Une pandémie mondiale pour une gouvernance globale
Dans une tribune publiée sur son site en mai 2009, l’écrivain et économiste avait déjà lancé un avertissement sur une future crise pandémique, en plein crise de la grippe A (H1N1).
« Changer par précaution ». C’est le titre que Jacques Attali avait donné à son billet d’humeur le 3 mai 2009, alors que le monde était touché par une des pires crises sanitaires de l’époque : la grippe A (H1N1). Un virus qualifié un mois plus tard par l’OMS de pandémie, tant elle avait ravagé certains pays. A cette époque l’écrivain avait donc alerté : « L’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que quand elle a vraiment peur », disait-il dans un premier temps, avant de préciser le fond de sa pensée : « Elle met d’abord des mécanismes de défense parfois intolérables […] parfois efficaces […] Puis une fois la crise passée, elle transforme ces mécanismes pour les rendre compatibles avec la liberté individuelle, et les inscrire dans une politique de santé démocratique ».
Des propos qui prennent tout leur sens aujourd’hui, alors qu’une bonne partie du monde est confinée face au coronavirus. L’économiste avait aussi mis en garde contre les conséquences économiques liées à de telles crises sanitaires : « Elle aura d’abord des conséquences économiques significatives », ce qui semble être le cas dans les prochaines semaines à venir avec cette crise liée au Covid-19, et « elle fera baisser les marchés boursiers d’environ 15% », ajoutait-il.
L’altruisme comme solution
En 2009, Jacques Attali évoquait même la possible perte de trillions de dollars si une pandémie venait à s’étendre à l’échelle planétaire. Interrogé ce 22 mars par France Culture, l’économiste fait donc le même constat. « Dans la situation actuelle, il y a un début de prise de conscience de la nécessité d’une autre forme de société qui n’est pas forcément donnée sur l’égoïsme, le profit », avance-t-il, arguant que la société de demain « doit changer la légitimité de son autorité, qui ne devra plus être le religieux, la force, la seule raison ou l’argent ».
Un plaidoyer pour l’altruisme et l’entraide qui reste pour lui, onze ans après, le maître mot du bon fonctionnement d’une société. « L’altruisme désintéressé peut ainsi venir comme une conséquence de l’altruisme intéressé », répond-il sur France Culture. En 2009 toujours, Jacques Attali avait plaidé pour une nécessaire prise de leçon à tirer de la crisse de la grippe A, afin de mettre en place « des mécanismes de prévention et de contrôle, et des processus logistiques de distribution équitable de médicaments et vaccins ». Aujourd’hui, il concède « qu’il n’y a pas eu de prise de conscience » mais se refuse de tirer à boulets rouges. « Je suis heureux de voir que le gouvernement français et les grandes entreprises sont maintenant en économie de guerre », se réjouit-il.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec