Selon différents médias spécialisés, la construction de la base aérienne 201 près d’Agadez dans le nord du Niger n’est pas seulement inutile mais aurait violé des lois fédérales US et manqué aux standards de sécurité adoptés par le Pentagone en Afrique. L’inspection générale des Armées US a d’ailleurs épinglé diverses entorses aux régulations et aux critères de sécurité mettant en danger les forces US déployés dans cette base ayant coûté un peu plus de 100 millions de dollars et située dans l’une des zones les plus difficiles de la planète.
La base aérienne US d’Agadez connue sous le nom de base 201 a été spécialement préparée pour l’accueil d’avions cargo MacDonnell Douglas C-17 Globemaster III et toute une gamme de drones armés ou de drones d’attaque qui opéraient de Niamey, la capital du Niger. Cependant la construction de cette base US au Sahel a suscité une série de critiques plus ou moins justifiées sur sa totale inutilité dans un environnement extrêmement difficile, où les routes d’approvisionnement logistiques sont soit inexistantes ou fort onéreuses et la mauvaise gestion des ressources de sous-traitants privés ayant causé un retard de livraison (trois années) et un dépassement du budget initial.
Outre les fortes suspicions de corruption exprimées par l’Inspecteur Général du Pentagone, le site de la base 201 aurait été fort mal choisi d’un point de vue stratégique et les installations manquent aux standards de base de protection et de sécurité tels que définis par les lois fédérales US.
Conclusion, la base aérienne 201 représente l’archétype d’un effort raté d’édifier une base militaire aérienne fonctionnelle dans une zone très éloignée dans un environnement et des conditions drastiques.
L’US Air Force tente de se défendre des allégations de corruption et de gaspillage de ressources en ce qui concerne le projet de la base aérienne 201 en rappelant que la construction d’une base aérienne au Niger offre une capacité unique pour faire face et surveiller la situation sécuritaire en détérioration continue dans la région du Sahel.
Mais l’Inspecteur Général du Pentagone est déterminé à revoir et à ouvrir une enquête d’investigation sur un certain nombre d’anomalies flagrantes dans la conduite du projet que certains analystes spécialisées qualifient volontiers de « fou » comme l’acquisition de douze tours de garde pour un montant de 3 700 000 USD en utilisant les fonds des marchés publics, lesquels sont utilisés pour financer l’équipement, au lieu des fonds alloués aux constructions militaires, qui demeurent tributaires d’une notification du Congrès. Ce dépassement n’est pas le seul puisque l’US Air Force s’est passée d’une autorisation du Congrès pour transférer les fonds destinés aux opérations de renseignement, de surveillance et de reconnaissance pour six projets de maintenance occasionnant des coûts supplémentaires évalués à 5 400 000 dollars US.
Le Bureau de l’Inspecteur Général du Pentagone reconnaît que des lois fédérales US ont été violées lors de la construction de cette base en plus d’une série d’erreurs ayant conduit à un surcoût qui risque de devenir permanent dans une région comme le nord du Niger.
Les analystes US connaissent les immenses déboires des forces françaises déployées dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel pour protéger des intérêts économiques mais n’en ont pas tenu compte, estimant probablement que les formidables capacités technologiques militaires US pouvaient faire éviter aux Américains le cauchemar sans fin des forces françaises dans cette région extrêmement difficile d’Afrique. De fait la 724ème escadrille expéditionnaire est doté du nec plus ultra en matière de guerre électronique et de drones de surveillance et d’attaque mais les conditions environnementales au Nord Niger sont plus drastiques que les déserts du Nord de la péninsule arabique et du Sud de l’Irak, notamment en matière d’infrastructures et d’éloignement des bases logistiques. Un autre point soulevé depuis la création de la Base aérienne 201 concerne l’environnement géostratégique défavorable pour les missions assignées aux unités déployés dans cette base « permanente »: de nouveaux acteurs disposant de drones d’attaques, des missiles Sol-Air modernes et de meilleures capacités en guerre électronique se sont installés en Libye tandis que l’Algérie interdit son espace aérien aux drones étrangers et dispose d’une solide capacité en matière d’interdiction aérienne et de guerre électronique. Au Sahel, le retrait du Tchad de la Mission de la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique laisse entrevoir un risque réel d’implosion du Groupe connu sous le nom de G-5 Sahel ou G5S (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), un projet défendu en coulisses par le gouvernement français. Ce qui annonce une instabilité au long terme et une absorption exponentielle de ressources pour un résultat élusif similaire au mirage, un phénomène fréquent dans les régions désertiques de la région.
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