Délire propagantiste autour d’un colloque sur l’Afrique des Grands Lacs

Délire propagantiste autour d’un colloque sur l’Afrique des Grands Lacs

par Etienne Pellot.

En dépit d’une intense pression des relais de Paul Kagame en France – et au prix de grossiers mensonges détaillés ici – le colloque intitulé « Afrique des Grands-Lacs : 60 ans d’instabilité », a pu se tenir au Sénat le 9 mars dernier. Récit d’un naufrage moral et intellectuel pour une poignée d’apprentis maîtres censeurs.

C‘est un certain Romain Gras, plumitif à Jeune Afrique, qui s’est chargé de déclencher les hostilités le 28 février dernier : le Sénat français s’apprêtait, le 9 mars, à accueillir des « conférenciers taxés de négationnisme » à l’occasion d’un colloque intitulé « Afrique des Grands Lacs : 60 ans de tragique instabilité ». Taxés de négationnisme, certes, mais au nom de quelle autorité morale ? Celle de Paul Kagame bien sûr et de toutes ses groupies, dont l’impayable (pour qui n’en a pas les moyens) Jeune Afrique, la plupart de ses lecteurs ignorant sans doute que la bible de l’actualité « françafricaine » a reçu et continue de recevoir des centaines de milliers d’euros de subventions de la part de Kigali.

L’article signait donc le coup d’envoi d’une grossière tentative de censure, heureusement vouée à l’échec, mais dont il s’agit cependant de déconstruire les mécanismes, tant elle illustre le poison du débat franco-rwandais depuis le génocide de 1994.

Quand « Jeune Afrique » dénonçait le « clan des durs », incarné par « Ibuka »

Pour en saisir l’obscénité comme l’indécence, il faut remonter aux lendemains du 6 avril 1994, lorsque Jeune Afrique prenait la délicate initiative d’envoyer une équipe de journalistes au chevet de Agathe Habyarimana, veuve éplorée du président rwandais tout juste assassiné. En s’abritant derrière les critères de l’association « Survie » ou de l’universitaire Jean-Pierre Chrétien, on peut alors classer l’hebdomadaire parmi les « médias de la haine », de ceux qui soutiennent sans pudeur un régime criminel, relevant du « nazisme tropical ». « (Juvénal Habyarimana) était resté populaire et faisait figure « d’homme de la transition » aux yeux de la majorité des Rwandais – ainsi que de protecteur bienveillant de la minorité tutsi – ce qui n’avait pas désarmé l’opposition extrémiste du FPR », écrit alors J.A. (n°1736, 14-20 avril 1994). Une ligne éditoriale ouvertement « négationniste », si l’on s’en tient aux critères de Kigali et de ses relais, qui va encore persister plusieurs années après la fin du génocide, comme en témoigne cet autre article publié par Jeune Afrique le 13 janvier 1998, et qui crache littéralement à la figure des rescapés : « Au sein de l’APR (l’Armée patriotique rwandaise de Paul Kagame, ndlr), le clan des durs est conduit par les colonels Sam Kaka, chef d’état-major, et Kayumba, commandant des unités en opération dans la région du Nord-Ouest, considérée comme un fief hutu. Leurs thèses sont relayées, chez les civils, par les responsables de l’association Ibuka (« N’oubliez jamais ! »), qui tentent d’exploiter le souvenir du génocide de 1994 pour imposer leurs vues ».

C’est donc armé de ces solides brevets de vertu que Jeune Afrique part en guerre en février 2020 contre le colloque organisé au Sénat français : en offrant des tribunes à l’avocat franco-rwandais Richard Gisagara, « à l’origine de l’action judiciaire qui a conduit à l’adoption de la loi française réprimant la négation du génocide des Tutsi », ou encore au journaliste Jean-François Dupaquier, l’un des plus zélés laudateurs de Paul Kagame.

Lorsqu’il s’agit de cirer les bottes ou repasser le treillis du satrape rwandais, M. Dupaquier ne connaît aucune limite. A l’occasion d’une émission diffusée sur France-24 le 7 avril 2014, il avait jugé « abject » que l’on puisse considérer Kagame comme « l’un des criminels les plus sanglants de l’Afrique contemporaine ». « On pourrait plutôt dire, peut-être, que Paul Kagame, au sens du Siècle des Lumières, pratique une forme de despotisme éclairé », s’exclamera-t-il sur l’antenne de RFI le 26 juin 2018.

Les groupies de Kigali mangent leur casquette FPR

Comme le feraient de braves militants du FPR parachutés en territoire français, Jean-François Dupaquier et Richard Gisagara ont tenté de faire appliquer de manière scrupuleuse la loi rwandaise punissant « d’idéologie du génocide » toute évocation des crimes commandités par Paul Kagame, au Rwanda comme en RDC. Un effort soutenu avec vigueur par le journaliste de La Croix Laurent Larcher, qui s’est lui aussi démené pour dénoncer « un étrange et problématique colloque » où seraient invités « les principales personnalités qui, aujourd’hui encore, nient ou minimisent le génocide commis contre les Tutsis au Rwanda ». Dans le viseur du plumitif et de ses acolytes, la journaliste canadienne Judi Rever, le politologue camerounais Charles Onana, l’ancien ministre rwandais des Affaires étrangères Jean-Marie Vianney Ndagijimana, et bien sûr… l’ancien secrétaire général de l’Élysée Hubert Védrine.

Accusés de négationnisme, ces seuls quatre intervenants profiteront de la tribune du Sénat pour répondre de l’accusation infamante répandue par Laurent Larcher. Ce qui inspirera au militant du quotidien catholique français ce tweet « sub-lunaire » : « Colloque au Sénat Afrique des Grands Lacs : presque tout le monde commence son propos en disant reconnaître le génocide des Tutsi au Rwanda pour ensuite n’évoquer que les crimes du FPR et de Paul Kagame. Seul Olivier Lanotte (universitaire belge invité au colloque, ndlr) n’a pas glissé sur le sujet ».

Mais l’unité de façade des groupies de Kigali va rapidement se lézarder. Ainsi, ce spectaculaire retournement de veste de Jean-François Dupaquier, obligé de manger sa casquette FPR au lendemain d’un colloque qui aurait finalement « contourné le négationnisme », admet-t-il, mais pour mieux propager « la haine anti-Tutsi » (Jeune Afrique, 10 mars 2020). Dans sa ligne de mire, une intervention remarquée de Martin Fayulu, président démocratiquement élu de la RDC et présent dans la salle allouée par le Sénat français. Selon ce dernier, la dictature rwandaise pèserait militairement sur l’armée congolaise – un secret de polichinelle qu’aucun spécialiste du pays ne contredirait – au point d’y faire nommer de nombreux gradés Tutsi fidèles à Kigali. Pour mémoire, l’ex-ministre rwandais de la Défense James Kabarebe, avait poussé l’audace jusqu’à s’imposer, sur ordre de Kagame bien sûr, comme chef d’état-major de la République Démocratique du Congo entre 1996 et 1998, avant d’en être chassé par Laurent-Désiré Kabila…

En roue libre, Dupaquier assimile ces propos à un « déballage de haine », accusant Martin Fayulu de vouloir « éradiquer les Tutsis dans l’armée congolaise. Et ailleurs dans la société ? » « Une logomachie qui, pour les Français, évoque Vichy et les lois anti-juives. Pourtant dans l’assistance personne ne relèvera les propos nauséabonds de Vincent (sic) Fayulu et de ses acolytes », renchérit le même Dupaquier sur le site Afrikarabia.

Les intervenants du Colloque démentent une accusation totalement fantaisiste

Les croisés du Kaiser des Grands Lacs n’ont reculé devant aucune « fake news », accusant les organisateurs d’avoir inventé un parrainage du prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege, ou encore la direction du Palais Bourbon d’avoir mis la pression sur les intervenants pour brider leur pseudo hargne négationniste ou anti-Tutsi.

« J’ai cru comprendre que c’était une instruction du président du Sénat, confie, sous couvert d’anonymat, l’un des intervenants. On m’a demandé de ne pas improviser. C’est tout juste si je n’ai pas dû présenter mon texte à l’avance aux organisateurs, pour acceptation », prétend un témoignage anonyme reproduit par Dupaquier. Problème : indignés par ce grossier mensonge, tous les intervenants au Colloque ont signé un texte démentant cette accusation fantaisiste. Y compris Olivier Lanotte, conspué (dixit Dupaquier), de manière parfaitement imaginaire par une salle soit-disant hostile, pour avoir osé évoquer… le génocide des Tutsis.

Demeure tout de même un épais mystère : comment un groupuscule aux relents sectaires, dévoué à une dictature aussi sanguinaire que lointaine, au prix de grossières falsifications et de la diffusion de propos inventés, parvient-il à intimider la presse et des parlementaires, au point de faire peser une menace d’interdiction d’un colloque au Sénat français ?

Dans une tribune publiée le 19 octobre 2017, le sociologue Marc Le Pape décryptait les bassesses employées par ce tout petit lobby : « L’une des méthodes utilisées pour mettre en cause un auteur traitant du Rwanda consiste à le délégitimer. Plusieurs manières de le faire ont cours. L’accusation de négationnisme est la plus courante car sans doute est-elle estimée la plus efficace. Elle connaît quelques variantes : sont d’abord dénoncés ceux qui nient la réalité du génocide des Tutsis, une accusation justifiée et que nous partageons sans restriction. Mais de plus en plus couramment sont traités de négationnistes les auteurs qui, en même temps qu’ils relatent le génocide des Tutsis, évoquent les crimes de masse commis par le Front patriotique rwandais (FPR), notamment entre 1993 et 1997 ».

Un négationisme imaginaire

Autre problème : comment, en effet, alimenter une accusation imaginaire de « négationnisme » lorsque aucun élément factuel ne permet de l’étayer ? Le lieutenant-colonel Guillaume Ancel, ancien de l’Opération Turquoise reconverti en bruyant factotum du fan-club de Kagame, en a donné le mode d’emploi sur son blog « Ne pas subir », dans une longue note publiée le 1er mars 2020 : « le négationnisme ne consiste pas ici à nier le génocide des Tutsis – comment effacer un million de victimes ? – mais à atténuer la responsabilité des génocidaires, la confondre avec d’autres pour finalement inverser les rôles : accuser les Tutsi d’avoir déclenché, participé et organisé leur propre anéantissement ».

Puis, Guillaume Ancel publie l’extrait d’un livre tout juste paru, écrit par les militants de « Survie » – François Graner et Raphaël Doridant – chapitre sobrement intitulé « Un négationnisme au cœur de l’État français ». « Avec l’autorisation des auteurs », précise-t-il, avant de louer la qualité de cette « analyse qui correspond si bien à la situation actuelle, où nous tolérons encore des « colloques » (le prochain aura lieu le 9 mars au Sénat), des interviews et des écrits odieux pour justifier l’injustifiable, la perte d’humanité et la compromission de notre société ».

Si nos fins limiers Graner et Doridant s’abstiennent de reproduire mot pour mot l’énormité d’Ancel (« le négationnisme ne consiste pas à nier le génocide des Tutsis »), ils donnent en revanche une savoureuse définition des trois éléments constitutifs du « discours négationniste », extrêmement pertinente pour comprendre un autre négationnisme, bien réel celui-là, précisément à l’œuvre chez les compagnons de route du FPR :

1- « Cela n’a pas lieu (pendant que le génocide est perpétré), puis « Ca n’a pas eu lieu » (une fois le génocide commis) ;

2- « Les victimes l’ont bien cherché »

3- « Elles ont fait la même chose » (ou « Elles s’apprêtaient à faire la même chose »)

Un dispositif qui rappelle donc furieusement la stratégie du déni mise en place par Kigali, également déclinable en trois points parfaitement symétriques :

1- Les troupes du FPR n’ont pas commis de massacre de masse contre les Hutus en 1994

2- Le FPR en a tué, certes, mais ces salopards de génocidaires Hutus l’avaient bien cherché

3- Il fallait bien massacrer les Hutus réfugiés en République Démocratique du Congo puisqu’ils s’apprêtaient à revenir au Rwanda pour « terminer le travail ».

Attiser la haine anti-Hutu

Bien sûr, les militants français de la cause FPR s’appuient sur un vernis universitaire pour cautionner leur thèse, vernis qui repose essentiellement, aujourd’hui, sur les « travaux » de Stéphane Audouin-Rouzeau, un spécialiste de la Première guerre mondiale, et sur l’une de ses disciples, Hélène Dumas, auteure d’une thèse de doctorat sur les procès « Gacaca » au Rwanda.

À la manière d’un « born again Christian », ces évangélistes américains qui entament une nouvelle vie après leur rencontre avec Jésus Christ ou le Saint-Esprit, Stéphane Audoin-Rouzeau a vécu une expérience mystique en découvrant, « embedded » à Kigali, l’existence de la tragédie rwandaise. Il en a tiré un livre à la lecture embarrassante, dont l’universitaire Claudine Vidal avait tiré une longue fiche de lecture pour le moins… embarrassée et intitulée : « les voyages de Stéphane Audoin Rouzeau au Rwanda ».

À ce stade, comment ne pas s’interroger sur la crédibilité de ces universitaires, 64 exactement, (dont Stéphane Audoin-Rouzeau, travaillant sous la direction de Vincent Duclerc), qui ont réalisé un rapport commandé par la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud Belkacem sur les crimes de masses et violences extrêmes, remis au Collège de France à son successeur Jean-Michel Blanquer le 4 décembre 2018. Si ce texte offre à juste raison une large place au génocide commis en 1994 contre les Tutsis, il occulte totalement les massacres visant les Hutus au Burundi en 1972 (entre 80,000 et 210.000 morts) comme les crimes contre l’humanité perpétrés par le FPR de Paul Kagame au Rwanda et en République Démocratique du Congo, pourtant documentés au-delà de tout doute raisonnable par les rapports de l’ONU, Gersony et Mapping en tête. Comment expliquer ce silence à propos d’une tragédie qualifiée de « pire situation depuis la fin de la seconde guerre mondiale » par l’ancien ambassadeur de France en RDC Pierre Jacquemot, et qui constituait justement le coeur du colloque organisé au Sénat le 9 mars dernier ? Ce rapport, auquel a également participé Stéphane Audoin-Rouzeau, doit pourtant servir de base prochaine à l’enseignement des génocides et crimes de masse dans le secondaire, ainsi qu’à la recherche française…

Le confort bourgeois de ces clercs, confinés dans leurs certitudes, avait inspiré ces quelques lignes à Jean-Hervé Bradol, directeur d’études au Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires de Médecins sans frontières : « En démocratie, une mise en cause aussi insultante, celle de nier la réalité du génocide des Tutsis du Rwanda, entache une réputation, isole, limite ou met fin à une carrière. Au Rwanda, dire que les victimes des violences de masse ne sont pas seulement celles des auteurs du génocide a des conséquences plus dramatiques. Ceux qui persistent à soulever ces questions sont insultés, spoliés, emprisonnés, torturés ou exécutés. C’est la réponse à ceux qui se demandent encore si les amis démocrates des dictateurs sont ridicules ou dangereux. Ils sont les deux ».

Pris à partie par un représentant de l’ambassade du Rwanda lors d’un autre colloque organisé à Paris le 1er avril 2014, l’universitaire belge Filip Reyntjens avait justement souligné l’imposture rhétorique de ces singuliers « amis démocrates » d’une dictature sanguinaire : « Vous n’avez peut-être pas reconnu le Rwanda dans ce que moi ou d’autres ont dit mais lorsque je dis que le FPR a commis les crimes que j’ai évoqués, alors vous devez me dire que le FPR n’a pas commis ces crimes. Et si vous le faites, vous vous rendez coupable de négationnisme, qui consiste à nier des faits qui sont établis au-delà de tout doute raisonnable. Le révisionnisme est permis, c’est même un devoir d’Histoire. Quand les faits sont largement documentés, ceux qui les nient se rendent coupables de négationnisme ».

À l’instar du basketteur étatsunien Denis Rodman, visiteur régulier des charmes de Pyongyang et courtisan assidu de la dynastie des Kim en Corée du Nord, Stéphane Audoin-Rouzeau et Hélène Dumas voyagent beaucoup au Rwanda, traitant même parfois cet Etat voyou pratiquant la torture, l’assassinat d’opposants hutus comme tutsis et la prédation des pays voisins, comme une social-démocratie à la scandinave. « Rappelons que le rapport Mucyo, en dépit de toutes ses limites, rendu public par le gouvernement rwandais en 2008, a ancré son enquête dans une topographie et une temporalité parfaitement restituées », affirme ainsi Hélène Dumas dans un entretien accordé au Monde le 5 avril 2019. Inutile d’essayer de convaincre l’historienne que le rapport Mucyo – conçu par les services de Kagame comme un contre-feu à l’enquête du juge Bruguière – est une fabrication parfois délirante, tellement truffé de « fake news » qu’on le croirait rédigé par un François-Xavier Verschave ou une Colette Braeckman ivre d’un stock de chanvre arraché par une section de paras français dans une forêt rwandaise.

On y apprend ainsi que le journaliste Pierre Péan avait directement participé en 1990 à la tentative « d’enlèvement en Allemagne d’un opposant hutu bien connu, Shyirambere Jean Barahinyura, qui fut membre du Comité exécutif du FPR et son premier porte-parole en Europe ». Voilà qui constitue sans nul doute une « temporalité parfaitement restituée » !

S’ils conservent une pudeur de jeune fille sur les « crimes de masse » – la pseudo spécialité dont se prévaut Audoin-Rouzeau pour pontifier sur le génocide des Tutsis – et autres crimes contre l’Humanité attribués à Paul Kagame, les deux compères n’ont pas digéré d’avoir été écartés de la commission sur le Rwanda mise en place par l’Elysée l’année dernière, et censée « faire la lumière sur l’attitude de la France lors du génocide des Tutsi en 1994 ».

Gageons que leur absence a été vécue comme une défaite en rase campagne par la dictature rwandaise, tant leur obsession à absoudre Kagame de ses crimes, tout en accusant à demi-mots la France d’avoir directement participé au processus génocidaire, manquera cruellement à une équipe finalement dirigée par l’historien Vincent Duclert, un de leurs anciens compagnons de route.

Fidèles à la novlangue de Kigali, Stéphane Audoin-Rouzeau, Hélène Dumas et leurs relais associatifs comme médiatiques, ont définitivement essentialisé les Tutsis en victimes et les Hutus en bourreaux : à lire leur prose, accuser Paul Kagame d’avoir commandité l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président Habyarimana revient à rendre l’ensemble de l’ethnie Tutsi coupable de sa propre tragédie. Accuser le FPR d’avoir infiltré les milices interahamwe, comme le fait la journaliste canadienne Judi Rever, documents de l’ONU et témoignages à l’appui, exonérerait le gouvernement Hutu intérimaire de ses propres responsabilités dans le génocide des Tutsis…

Dans un article publié en mai 2010 par la revue « Esprit » (« Banalisation, révision et négation : la « réécriture » de l’histoire du génocide des Tutsi »), Hélène Dumas alertait timidement sur l’usage frénétique de l’accusation de « négationnisme », soulignant que « son emploi abusif et extensif (vidait) la notion de son contenu » : Des groupes militants, réunis autour de « Génocide made in France » ou « La nuit rwandaise », font du refus de reconnaître la complicité de la France dans le génocide des Tutsi une forme de négationnisme. Inutile de dire que de telles exagérations facilitent le travail de négation », écrivait-elle alors.

