Malgré la fermeture ces dernières semaines de plus de 100 télescopes majeurs, les efforts se maintiennent dans la détection d’astéroïdes significatifs. La tâche des télescopes qui sont toujours en service est plus difficile que jamais, et on ignore combien de temps ils pourront continuer à effecteur leurs observations.
Alors que la crise du Covid-19 se propage à travers le globe, le regard de l’humanité se porte essentiellement sur la pandémie en cours. Pendant ce temps, plus de 100 des plus grands télescopes terrestres ont été contraints de fermer leurs portes, comme indiqué cette semaine par le magazine Astronomy.
De nombreux fans de l’espace ont répondu pince-sans-rire à ces fermetures en déclarant que cette situation offrait la meilleure occasion d’être heurté par un astéroïde, sans que l’on en soit prévenus au préalable.
Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter de l’arrivée d’un astéroïde — du moins, pas plus que d’habitude. Malgré les fermetures, les meilleurs instruments terrestres de détection d’astéroïdes sont toujours à l’affût de roches spatiales potentiellement mortelles.
La NASA finance la plupart des grands efforts de détection d’astéroïdes. L’agence spatiale a reçu du Congrès le mandat de trouver environ 90 % des objets géocroiseurs (NEO) de plus de 140 mètres de diamètre. Comme leur nom l’indique, les NEO sont des comètes et des astéroïdes qui s’approchent d’un peu trop près pour être rassurants.
Les instruments les plus performants dans ce domaine sont les deux télescopes Panoramic Survey Telescope et Rapid Response System (Pan-STARRS) à Hawaï, ainsi que les trois télescopes Catalina Sky Survey (CSS) en Arizona. Et deux d’entre eux sont toujours en activité. NEOWISE, un télescope spatial de la NASA reconverti pour la détection d’objets proches de la Terre, est également toujours en service.
Ken Chambers, directeur des observatoires Pan-STARRS à Hawaï, déclare :
« Nous constituons un service essentiel — financé par la NASA — contribuant à protéger la Terre de l’impact d’un astéroïde. […] Nous continuerons cette mission aussi longtemps que nous pourrons le faire sans mettre en danger les personnes ou le matériel ».
Des dizaines d’astéroïdes en une nuit
Pan-STARRS1 et Pan-STARRS2 sont des télescopes modestes (1,8 mètre), presque identiques, perchés au sommet de Haleakala sur l’île de Maui. Ces merveilles modernes utilisent des vues grand angle et les plus grands appareils photo numériques terrestres (1 400 mégapixels) pour cartographier le ciel nuit après nuit. Chaque image est comparée à un catalogue existant, révélant les faibles mouvements de lumière d’astéroïdes jusqu’alors non détectés.
Le Catalina Sky Survey fonctionne de la même manière. Il dispose de deux télescopes de détection sur le mont Lemmon, dans le sud de l’Arizona, plus un autre qui sert à suivre les nouvelles découvertes. Chaque nuit, le CSS a de bonnes chances de détecter un nouvel objet géocroiseur. Et parfois, il en trouve des dizaines en une seule nuit. Récemment, les astronomes ont utilisé le CSS pour découvrir que la Terre avait une nouvelle mini-lune.
La détection de roches spatiales potentiellement dangereuses est évidemment la première étape, mais le suivi est également un aspect extrêmement vital de la découverte des géocroiseurs. Il est difficile de caractériser la taille, la composition et l’orbite d’un astéroïde sans recueillir plusieurs observations de l’objet au cours de plusieurs nuits. Seulement un tiers des nouvelles découvertes d’objets géocroiseurs sont finalement confirmées. Eric Christensen, responsable de l’étude du ciel de Catalina, déclare :
« Chaque candidat géocroiseur doit être traité comme s’il était un élément susceptible de percuter la Terre, jusqu’à ce que des hypothèses d’impact puissent être exclues. »
En temps normal, les astronomes envoient les nouveaux géocroiseurs au Minor Planet Center, et les observateurs du monde entier effectuent ensuite des observations supplémentaires pour affiner les trajectoires des objets. Auparavant, cela permettait aux chercheurs de suivre les petits astéroïdes en approche de la Terre jusqu’à ce qu’ils se désintègrent sans danger dans notre atmosphère, permettant parfois aux scientifiques de récupérer des fragments qui atteignent le sol.
Suivi des nouveaux astéroïdes
Mais la plupart des télescopes étant fermés, les instruments pour confirmer et recueillir des détails sur les nouvelles découvertes sont en infériorité numérique. Par conséquent, le Catalina Sky Survey et le Pan-STARRS ont tous deux été contraints d’augmenter leurs activités de suivi. Au cours des dernières semaines, ils ont dû faire marche arrière si souvent que leur capacité à faire de nouvelles découvertes s’en trouve réduite.
Un groupe qui continue à suivre les nouvelles découvertes est le réseau mondial de l’observatoire Las Cumbres, qui a réussi à maintenir plusieurs de ses télescopes en fonctionnement. Mais même de nombreux petits télescopes robotisés ont dû être fermés, car leurs sites au sommet des montagnes sont confinés. M. Christensen précise :
« Plusieurs des sites de suivi les plus prolifiques – en Arizona, au Chili et ailleurs — ont malheureusement dû cesser leurs activités en raison des problèmes liés au Covid-19. Cela a eu pour effet de reporter une plus grande partie du fardeau du suivi sur les programmes d’enquête. »
Chambers, le directeur de Pan-STARRS, est d’accord :
« Nous adaptons notre stratégie d’observation pour effectuer un plus grand suivi. Cela signifie que le nombre de découvertes sera inférieure et que certains objets détectés en temps normal nous échapperons. »
L’autre problème à long terme est que les mesures de distanciation sociale ont entraîné l’arrêt des travaux d’entretien. Les télescopes Pan-STARRS, par exemple, ne pourront fonctionner que tant que l’équipement continuera à fonctionner correctement.
De même, si un membre du personnel est atteint du Covid-19, les télescopes seront arrêtés. Ainsi, pour éviter l’interruption des activités, deux membres de l’équipe Pan-STARRS ne sont pas autorisés à se trouver en même temps dans le même bâtiment. Chambers déclare :
« Pour protéger les personnes ou les équipements, nous pouvons être amenés à cesser les opérations à tout moment. »
Contrairement aux gros titres des tabloïds, les chances que la Terre soit frappée par un gros astéroïde sont très minces à tout moment.
Même les petits astéroïdes dits « tueurs de villes » — ceux qui ne font QUE quelques centaines de mètres de diamètre — n’atteignent probablement la Terre qu’une fois tous les quelques siècles. Et comme la plus grande partie de notre planète est recouverte d’eau, il est peu probable — malgré son nom — qu’ils frappent une ville.
Le dernier événement de ce type connu s’est produit à Toungouska, en Sibérie, en 1908. Une roche spatiale d’environ 36,5 mètres de large a pénétré l’atmosphère terrestre à une vitesse fulgurante de 53 100 km/h. La friction qui en a résulté l’a chauffée à des dizaines de milliers de degrés Celsius. Et ce phénomène, combiné à une pression intense, a fini par faire exploser la roche de façon spectaculaire à 8 kilomètres au-dessus du sol. L’explosion, dont on estime qu’elle a libéré autant d’énergie que près de 200 bombes d’Hiroshima, a aplati les arbres au sol sur une surface d’environ 2 100 kilomètres carrés. Selon certaines sources, jusqu’à trois personnes seraient mortes.
La Terre a eu une chance relative avec l’événement de Toungouska, mais cela ne signifie pas que les astéroïdes ne représentent pas toutefois un risque majeur pour notre planète. En 2013, un rocher spatial de la taille d’une maison a explosé au-dessus de Tcheliabinsk, en Russie, blessant plus de 1 000 personnes alors qu’une puissante onde de choc soufflait d’innombrables fenêtres, envoyant des éclats de verre et des débris un peu partout. Et l’année dernière encore, un de ces astéroïdes « tueurs de ville », baptisé 2019 OK, est en fait passé entre la Terre et la Lune et les astronomes l’ont seulement détecté juste avant que cela se produise.
La Terre sera à nouveau frappée par un astéroïde majeur, c’est juste une question de temps.
Et c’est la raison pour laquelle les astronomes pensent qu’il est important de rester vigilant, même en cas de pandémie.
Heureusement, il y a peu de chances que l’humanité soit confrontée à deux crises mondiales à la fois. Et c’est une chose dont nous pouvons tous nous réjouir.
Source de l’article initialement publié le 10 avril 2020 : Astronomy
Traduction : Sott.net
Source: Lire l'article complet de Signes des Temps (SOTT)