Cafouillage sur les tests : combien de cas réels ?
Au chevet du berceau de leur fille toutes les nuits pour surveiller sa respiration, la Santé publique l’ayant déclarée positive à la COVID-19, les parents de la petite Florence ont appris que leur poupon de quatre mois n’était finalement pas atteint du virus.
« On est vraiment soulagés, mais c’est aussi un choc », confie Marie Perron, la maman de Florence. Le 23 mars dernier, elle a reçu un appel de la Santé publique qui a bouleversé le reste de la famille. La cadette avait été déclarée positive au coronavirus.
« La Santé publique m’a dit qu’ils avaient seulement le résultat pour Florence. Elle nous a expliqué qu’on devait absolument surveiller sa respiration, que si ses lèvres devenaient bleues, il fallait immédiatement se rendre à l’urgence », se souvient avec émotion Mme Perron. « On a passé plus d’une heure au téléphone à faire le tour des gens que j’avais croisés et des lieux où j’étais allée avec Florence », ajoute-t-elle.
Dans les jours précédents, son fils de quatre ans avait présenté des symptômes s’apparentant à un rhume, Florence, quant à elle, pleurait beaucoup et faisait légèrement de la fièvre, puis elle avait elle-même développé une toux après un sérieux mal de gorge. Puisqu’elle avait croisé une amie qui revenait de voyage au début du mois de mars, la famille a pu passer les tests de dépistage à la COVID-19. « Cette amie a reçu son résultat et il était négatif. On se disait qu’au moins, grâce à elle, on avait su que notre fille était malade », se désole Mme Perron.
Pendant une semaine, on n’a pas fermé les yeux par crainte que notre fille, elle les ferme pour la dernière fois
Le 27 mars, faute de nouvelles des résultats des quatre autres membres de la famille, le conjoint de Mme Perron appelle directement à la clinique médicale de leur médecin de famille. On lui confirme que les résultats des tests sont arrivés. « Bonne nouvelle », leur dit-on, les quatre autres membres de la famille ont tous été déclarés négatifs.
« J’étais vraiment heureuse, puis j’ai réfléchi : j’allaite Florence, comment peut-elle être positive si ce n’est pas moi qui lui ai transmis ? » s’est-elle questionné. C’est à ce moment que le médecin aurait accédé aussi au dossier de Florence et découvert que son test était aussi négatif.
« Dans le fond, elle n’a jamais eu la COVID-19. Ce qui est écrit à son dossier médical, c’est que son test n’était pas négatif, il était douteux, donc il a été envoyé dans un autre laboratoire, qui a finalement confirmé qu’il est bien négatif », raconte Mme Perron.
Un soulagement bouleversant raconte Mme Perron. « On le sait que le système de santé est débordé, mais on leur fait confiance. C’est très sérieux d’annoncer à une mère que son bébé de quatre mois a le coronavirus. Pendant une semaine, on n’a pas fermé les yeux par crainte que notre fille, elle les ferme pour la dernière fois », glisse la voix brisée Mme Perron.
Prévention
Par souci de confidentialité, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Estrie a indiqué qu’il ne pouvait pas faire de commentaire sur le cas de la petite Florence.
Or, le CIUSSS confirme qu’il existe un protocole lorsqu’on se trouve devant un potentiel faux positif.
« Dans un cas où le résultat d’un test est considéré comme douteux, des analyses supplémentaires sont faites. Dans l’attente des résultats, la Santé publique demande à la famille d’appliquer les mêmes consignes qu’un cas qui est considéré comme étant positif afin d’éviter la propagation du virus et de protéger la famille », explique Marie-Ève Nadeau, porte-parole du CIUSSS de l’Estrie.
Elle souligne que, dans le contexte actuel, où tout le Québec est en mode prévention, la Santé publique « préfère mettre toutes les mesures nécessaires en place ».
Par ailleurs, le CIUSS confirme que les résultats des personnes testées sont disponibles dans le dossier médical. Un médecin de famille peut donc y accéder et communiquer le résultat s’il est négatif. « La Santé publique de l’Estrie rappelle les cas positifs pour procéder aux enquêtes épidémiologiques », précise Mme Nadeau.
Rétablir les faits
Devant le mystère quant à la façon dont la COVID-19 aurait pu pénétrer dans leur domicile, le conjoint de Mme Perron avait publié une vidéo devenue virale sur Facebook où il sensibilisait les Québécois à la facilité de propagation du virus.
« On l’a fait pour sensibiliser les gens et là j’ai peur qu’on ait l’air d’une belle gang de cabochons », se désole Mme Perron.
C’est que le diagnostic de Florence avait créé une commotion dans la petite municipalité de Piopolis, où réside la famille.
« Ça fait beaucoup de trouble. Il y a beaucoup de parents d’amis de notre garçon qui ont commencé à paniquer. Il y a des gens qui se sont fait revirer de bord parce que leur enfant fréquente la même garderie que le nôtre. C’est une situation qui a occasionné du stress à beaucoup de monde », mentionne Mme Perron, qui espère pouvoir remettre les pendules à l’heure.
Cette fois, Mme Perron désire sensibiliser les autorités sanitaires aux conséquences d’un faux diagnostic.
« Les gens qui travaillent à la Santé publique, on leur fait confiance. On le sait qu’ils travaillent fort, mais ils doivent prendre le temps de bien expliquer les choses, parce que ça peut avoir d’énormes conséquences dans la vie d’une famille », dit Mme Perron. « Heureusement, ça finit bien pour nous, mais on a beaucoup pleuré », conclut-elle.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec