La plus grande manœuvre militaire depuis un quart de siècle de l’armée US sur le sol européen avait été programmée pour se tenir en avril et mai. Plus de 30000 soldats devaient traverser l’Atlantique et se joindre à des troupes de l’OTAN sur le sol de l’Allemagne, de la Pologne et des républiques baltes dans le cadre d’un exercice intitulé DEFENDER EUROPE2020. L’OTAN dont les troupes se trouvaient placées sous les ordres du général US comandant de l’EUCOM (Commandement US pour l’Europe – quartier général à Stuttgart) allait donc manœuvrer à quelques kilomètres des frontières du Belarus et de la Russie. Le titre de l’exercice prenait donc tout son sens. Il prétextait la défense de cette partie orientale de l’Europe contre un agresseur qui ne pouvait être que la Russie et au passage d’encercler l’enclave russe de Kaliningrad en sécurisant l’étroit passage entre la Pologne et la Lituanie.
De Tallin à Saint Petersbourg : moins de 400km, de Riga à Moscou moins de1000km
Les troupes US ont commencé à débarquer dans des ports belges, néerlandais et allemands à partir du mois de Février. Elles allaient donc devoir emprunter le couloir nord européen des envahisseurs cette grande plaine qui s’étend du bassin parisien à Moscou en passant par Berlin et Varsovie et qui a été empruntée par Napoléon puis par Hitler en 1941 ,de baliser ce long trajet par des dépôts d’armes, de vivres, de carburants , de vérifier l’état des routes , des ponts, des voies de chemin de fer pour assurer à la future armée d’invasion et à son impressionnant armement une progression sûre et rapide vers l’adversaire qui avait été choisi , le même que celui de Napoléon et d’Hitler mais qu’il ne fallait pas nommer.
Les premiers éléments de l’armée US ont débarqué en Belgique au mois de Février et les unités suivantes devaient arriver progressivement jusqu’au début des manœuvres en Avril et retrouver sur place les contingents OTAN britanniques, polonais, baltes, croates et roumains.
Le COVID 19 est venu perturber ce programme grandiose dont le coût annoncé était de l’ordre de 400 millions de dollars. L’Allemagne fermant ses frontières pour cause de pandémie s’est vite retirée du jeu mais le commandement OTAN a continué à affirmer que les préparatifs continuaient que les troupes s’installaient dans leurs bases et qu’il était attentif à la question de l’épidémie théoriquement sous contrôle puisque jusqu’au début du mois de mars les Etats-Unis et leur président pouvaient parler du virus chinois qui n’aurait pas l’outrecuidance de s’installer sur le sol étasunien et l’impolitesse de contaminer des Gis éternellement invincibles. Or les jours passant Le commandement des troupes US en Europe (EUCOM) organisateur de la manœuvre a fini par admettre dans des communiqués officiels quelques cas de malades parmi les soldats US. Il s’agissait de rassurer l’opinion publique des pays où commençaient à circuler ces troupes comme celle des familles des soldats aux Etats- Unis. Dés le 13 Mars EUCOM annonçait que l’envoi de nouvelles troupes devant participer à la manœuvre était suspendu Enfin le 27 Mars la page d’information consacrée à la pandémie a disparu du site internet officiel de l’EUCOM. Ce silence soudain laisse penser que le nombre des soldats malades a beaucoup augmenté et qu’il faut éviter que les populations locales ne demandent le départ des unités US déjà déployées et potentiellement contagieuses.
Mais il n’était pas question de perdre la face en annulant l’exercice et de reconnaitre qu’un virus malin avait fait reculer la plus grande armée du monde. C’est exactement le contraire qui a été annoncé le 24 Mars dans une lettre adressée aux familles des soldats de la 2° brigade blindée et de la 3° divisiond’infanterie. La dizaine de milliers d’hommes déjà sur place en Pologne et dans les trois républiques baltés vont y rester pour une durée indéterminée pour « sic » « contribuer à la lutte contre l’épidémie ». Alors que la Russie, la Chine, Cuba envoient des médecins des médicaments et du matériel médical dans les pays touchés par l’épidémie les Etats-Unis participent à la lutte contre le coronavirus en Pologne, en Lituanie en Lettonie et en Estonie avec des tanks des hélicoptères de combat et des missiles et les gouvernements imbéciles de ces pays préfèrent avoir sur leur sol des militaires US qui peuvent être porteurs du virus que des médecins cubains ou pire encore des unités de désinfection russes idée inadmissible pour les dirigeants polonais pour qui le russe est l’incarnation du mal.
En réalité les troupes venues des Etats-Unis pour un exercice vont devenir des troupes d’occupation. Ce n’était peut-être pas prévu à l’origine mais pour les tenants de la domination totale des Etats-Unis sur le monde entier c’est une occasion à ne pas laisser passer tant que les citoyens polonais, lituaniens, lettons et estoniens qui envisageraient de le faire ne peuvent pas manifester dans la rue pour protester et tant que leur gouvernement se soumet.
Comaguer
Photo en vedette : Le Général de division John Gronski visite le groupement tactique de Pologne, le 30 octobre 2018. Photo par: Sgt. Sarah Kirby. Source: National Guard
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