Le protocole Raoult a-t-il été saboté lors des essais cliniques Discovery et Hycovid ?

Le protocole Raoult a-t-il été saboté lors des essais cliniques Discovery et Hycovid ?

Comment nous avons perdu deux mois sur le fait de savoir si le traitement contre le Covid-19 proposé par le professeur Didier Raoult et son équipe fonctionne ou non ? Pourquoi, il pourrait bien y avoir une commission d’enquête parlementaire sur cette affaire comme l’affirme Didier Raoult ?

Cet article est le fruit de nombreuses recherches documentaires mais également d’entretiens. Nous avons aujourd’hui acquis l’intime conviction, qu’il y a dans l’essai clinique Discovery et les autres, une véritable polémique pour ne pas dire un scandale des institutions sanitaires ! Seul un suivi précis de ce drame en 10 actes permet de le comprendre.

Acte 1 – Première volonté présidentielle.

Le 5 mars, Didier Raoult – qui n’a encore rien publié – rencontre le président de la République à l’Élysée et lui parle de ses travaux. Le contact semble bien passer. Il semble que ce soit avant le 17 mars, que le président de la République qui s’intéresse à la chose, demande à son ministre de la Santé Olivier Véran de lancer les autorisations pour des essais cliniques, afin d’étudier la chloroquine sur laquelle travaille Didier Raoult.

Le professeur Didier Raoult prépublie une étude le 17 mars, qui sera complétée par une deuxième le 27 mars. Les résultats prépubliés le 17 mars encouragent l’utilisation de l’hydroxychloroquine combinée à l’azithromycine contre le Covid-19. On constate une disparition du virus après 6 jours de traitement dans plus de 50 % des cas avec l’hydroxychloroquine seule et une disparition dans la très grande majorité – mais sur un échantillon très restreint – si celle-ci est associée à l’azithromycine. Toutefois, de nombreuses critiques sont faites sur l’approche méthodologique de l’étude de Didier Raoult, et de nombreuses voix s’élèvent pour dire que cette étude ne veut rien dire. Des querelles d’ordre méthodologiques apparaissent. C’est dans ce contexte, qu’il devient évident que le protocole du professeur Raoult doit être étudié avec une méthodologie à l’abri de toute critique et doit donc être inclus dans l’essai clinique Discovery.

Acte 2 – Inclusion de l’hydroxychloroquine dans Discovery

Les chercheurs travaillant sur l’essai clinique Discovery acceptent – semble-t-il à contrecœur – d’inclure un quatrième bras dans leur essai, sur l’hydroxychloroquine. Ainsi l’hydroxychloroquine seule est ajoutée le 22 mars 2020 comme potentiel antiviral à l’essai clinique Discovery ; cet essai est présenté dans une conférence de presse des professeurs Bruno Lina et Florence Ader le 23 mars. Lors de cette conférence de presse, le professeur Bruno Lina explique que :

« Le 4e bras est le bras hydroxychloroquine, c’est un bras qui a été rajouté un petit peu à la fois à la demande de l’OMS et de l’État français, pour qu’on puisse avoir des résultats fiables sur cette molécule aussi, de façon à ce que l’on sache si cela a un intérêt ou si ça n’en a pas. »

La professeure Florence Ader complète en répondant à la question « N’y-t-il pas un emballement autour de cette molécule ? Doit-on être prudent ou au contraire espérer que cette molécule soit la solution miracle ? » par

« Elle sera évaluée comme les autres et comparée comme les autres. C’est-à-dire que pour nous, on est sur essai pragmatique qui a pour vocation à répondre à des questions avec des arguments scientifiques solides. Par conséquent, comme toutes les autres molécules qui sont à l’essai dans cette étude, les résultats et les analyses seront extrêmement intéressants. On verra ce qu’il en est. »

Elle ne fait aucune mention, dans cette conférence de presse, de l’azithromycine.

La chronologie des événements semble avoir toute son importance. En effet, c’est probablement avant le 17 mars que le président Emmanuel Macron demande que l’on étudie la chloroquine. Et c’est seulement le 17 mars que l’on comprend que la chloroquine seule a un effet limité, et que seule son association avec l’azithromycine donne des résultats significatifs. Discovery se sent donc légitimée de n’étudier que la chloroquine seule, puisque c’est la demande du Président faite avant le 17 mars. Mais Discovery ne tient pas compte de la publication le lendemain de Didier Raoult qui précise qu’il faut absolument y adjoindre l’azithromycine, car les résultats sont bien meilleurs.

Acte 3 – Discovery laisse entendre qu’il répondra rapidement à la polémique Raoult

Les chercheurs travaillant sur Discovery laissent croire que les résultats permettront de savoir si le protocole de Raoult fonctionne ou non. Sans le dire directement, l’essai clinique Discovery insinue notamment cela, lors de la conférence de presse du lancement de l’essai que l’on peut voir en vidéo.

Par la suite, cette insinuation devient une affirmation y compris de ceux qui participent à cet essai. En conséquence, cette affirmation est reprise par un très grand nombre de médias : journaux et télévisions. C’est pourquoi, nous avons pu entendre en boucle que l’essai clinique Discovery allait nous apporter un résultat certain, et cela rapidement, sur la validité ou non du protocole du professeur Raoult. Alors que des voix de nombreuses personnalités et médecins s’élèvent pour demander que l’hydroxychloroquine soit utilisée pour lutter contre le coronavirus, le ministre de la Santé Olivier Véran rappelle que les espoirs suscités par des traitements avaient parfois été déçus. Il déclare le 22 mars 2020 sur LCI :

« Ce traitement s’il devait être efficace, nous le proposerions aux Français sans aucun délai », et ajoute « que plusieurs patients traités dans des hôpitaux français étaient en train de l’expérimenter. » Enfin, il ajoute « D’ici à 15 jours, nous devrions avoir des données consolidées », ce qui, si l’on fait le calcul, nous mène au 5 avril.

Acte 4 – Incapacité de Discovery de répondre à la question

Mais en fait, l’essai clinique Discovery ne reprend pas du tout le protocole de Raoult. Il ne peut donc pas répondre à la question de l’efficacité ou non de son traitement qui recommande deux choses : la combinaison de l’hydroxychloroquine et l’azithromycine, et cela dès l’apparition des premiers symptômes.

Didier Raoult et son équipe affirment que :

L’hydroxychloroquine seule a une efficacité relative. Seule la combinaison des deux médicaments est vraiment efficace, la valeur de ce traitement tient au fait qu’il soit prescrit le plus tôt possible, avant que n’apparaisse une pneumopathie ; son efficacité lors d’un état grave étant limitée.

Didier Raoult précise dans l’un des « bulletins d’informations » vidéo qu’il diffuse régulièrement, depuis le début de la crise sanitaire, que :

« son protocole thérapeutique s’adresse essentiellement aux patients qui présentent des formes modérées, moyennes, ou qui commencent à s’aggraver… Sur le plan thérapeutique, ce que l’on est en train de voir, c’est que les malades, au moment où ils ont une insuffisance respiratoire et qu’ils rentrent en réanimation, n’ont presque plus de virus. C’est alors trop tard pour traiter les gens avec des antiviraux ».

Or l’essai clinique Discovery ne suit pas ce protocole sur ces deux choses. L’essai clinique utilise uniquement l’hydroxychloroquine et non la combinaison des deux médicaments avec l’azithromycine, et ce sur des cas dans des situations de pathologies uniquement lorsqu’une pneumopathie est apparue et non dès l’apparition des premiers symptômes.

