Aujourd’hui, mercredi 15 avril 2020, sinon l’an 0 du confinement, au choix, on va parler écologie, futur, Système et utopie. Car c’est dans l’air du temps, n’est-ce pas ?
La fin de notre civilisation, c’est pour dans une quinzaine d’années selon l’ancien ministre de l’Environnement Yves Cochet.
Brut l’a rencontré dans sa maison à la campagne où il a tout prévu pour survivre si l’eau et l’électricité venaient à manquer. Visite guidée… pic.twitter.com/I1NsMN3siP
— Brut FR (@brutofficiel) July 9, 2019
Si vous ne l’avez pas reconnu, c’est Yves Cochet, ancien patron des Verts français, aujourd’hui à la retraite dans sa maison de survivaliste. Il a tout prévu, le petit malin : le bois, l’eau, le potager, même si y a plus d’EDF. On est d’accord, le mec est prévoyant. Mais que fera-t-il, cet écolo pacifiste, car tous les écolos le sont, sauf peut-être les eco-warriors, si une escouade de racailles armés jusqu’aux dents débarque dans son coin, après avoir fait des repérages par drone ou Google maps, et prend possession de sa propriété qui a tout prévu sauf ça ? Eh bien le Cochet, il va laisser la place aux méchants, qui n’auront rien prévu parce qu’ils s’en foutent mais qui profiteront de sa lucidité, ou pré-lucidité.
Ça veut dire quoi, ce topo anti-survivaliste ? Pas du tout, on n’est pas contre les gens qui s’éloignent du Système, mais pour que ça marche, il faut pouvoir résister à d’autres genres d’attaques qu’une grippe wuhanaise ou qu’une panne d’électricité. Autrement dit, il faut être armé, ou savoir se défendre. Et là on retombe dans l’ancienne découpe sociale assez simple entre les cultivateurs sédentaires et les guerriers nomades, les gens de guerre ayant pris la main sur les gens de nourriture, les viandards sur les herbivores, tout simplement parce qu’ils les protégeaient contre… les autres gens de guerre. Alors oui, une humanité avec que des gentils, ça serait bien, mais ça n’existe pas : il y a toujours quelque part quelqu’un prêt à prendre le pouvoir sur les gentils, les faibles ou les ignorants.
Et puis, on le sait tous, aussi romantique la solution Cochet soit-elle, elle ne fonctionnera pas pour tout le monde, il y aura donc des gens qui restent à la porte du night-club des Survivants. Certains disent que le virus a été fabriqué pour réduire le nombre d’humains, c’est peut-être moins horrible : le Système, qui était décrié au possible, a tout bêtement inventé une menace planétaire pour s’en sortir. Et ça marche : les pouvoirs reprennent la main au bénéfice de cette grippe qui ne fait pour l’instant pas plus de morts qu’une grippe saisonnière, même si elle fonctionne de manière plus rapide et féroce.
- La grippe de l’hiver 2016-2017 a fait 14 000 morts, mais pas les gros titres
Personne de sensé ne peut croire qu’une pandémie mondiale surgisse au moment même du pic d’impopularité du pouvoir libéral dans les pays qui le subissent, avec une majorité de pauvres qui n’en profitent pas, un Système qui produit de la pauvreté à grande échelle, même s’il raconte le contraire dans ses médias corrompus. Ce qui est vrai, c’est que le libéralisme peut sortir un pays du sous-développement, s’il est maîtrisé, plus vite que le socialisme, mais ce n’est concrètement jamais le cas aujourd’hui : les pouvoirs qui l’utilisent sont corrompus jusqu’à l’os de la moelle et les peuples en profitent rarement. Le PIB augmente, les riches s’enrichissent à une vitesse record, mais la richesse s’accumule dans les poches d’une minorité. Et puis, le libéralisme est impitoyable avec les faibles, les lents, les sensibles. Il est euthanasiste dans l’âme, il fait tout pour qu’on abandonne les faibles sur le bord du chemin, le long des rails du Progrès…
Le socialisme a évidemment ses travers, on les connaît à travers l’histoire de l’URSS, mais il peut aussi sortir un pays du sous-développement, au prix d’une bureaucratie qui étouffe les libertés, les libertés publiques. Les anti-socialistes ont raison, mais que dire de nos libertés publiques aujourd’hui ? Pschitt, réduites à néant en un coup de cuillère à pot, par un président qui concentre beaucoup de pouvoirs.
Aujourd’hui, Macron veut nous vendre un gouvernement de salut public, ce que Chevènement demandait dans Le Figaro il y a trois jours. Le problème, c’est que le Che, avec ses 81 ans (il est né en 39, juste avant la guerre), la moyenne d’âge ou à peu près des personnes à risque pour la grippe wuhanaise-P4, nous la joue psychose :
« La seule stratégie que j’aperçois, c’est la multiplication des tests, le traçage, le confinement des malades et des personnes à risque en attendant d’ici un an ou deux la production d’un vaccin. »
Un an ou deux ? Heureusement, il garde la tête froide sur le néolibéralisme :
« Nous devons repenser l’avenir en dehors des règles posées au plan théorique par Friedrich Hayek et Milton Friedman, et sur le plan politique par Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Souvenons-nous que le marché unique a été créé en Europe quand le néolibéralisme était à son zénith. Il faut aussi savoir prendre congés en Europe de Jacques Delors et Pascal Lamy. La concurrence pure et parfaite a eu son heure de gloire, mais elle a aujourd’hui fait son temps. »
Le Che avait tout pigé, comme Seguin, en 1992, lors de l’encule de Maastricht. Mais il n’a pas été au bout de ses idées… Il faut être radical, si l’on a des convictions. Et peut-être prêt à faire la guerre.
Venons-en à sa proposition politique qui transcende les clivages :
« Il nous faut un gouvernement de salut public. Toutes les forces vives doivent se sentir associées. L’heure n’est pas aux procès, ni aux polémiques politiciennes. Il y a deux scénarios possibles : 1914 ou 1939-1940. Pour ma part, je choisis l’union sacrée. C’est au président de la République qu’incombe le devoir de mettre le pays à la hauteur des défis. »
C’est exactement ce que Macron prépare en coulisses, mais avec des tocards comme Valls ou Kosciusko-Morizet, d’après les fuites (organisées). Un vrai gouvernement de salut privé. Et vous savez quoi ? C’est pas la fin du néolibéralisme, puisque la pandémie sert justement à sauver la Banque et ses proxies politiques corrompus.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation