La guerre d’Afghanistan dure depuis bientôt deux décennies sans enregistrer le moindre résultat et ce, en dépit de près de deux trillions de dollars de dépenses directes, une corruption aux proportions bibliques et des pertes humaines et matérielles n’ayant épargnés aucun contingent expéditionnaire engagé dans ce conflit.
Cependant, le conflit Afghan en cours n’a pas que des mauvais côtés. Pour le gouvernement Afghan et les sous-traitants du Pentagone et de la CIA, la guerre en Afghanistan est un créneau fort juteux: corruption à tous les niveaux, avis d’appels d’offres truqués, surfacturations, fausses dépenses, trafic d’opium hautement générateur de cash, faux assignements, détournements de matériels et d’équipements, attributions de marchés douteux, pratique du grès à grès, violation des lois fédérales sur les marchés de la défense, Academi ou X, mercenariat privé, achat des chefs tribaux ou influents, etc.
L’une des conséquences de ce conflit est qu’une nouvelle faune de milliardaires afghans est apparue pratiquement du néant et son pouvoir ne cesse de s’agrandir. Certains de ces nouveaux milliardaires préfèrent payer les Talibans le tribut mensuel que de faire confiance à une Armée nationale Afghane et des services secrets largement dépassés et ne pouvant tenir une province sans l’appui massif de l’aviation US. D’autres leur donnent des armes en échange d’une certaine tranquillité.
Il n’y a pas que les grands négociants afghans qui ont recours à ce procédé: les contingents militaires italien et français furent parmi les premiers à payer les Talibans en échange d’une suspension d’hostilités, notamment à Kapisa et Surobi où eurent lieu des embuscades meurtrières pour les forces françaises après un retard dans la livraison d’un paiement attendu par un chef influent local. D’autres contingents au sein de l’ISAF n’avaient souvent que cet expédient pour éviter des tirs hostiles de roquettes ou de mortier contre leurs positions ou pire, des embuscades ciblant leurs convois. C’était le bon vieux temps pour les Chefs locaux; l’argent coulait à flots et les affaires étaient florissantes. Cependant la recrudescence des actions militaires menées par les Talibans allaient mettre fin à à manne venue d’ailleurs. La plupart des contingents se retirèrent sous couvert de fin de mission, sans gloire ni fanfare, et bientôt les forces militaires US furent obligés de se barricader dans de superforteresse d’où elles ne sortaient que protégés par des blindés et un soutien aérien. Une logistique lourde et coûteuse rendue nécessaire par l’adaptation extraordinaire de la guerrilla Talibane à tous les types de tactiques possibles utilisées par les forces US et plus particulièrement les avions d’attaque au sol, les drones armés et les hélicoptères.
Outre l’imposition de guerre, largement répandue en raison des succès sur le terrain, les Talibans ont multiplié par trois leur acquisition d’armement par des coups de main et des captures spectaculaires. Paradoxalement le Nec plus ultra de ce qui faisait en matière d’armement léger en Occident finissait souvent par tomber aux mains des Talibans sans que ces derniers ne dépensent le moindre Afghani (un Afghani=0.012 € au taux du jour).
La guérilla Talibane est donc une success story qui continue.
Techniquement c’est actuellement le mouvement de guérilla le plus combatif et le plus tactique de la planète. Pour avoir fait face aux armées de plus de 56 pays durant près de deux décennies, les Talibans ont désormais gagné une mention de premier choix dans les livres d’histoire militaire. Washington a même fini par les reconnaître officiellement comme un interlocuteur incontournable dans tout processus de paix en Afghanistan. Des négociations entre les États-Unis et les Talibans ont abouti à la libération d’un premier lot de prisonniers de guerre Talibans par le gouvernement Afghan. Les Talibans ne s’arrêteront plus. Ils visent désormais le pouvoir entier. Pour l’empire, cette guerre, la plus longue de son histoire, est un fiasco total sans nom.
Source: Lire l'article complet de Strategika 51