C’est donc une erreur d’affirmer que l’essai clinique Discovery permettra de dire si le traitement du docteur Raoult fonctionne ou non. Pire, la façon dont cet essai clinique est conçu ne peut que fatalement aboutir à la démonstration que l’hydroxychloroquine ne fonctionne pas. Ce que dénonce d’ailleurs à la télévision très rapidement l’ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy. Le 26 mars, le professeur Didier Raoult affirme dans une interview accordée au journal en ligne Marcelle, à propos de l’essai clinique Discovery concernant son protocole :

« Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement. Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminé. Et ce sera pire si le gouvernement décide de refuser l’accès au médicament. »

Il est légitime alors de se demander si les choix faits par Discovery sont intentionnels et s’ils avaient la volonté délibérée de démontrer que le traitement du professeur Raoult ne fonctionnait pas. Ou bien, si c’est l’inertie et la rapidité de l’enchaînement des événements qui n’a pas permis de reproduire le protocole du professeur Raoult. En effet, il n’y a que 6 jours entre la prépublication de la première étude de l’équipe de Didier Raoult qui a lieu le 17 mars et l’inclusion de l’hydroxychloroquine dans Discovery qui se fait le 22 mars.

Le 26 mars, dans une interview du journal Le Monde le docteur Gilles Pialoux, infectiologue et chef du service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon, répond à la question qui lui est posée « Dans l’essai Discovery, pourquoi l’hydroxychloroquine n’est-elle pas associée à l’azithromycine, alors que c’est cette combinaison qui a l’air de produire les meilleurs résultats, selon le Dr Raoult ? » en affirmant que « L’hydroxychloroquine sera comparée comme les autres molécules. Ni plus ni moins ». Une telle réponse ne permet-elle déjà pas de se faire sa petite idée sur l’intentionnalité ou non de faire un essai qui aboutirait à l’invalidation de l’étude du professeur Raoult ?

Acte 5 – Lancement de l’essai clinique Hycovid toujours sans azithromycine

Le 31 mars, est lancé l’essai en double aveugle « Hycovid » du CHU d’Angers afin de mesurer l’efficacité de l’hydroxychloroquine seule sur 1 300 malades atteints de formes moins sévères que ceux enrôlés dans Discovery. L’absence d’azithromycine est justifiée par le fait que l’association de ces deux molécules présentent un risque élevé de toxicité cardiaque. Par ailleurs, Hycovid précise « Ils auront 75 ans et plus, population où le risque de dégradation est suffisamment élevé pour mesurer l’efficacité de l’étude ».

Y a-t-il une nouvelle volonté délibérée de vouloir prouver que le protocole de Didier Raoult ne fonctionne pas ? Nous ne le savons pas. À ce moment-là, le président de la République ne semble pas être au courant, ou ne pas avoir compris le fait que les essais Discovery et Hycovid ne pourront pas répondre à la question de la validité du protocole Raoult. Il y a un doute sur le fait de savoir si le ministre de la Santé, Olivier Véran et Jérôme Salomon le directeur général de la Santé, étaient au courant ou non de la situation ?

[…]

Alors « polémique » ou « scandale » ?

Sans doute, l’avenir nous le dira. Mais une chose est certaine : si jamais le traitement proposé par Didier Raoult se révélait être efficace, alors les institutions sanitaires auront le devoir d’expliquer pourquoi tant de temps a été perdu. Et si jamais, il est démontré que les raisons de ces retards sont le fruit « des querelles d’ego » pour reprendre les termes du professeur Perronne, alors oui, nous pourrons parler d’un « scandale des autorités sanitaires ». Ce serait pire s’il était démontré que de possibles connivences avec des laboratoires pharmaceutiques aient pu influer sur certains choix protocolaires, comme l’affirment déjà certains. L’ouverture d’une enquête parlementaire deviendrait alors inévitable. Comme le laissait entendre Didier Raoult lui-même, à propos de l’essai clinique Discovery :

« Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante. »

Voici alors les questions auxquelles cette commission d’enquête devrait répondre :

1. Pourquoi les essais clinique Discovery et Hycovid n’ont-t-il pas pris en compte immédiatement le protocole du Docteur Raoult ?

2. Quelles personnes ont pris ces décisions et comment les justifient-t-elles ?

Lire l’article entier sur francesoir.fr

Illustration : le Pr Gilbert Deray, anti-Raoult primaire, sur LCI le 24 mars 2020

Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation

À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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