Oui, les méthodes de datation sont discutables.
Par contre, et j’utiliserai le rasoir Gillette GXIV d’Ockham, il est normal et patent, que la collégiale de l’Annonciation fondée en 1353 à Lirey, près de Troyes (celle qui est dans l’Aube) ait voulu se doter de revenus et étoffer ses bâtiments de bois et son train de vie en exposant cette relique.
A l’époque, rien de tel qu’une petite relique pas piquée des vers pour susciter l’enthousiasme et la générosité.
Il y a, dès l’origine, une abondante littérature médiévale sur ce faux et son apparition soudaine en Champagne 1300 ans après le décès du principal intéressé : je suis déçu qu’E&R, après nous avoir livré un fantastique documentaire sur le mur du casernement des Romains à Jérusalem (The coming Temple), tombe encore une fois dans la promotion de cette histoire.
Les gens ont besoin de rêver, mais quel croyant a un vrai besoin du suaire du Christ, s’il existe encore ?
Je crois en Christ et aux Saints – ils sont là, ils sont aidants, je l’ai expérimenté – et j’accorde sa part concrète et efficace à la pensée que j’appellerais « magique » (ou « divine ») faute de mieux, mais personne n’a concrètement besoin d’une fausse relique issu de ce fumeux marché qui a enrichi des milliers d’escrocs pendant des siècles.
Relire par exemple, pour le plaisir, ce roman d’Umberto Eco, Baudolino (2002), et le sort d’une pseudo-tête de Saint-Jean-Baptiste. Le trivial et le sacré.
Ce suaire est trivial, c’est un Walt Disney avant l’heure.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation