par Mikhail Gamandiy-Egorov.
L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) représente de plus en plus un modèle d’interaction prometteur pour les pays du continent africain. Composée de poids lourds internationaux comme la Chine, la Russie ou encore l’Inde, la grande alliance eurasienne peut incontestablement représenter un partenaire d’importance majeure, en premier lieu pour les nations africaines assumant pleinement leur souveraineté.
Conçue au départ pour faire face aux défis sécuritaires régionaux par le leadership chinois, russe et des pays ex-soviétiques d’Asie centrale, le cadre d’action de l’OCS dépasse aujourd’hui largement celui de 2001 – l’année de création, et touche désormais aussi bien aux questions de défense, de la lutte antiterroriste, économiques, politiques et diplomatiques.
Depuis, le nombre des membres composant l’organisation s’est également élargi, avec l’intégration en 2017 de grandes puissances comme l’Inde et le Pakistan – ajoutant par la même occasion un poids démographique, économique et militaire supplémentaire à l’alliance. En effet et à l’heure d’aujourd’hui, l’OCS compte quatre puissances nucléaires et deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ayant le droit de véto. Cela sans oublier le fait qu’un pays comme l’Iran – aujourd’hui membre-observateur, devrait dans un avenir assez proche devenir lui aussi membre à part entière de l’organisation. L’OCS c’est tout simplement aussi près de la moitié de la population mondiale.
En parlant de l’interaction à construire avec l’Afrique, que peut réellement offrir l’OCS aux États du continent africain ? La réponse serait multiple. Tout d’abord, il serait juste de rappeler que des pays comme la Chine, l’Inde ou la Russie sont des partenaires traditionnels forts des pays africains et comptent un large réseau d’amis au sein de l’establishment de nombre de pays du continent. Des alliés occupant par ailleurs de hauts postes politiques, économiques, diplomatiques ou universitaires dans diverses capitales africaines. Dans le cas chinois, il s’agit ni plus ni moins que du principal partenaire économico-commercial de l’Afrique. L’Inde est également fortement implantée, quant à la Russie son retour est aujourd’hui indéniable, et ce dans plusieurs domaines.
Cela sans oublier le fait que Pékin et Moscou sont également des membres-fondateurs d’une autre alliance – en l’occurrence les BRICS, qui compte par ailleurs en son sein une puissance africaine en la qualité de la République d’Afrique du Sud. En passant, Pretoria soutient de très nombreuses initiatives diplomatiques sino-russes, y compris actuellement au niveau du Conseil de sécurité onusien en qualité de membre non-permanent. Justement en parlant de cet aspect, il est évident que si une coopération majeure devait voir le jour entre l’Organisation de coopération de Shanghai et les États africains, il est pratiquement certain que cela concernera en premier lieu les pays du continent possédant une marge de manœuvres importante dans leur capacité à prendre des décisions ou en d’autres termes ayant une pleine souveraineté.
Évidemment, un certain nombre de pays du continent ne peuvent encore se vanter d’une telle capacité, mais il n’empêche qu’une part importante d’États africains assument aujourd’hui pleinement leur droit à une politique indépendante et souveraine, en s’opposant aux tentatives principalement occidentales d’interférence, d’autres encore prévoient d’y arriver. Donc au-delà d’une interaction économique de premier plan entre deux grands espaces géographiques et démographiques, il y a nombre d’autres domaines où l’expertise de l’OCS peut être très utile aux États africains. Parmi ces domaines on retrouve incontestablement la coopération militaro-technique, mais également le soutien dans la lutte antiterroriste, à l’heure où de nombreux pays du continent font face à la montée de l’extrémisme et du terrorisme, notamment dans la région du Sahel.
À l’heure où les partenaires « traditionnels » de certains pays africains n’ont pas été en mesure d’apporter des solutions efficaces – tout en souhaitant pour autant à maintenir leur capacité d’interférence dans les affaires internes de ces pays et ce pratiquement à tous les niveaux – de la politique à la défense, en allant jusqu’à la monnaie, il est évident que l’Afrique dans sa large majorité souhaite passer à autre chose. Et ce aussi bien au niveau de l’élite intellectuelle africaine https://www.youtube.com/watch?v=Kp7lf78ILpQ qui ne cache pas son soutien à la donne multipolaire du monde, qu’au niveau de la société civile dans laquelle la voix de la jeunesse continue de monter.
source : http://www.observateurcontinental.fr
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