit d émission de leur monnaie, créant ainsi du chômage et du mécontentement, leurs membres auraient été heureux d’ajouter une taxe sur le thé et d’autres produits. L’incapacité des colons du pouvoir d’émettre leur propre monnaie est la principale raison de l’éclatement de la guerre d’indépendance[1] »
Toute l’histoire des Etats Unis depuis leur indépendance a fait l’objet de cet attribut essentiel, qui est l’émission de la monnaie américaine. Ceux qui sont appelés « les pères fondateurs » ne s’y étaient pas trompés et avaient gravé dans le marbre de la constitution américaine de 1787 (Article 1, section 8) ce droit imprescriptible du peuple américain.
Hélas, ce droit ne fut réellement exercé que très épisodiquement. La dernière tentative date de JFK qui promulga l’executive order N° 11110 le 4 juin 1963. Le sort qu’il subit ressemble étrangement à celui que connut Abraham Lincoln…
Après une longue période plus ou moins indécise, les banquiers internationaux cités par Eustace Mullins dans le livre « Les secrets de la Réserve Fédérale » finirent par gagner la partie. Ils obtinrent, au travers du Federal Reserve Act, un vote du Congrès fin 1913 instituant une banque centrale américaine. Cet organisme privé avait le droit d’émettre la monnaie américaine en contrepartie des bons émis par le Trésor Américain, moyennant un intérêt preçu sur chaque dollar. Ces intérêts étaient naturellement payés par les contribuables américains au moyen d’un impôt fédéral.
Un fonctionnement plutôt opaque
Il convient de rappeler que, depuis la fin du XIXème siécle, l’opinion publique américaine était largement opposée à l’idée même d’une banque centrale.D’après Antony G Sutton[2], l’origine du mouvement lancé par « les puissances de l’argent » en faveur d’une banque centrale américaine vient de deux évènements :
- La panique financière de 1907, mise à profit par les banquiers et leurs alliés pour montrer l’urgente nécessité d’une banque centrale (bien que cette panique était elle-même accélérée par Wall Street, chose qui ne fut établie que longtemps après)
- L’ascension fulgurante du banquier germanique Paul Warburg, qui promouvait une copie conforme de la Reich Bank.
Le texte instituant la FED a été dirigé d’un bout à l’autre par les banquiers internationaux réunis sur l’ile Jekill au large de la Caroline en novembre 1910. Il a fallu attendre l’élection de Woodrow Wilson en 1912, après avoir fait éclater le parti de William Taft, pour que ce texte soit adopté -sans majorité- par le Congrès le 23 décembre 1913 très tard dans la nuit…
Le député Lindbergh (Père de l’aviateur) avait déclaré en séance :
« Cette loi établit le plus gigantesque trust que la Terre ait porté. En ratifiant cette loi, le Président légalisera le gouvernement invisible du Pouvoir Monétaire. Il est possible que le peuple ne s’en aperçoive pas immédiatement mais il suffira de quelques années pour qu’il en prenne conscience »[3]
Ce modèle de banque centrale indépendante allait se propager dans plus de 150 pays. Elles allaient constituer un gigantesque réseau qui allait préfigurer la future organisation financière mondiale.
Les accords de Bretton Woods en Juillet 1944 allaient consacrer le dollar comme monnaie de réserve internationale et donner à ce « Gouvernement invisible de la finance » cité par Ch Lindbergh un pouvoir incommensurable sur les peuples de la planète. La dernière étape fut en 1971 l’abandon de la parité-or du dollar. La FED pouvait alors imprimer et créer en partant de rien toute la monnaie qu’elle voulait.
Et alors ? Trump est arrivé…
Parti, comme aurait dit Léon Zitrone, « du Diable vauvert », Donald Trump remporta la course à la Maison Blanche avec plusieurs longueurs d’avance, déjouant ainsi tous les pronostics. Avant même son entrée en fonction, la campagne qualifiée de « populiste » qui l’avait opposé à Hillary Clinton l’avait positionné en adversaire résolu du « nouvel ordre mondial ». A l’origine de cette architecture mondialiste, se trouve ce qu’il est convenu d’appeler le « deep state » (littéralement Etat profond) dénoncé par le député Lindbergh.
