par Jean Goychman.
« Adieu, vieille Europe, que le diable t’emporte »l Ainsi chantaient les légionnaires durant la guerre d’Algérie. Soixante ans après, cette prophétie est-elle en train de se réaliser ?
Née après la guerre, il faut bien le dire, d’une volonté plus américaine qu’européenne, ce qu’il est convenu d’appeler l’Union Européenne connait-elle ses derniers moments ?
Le révélateur du coronavirus
Loin d’aplanir les difficultés que traverse depuis 15 ans l’Union Européenne, la crise du Coronavirus pourrait se révéler fatale. En panne depuis le référendum raté de 2005, transformé piteusement en Traité de Lisbonne, adopté presqu’en catimini sous les lambris dorés du Congrès réuni à Versailles, faute de vouloir renoncer à la voie du fédéralisme de plus en plus improbable, et n’ayant jamais voulu une autre architecture basée sur le respect des peuples, de leur histoire et de leur souveraineté, sa construction s’est arrêtée « sur le bord de la rive où on l’avait laissée… » comme aurait dit de Gaulle.
Naturellement, de temps à autre, au hasard des évènements et des crises, d’aucuns, refusant de voir détruit ce qui, pour eux, représentait l’œuvre d’une vie, glissaient dans leur propos que l’intégration était le remède universel. La crise du coronavirus fut saisie comme une opportunité de « remettre le couvert » sur le couplet du fédéralisme en tentant de faire croire que, grâce à la solidarité des pays européens, nous minimiserions les effets de cette pandémie et de ses conséquences économiques. On ne peut pas dire que, malgré le zèle déployé par les ministres et les Chefs d’État, réunis durant des nuits entières, le résultat soit à la hauteur des enjeux.
On a même abouti à l’inverse du but recherché
Qu’on en juge : dès le début, les accords du Traité de Schengen ont volé en éclats. Malgré les moqueries et les sarcasmes d’un Emmanuel Macron affirmant que « les virus ne connaissent pas les frontières », voulant dire par là qu’il était inutile de les rétablir, la plupart des États membres de l’Union Européenne les fermèrent immédiatement. Ensuite, nous découvrîmes effarés que notre pays manquait de tout. Pas assez de lits d’hôpitaux pour les patients en réanimation, hélas de plus en plus nombreux. Pas de masques de protection alors que nous étions, censés en posséder plus d’un milliard, pas assez de médicaments ni de tests de dépistage non plus, bref, quasiment « la misère selon Charles Dickens ».
À cette occasion, nous avons pris la mesure de notre dépendance et comment la désindustrialisation menée « à marche forcée » depuis le début des années 80 nous avait mené à cette situation. Et nous avons également découverts que nous n’étions pas le seul pays de l’Union Européenne à connaître ce dénuement. D’autres, sans doute plus prévoyants, avaient conservés leur autonomie. C’est notamment le cas de l’Allemagne et d’autres pays du Nord de l’Europe. Un bel exemple de la soi-disante « « solidarité européenne » fut donné avec les masques de protection dont aucun pays ne tenait à se dessaisir. Ce qui devait être la preuve flagrante de l’existence de cette solidarité entre peuples tourna au fiasco le plus total. Pour ne pas être totalement démentis par les faits, nos dirigeants réussirent quand même à obtenir de nos voisins allemands qu’ils sauvent les apparences en acceptant quelques patients en réanimation transférés depuis Mulhouse.
L’Italie qui appelait à l’aide, s’est vue secourue par la Chine, le Venezuela et le Brésil. Question européens, peut mieux faire… Sans compter que la Tchéquie (mais ce sont sûrement des ragots) aurait capté lors du passage sur son territoire une cargaison de masques destinée à nos voisins italiens et en provenance de Chine.
Après les moyens médicaux, la finance
Compte-tenu du paragraphe précédent, le gouvernement français était acculé à la solution du « confinement ». Moyen jugé « médiéval » par d’aucuns, rendu indispensable faute de mieux. D’autres pays ont préféré généraliser le port du masque de protection et faire le plus de tests de dépistage possibles, mais, apparemment, nous n’avions ni les uns, ni les autres. La conséquence fut la mise en sommeil économique du pays.
Et cela a un coût, qui est prohibitif. Car on peut arguer des différences de compétitivité liées aux excès de charges sociales, au temps de travail hebdomadaire insuffisant, ou toute autre cause, mais en l’espèce, nous sommes en train d’anéantir notre position économique. Nous ne produisons plus dans nombre de domaines d’activités, mais il faut également faire vivre notre population privée du revenu de son travail.
Le second processus de déconstruction de l’Union Européenne s’engage donc, en ne respectant plus les traités européens. Jean Claude Juncker, grand démocrate devant l’Éternel, disait lui-même que les Traités Européens primaient devant la Démocratie.
Tout d’abord, ce furent les critères de convergence du Traité de Maastricht qui partirent en fumée. Souvenez-vous : 3% maximum du PIB en déséquilibre budgétaire et une dette publique, toujours exprimée en pourcentage du PIB, qui ne dépasse pas 60%. Ensuite, le fameux traité TCSG, quelquefois appelé « Traité de la Règle d’Or » de 2013 qui ramenait en année courante le déficit budgétaire maximum à 0.5% du PIB.
Le « Quoi qu’il en coûte » prononcé par Emmanuel Macron dans son discours du jeudi 12 mars vide ces traités de leur sens en les rendant inapplicables. Cela rappelle de Gaulle, répondant à Alain Peyrrefitte qui lui rappelait l’existence des traités européens, lui assénant ces propos définitifs :
« Vos traités, c’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit : « Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp ! » Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça »
La conclusion s’impose
Nous savons aujourd’hui que la dette de la France va s’accroître démesurément et que son PIB va chuter en raison quasi-inverse. Nous ne respectons plus les règles inscrites dans les traités. La solidarité entre les États n’existe pas, pas plus que la soi-disant amitié entre les peuples. N’ayant ni l’acceptation de ces derniers, ni traité capable de définir son fonctionnement librement consenti et respecté, la conclusion s’impose d’elle-même : les chances de survie de la zone euro sont pratiquement nulles. Comme on ne peut quitter la zone euro sans quitter l’Union Européenne, cette dernière que peut que se disloquer.
Bien sûr, on peut toujours transformer une déroute en victoire, mais les faits sont là, et ils sont têtus.
Seul un accord entre les peuples pourrait encore sauver cette situation désespérée, mais il ne se trouvera pas sur la base d’un fédéralisme imposé par une élite euro-mondialiste au détriment de peuples souverains désirant avant tout une protection contre les excès de cette élite.
Source: Lire l'article complet de Réseau International