A l’heure de la propagation du coronavirus– sujet phare de l’actualité mondiale, et des différentes approches des pays à lutter contre la pandémie, il y a une nation qui sort incontestablement du lot.
En effet, lorsqu’on fait référence à Cuba, ce n’est pas seulement sa beauté touristique, culturelle et humaine qui soit mis en avant, mais c’est aussi son savoir-faire scientifique et médical. Le tout alors que l’île de la Liberté continue de subir, depuis plus d’un demi-siècle, l’embargo étasunien. Ce qui n’empêche aucunement le pays d’être une puissance reconnue au niveau mondial pour ses capacités dans le secteur de la santé et de la recherche scientifique.
Depuis le début de la pandémie du Covid-19 et jusqu’à maintenant, La Havane participe à la lutte contre ce fléau dans 21 pays, avec la présence sur le terrain de ses spécialises médicaux. Y compris dans les Etats les plus touchés en termes de nombre de contaminations, que ce soit l’Italie ou la France (pour cette dernière plus exactement au sein de ses départements d’outre-mer). Les médecins cubains remplissent également leur mission dans nombre de pays d’Amérique latine, notamment au Venezuela, sans oublier l’Afrique – continent avec lequel le pays partage depuis longtemps une relation privilégiée.
Mais si les citoyens concernés expriment sincèrement leur gratitude envers Cuba, côté washingtonien cela ne fait que provoquer colère. Ainsi, les représentants de l’establishment étasunien accusent La Havane d’utiliser ses médecins comme des esclaves et de réaliser par ces actions d’aides des campagnes de « propagande » pro-cubaines. Parmi les personnages faisant de telles affirmations, on retrouve le secrétaire d’Etat US Mike Pompeo – ayant entre temps accusé nombre d’entre pays, dont la Chine et la Russie, certainement pour faire voiler la terrible gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus sur le territoire étasunien (aux dernières statistiques: plus de 867 000 cas de contaminations et plus de 48 000 décès, étant à ce titre le pays le plus touché aujourd’hui au niveau mondial).
Mais cela fait bien longtemps que Cuba ne réagit plus vraiment avec grand intérêt à ces accusations, et continue d’agir et de largement contribuer à la lutte cruciale du moment. Ceci étant dit, il serait peut-être intéressant de se pencher vraiment sur le fait si les médecins cubains seraient des «esclaves» et si les opérations d’aide internationale seraient des opérations de «propagande». Sur le premier point, il serait important de mentionner que nombre de médecins cubains se trouvant à l’étranger sont jeunes et pour nombreux célibataires. Donc logiquement parlant, s’ils se trouvaient réellement dans un état d’esclavage ou d’exploitation, rien ou peu pourrait les stopper à demander massivement l’asile dans les pays où ils se trouvent. Sauf que cela ne se produit pas et les spécialistes médicaux cubains préfèrent dans leur grande majorité à rentrer chez eux à la fin de leurs missions à l’étranger.
Quant aux actions de «propagande» – il y a bien longtemps que ni les autorités, ni le peuple de Cuba ne se font d’illusions quant au fait de voir les sanctions injustement imposées contre leur pays se terminer. Le comportement des élites étasuniennes et plus généralement occidentales ne changera pas, du moins sur le court-moyen terme. Donc si certains pensent sérieusement que Cuba envoie de l’aide, y compris dans les pays occidentaux, pour espérer la fin ou au moins un allègement de l’embargo subi, c’est mal, très mal, connaitre le peuple cubain.
Pour finir, quelques chiffres de grand intérêt. Cuba fait partie des pays possédant l’une des meilleures espérances de vie au monde: une moyenne de 78,66 ans, devant les USA. Par ailleurs et selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pays peut se vanter d’avoir le meilleur taux mondial pour la densité médicale, ou en d’autres termes le nombre de médecins pour 1000 habitants: 8,19 en l’occurrence. A titre de comparaison: 5,4 pour la Suède (4ème mondial), 4,24 pour la Suisse, 4,21 pour l’Allemagne, 3,23 pour la France, 2,81 pour le Royaume-Uni, 2,59 pour les Etats-Unis… Le tout pour un pays ayant été considéré, un temps, comme «le bordel de l’Amérique» – lors de la dictature pro-US de Batista, l’époque où le pays était incontestablement l’un des moins développés au monde.
Cela sans oublier que Cuba post-Batista a également formé de nombreux médecins et chercheurs étrangers, et continue de partager son savoir-faire, surtout avec les pays se trouvant dans le plus grand besoin. Le coronavirus a eu le mérite de nous rappeler à tous notre vulnérabilité face à de nouvelles épidémies et aussi à quel point chaque vie compte, surtout lorsque les morts sont aux quatre coins du monde. Et donc de l’importance d’un système médical de haut niveau. Et dans ce cadre-là, qui est aujourd’hui une puissance incontestable? La réponse ne devrait pas être difficile à trouver. Quant à la solidarité, la vraie, sans distinction, ni calculs politiques, La Havane là aussi pourrait donner bien de leçons à nombre de pays.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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