Depuis le début de son mandat, Donald Trump s’oppose à cet Etat profond. Fort de son assise électorale dans le « peuple profond américain », il a repris à son compte la célèbre « doctrine de Monroe » . Cette doctrine est le support intellectuel de l’isolationnisme américain, qui s’oppose par essence à la vision mondialiste du deep state. Chacun de ses discours est emprunt de cette opposition, en particulier ceux qu’il a pu prononcer devant l’ONU. Le dernier en date est celui de septembre 2019, dans lequel il dit que « les mondialistes n’ont plus d’avenir »
De cette lutte sans merci, Trump a déjà gagné des batailles importantes. Le procès intenté contre lui sur ses relations avec la Russie de Poutine n’a pas prospéré. La procédure « d’empeachment » déclenchée par la Présidente de la Chambre des Représentants Nancy Pelosi n’a pas aboutie. Les mesures prises sur le plan économiques, notamment l’abandon de certains traités de libre-échange et la mise en place de barrières douanières ont portés leurs fruits. Entretemps, il a progressivement repris le contrôle de l’armée américaine, auparavant sous l’influence de l’Etat profond. Il l’a retiré, conformément à sa logique, d’un certain nombre d’endroits, notamment au moyen-orient.
Le seul bastion qui lui restait à prendre, probablement le plus difficile, était le contrôle de la monnaie américaine.
Une stratégie discrète mais efficace.
Depuis trois ans, Donald Trump se faisait de plus en plus pressant auprès de la FED. Jérome Powell a remplacé Janet Yellen à la tête de la FED mais a poursuivi sa politique de remontée progressive des taux, destinée à maîtriser une inflation naissante. Trump était partisan des taux les plus bas possibles qui incitaient le public à aller vers les marchés à terme. Le Dow Jones aurait alors augmenté, selon lui, de 10 000 points. Les relations avec la FED se sont donc tendues.
La crise du coronavirus et ses répercussions sur la finance mondiale ont conduit la FED à réagir dans l’urgence. Un article paru sur Bloomberg signé par Jim Bianco en date du 28 mars 2020 relate les actions engagées :
« Au cours des dernières semaines, la Fed a réduit ses taux de 150 points de base pour les ramener à un niveau proche de zéro, et a passé en revue l’ensemble de son manuel sur la crise de 2008. Mais cela n’a pas suffit à calmer les marchés. La banque centrale a donc également annoncé 1 000 milliards de dollars par jour en accords de rachat et en assouplissement quantitatif illimité, dont 625 milliards de dollars d’achat d’obligations par semaine, ce qui est difficile à comprendre. À ce rythme, la Fed détiendra les deux tiers du marché du Trésor dans un an. »
Plusieurs programmes de financement destinés à relancer certains secteurs de l’économie américaine ont été mis en œuvre. Le problème est venu de ce que la FED avait outrepassé ses droits en finançant des entreprises privées, ce que la loi ne lui permet pas. A-t-elle été poussée dans ce sens ? Difficile à dire.
Le résultat est que sa fusion avec le Trésor Américain devenait inévitable. C’est, de fait, une nationalisation de la Réserve Fédérale, à l’inverse de l’objectif pour lequel elle a été créée.
Pour être en conformité avec la loi, c’est donc au Trésor qu’il appartient de réaliser ces financements, en utilisant un fonds dit « de stabilité des changes » Cela signifie que c’est le Trésor, et non plus la FED comme par le passé, qui achète les actions et garantit les prêts. Cependant, il appartient à la FED, en tant que banque, d’assurer ces financements. Pour acheter ces titres sur les marchés, elle a utilisé les services du fonds Blackrock. Toutefois, elle n’a pu le faire qu’après avoir accepté d’être nationalisée par le biais d’une fusion avec le Trésor américain.
Quelles seront les conséquences ?
De fait, c’est le Président et le Congrès qui reprennent le contrôle de la FED, et donc de l’émission de la monnaie américaine, et surtout du taux d’intérêt auquel cette monnaie est émise.
A court terme, Donald Trump va pouvoir disposer d’un instrument essentiel pour sa réelection, car il va pouvoir imprimer de l’argent sans limite pour faire monter les indices boursiers.
A moyen et long terme, le fait de redonner au peuple américain le contrôle de sa monnaie peut remettre en question l’existence même d’une monnaie émise sur une dette publique par une banque privée percevant des intérêts payés par les contribuables.
Le retour vers l’étalon-or est peut-être en train de se profiler ?
Il faut noter, et ce n’est peut-être pas qu’une simple coïncidence, que la Banque d’Angleterre a pris le même chemin…
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[1] La guerre des monnaies p57 HongBing Song éditions Le retour aux sources
[2] Le complot de la réserve fédérale Antony Sutton éditions nouvelle terre page 87
[3] Le complot de la réserve fédérale opus citendi p 135
Source: Lire l'article complet de Réseau International