Encore un petit effort…

Hélène Dumas n’en emploie pas moins les mêmes méthodes, débordant même les « militants » de « La nuit rwandaise » dans leur délire propagandiste. Au lendemain du colloque du Sénat, le 10 mars dernier, l’historienne assénait au micro du site « Voaafrique.com » : « Lorsque Judi Rever explique dans son livre, dans un chapitre qui s’appelle « la cinquième colonne » que les civils tutsis, c’est à dire des femmes, des enfants, des gens qui n’avaient rien à voir avec la politique du FPR, ont mérité leur sort en quelque sorte parce qu’ils étaient tous des militants du FPR, eh bien ces propos sont tout simplement scandaleux ». Inutile de préciser que le lecteur de bonne foi peinera à trouver la moindre trace de telles sornettes dans l’ouvrage publié par Judi Rever.

À la quasi exception de ce tout petit réseau français, son ouvrage a été salué pour son sérieux et la crédibilité de ses informations par nombre universitaires spécialistes du Rwanda ou de l’Afrique des Grands Lacs. Dans un registre plus « politiue », voici ce qu’en dit Theogene Rudasingwa l’ancien secrétaire général du FPR, ancien proche collaborateur de Paul Kagame, aujourd’hui réfugié sous protection policière aux États-Unis : « Le courage, l’endurance et la résilience de Judi Rever sont évidents, elle cherche à donner une voix à ceux qui ne peuvent pas parler pour eux-mêmes, en particulier les victimes Hutus qui sont marginalisées dans leur propre pays, ou vivant en exil. (Son livre) raconte une histoire douloureuse et déchirante.

Vous pouvez le contester ou l’embrasser dans sa totalité, vous ne pouvez pas l’ignorer. Je vous recommande fortement de le lire.

Mais la « cinquième colonne » universitaire de Paul Kagame en France n’a visiblement cure des récits, tous concordants et accablants, de ces repentis qui témoignent pourtant au péril de leur vie. Et sans doute épousera-t-elle bientôt le discours de l’ex ministre de la Défense James Kabarebe, tenu à l’occasion des commémorations du génocide en avril de l’année dernière : « le principal problème de sécurité pour le Rwanda, c’est l’idéologie génocidaire qui s’est étendue au-delà du Rwanda, dans la région et dans la communauté internationale. Tout ce qui s’oppose au Rwanda est défini par cette idéologie génocidaire. Cette idéologie reste donc une menace, et c’est une guerre que nous devrons mener longtemps. L’idéologie génocidaire sera toujours là. Car même certains enfants qui n’ont pas participé au génocide naissent avec cette idéologie ».

Personne ou presque ne conteste l’évidente tentative d’annihilation de la minorité Tutsi au Rwanda en 1994, et encore moins les invités du Colloque au Sénat le 9 mars dernier. Avec la complicité active de leur fan-base française, Paul Kagame et ses lieutenants ont cependant réussi à confondre leurs conquêtes militaires sanglantes avec le martyre de cette même communauté, assimilant la dénonciation de crimes contre l’humanité à la négation d’un génocide.

Pour prendre la mesure du naufrage moral et intellectuel de ces apprentis censeurs si dévoués à Kigali, parmi lesquels il faut malheureusement déplorer la présence de la LICRA qui n’a pas hésité à qualifier ce colloque, avant qu’il ne se tienne, de « colloque de la honte » autant le visionner et forger ainsi sa propre opinion :

***

La Croix, 8 mars 2020

Voir à ce sujet l’intervention d’Hubert Védrine : https://www.youtube.com/watch?v=Ng_Vh_nnM9k

« Ecrire sur le Rwanda : les compagnons de route du président Kagame », The Conversation

À propos du capitaine Ancel, lire cette interview imaginaire publiée en forme de canular le 1er avril 2019 :

L’ancien patron de « Survie » et la journaliste belge avaient relayé cette stupéfiante intox sur le véritable objectif de l’opération Turquoise : faire disparaître, dans une forêt rwandaise, une culture de cannabis co-gérée par Jean-Christophe Mitterrand et le fils de Juvénal Habyarimana.

source : http://prochetmoyen-orient.ch

Source: Lire l'article complet de Réseau International

À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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