Les autorités de la santé publique du Québec ont demandé formellement à la Ville de Montréal de déclarer l’état d’urgence local sur son territoire. Déjà, la sécurité civile s’y préparait.
À titre de directeur national de la santé publique du Québec, je demande à la Ville de Montréal de déclarer l’état d’urgence local en vertu de l’article 42 de la Loi sur la sécurité civile
, a confirmé le directeur national de la santé publique, Dr Horacio Arruda, dans un communiqué.
La déclaration d’état d’urgence locale permettra d’adopter des mesures pour réduire les risques d’éclosion parmi les personnes itinérantes.
Pendant son point de presse quotidien, en début d’après-midi, le premier ministre François Legault avait recommandé aux citoyens de Montréal et de l’Estrie, les deux régions les plus touchées avec 971 et 227 cas, de ne pas se déplacer vers d’autres régions. Pressé de questions sur la possibilité de restreindre les déplacements, il a admis que des discussions étaient en cours.
En toute transparence, effectivement, on a des discussions actuellement avec la Ville de Montréal pour regarder les avantages et les désavantages de déclarer l’état d’urgence sanitaire.
Le Dr Arruda a expliqué que ce genre de décision devait être prise en collaboration avec les directions de santé publique régionales et selon des analyses épidémiologiques fines. Il pourrait y avoir des sous-quartiers de Montréal qui auraient des consignes données
, a-t-il dit à titre d’exemple, prenant le soin de préciser qu’il s’agit d’hypothèses
pour le moment.
Quelles mesures pourraient être prises?
Concrètement, des règles de déplacements plus strictes pourraient prendre différentes formes. Déjà, des entreprises ont déjà été contactées afin qu’elles fournissent rapidement
des listes du personnel critique aux opérations
.
Dans les meilleurs délais, ils auraient besoin de la liste du personnel critique aux opérations industrielles résidant à l’extérieur de l’île de Montréal. Les personnes sur cette liste pourraient être questionnées par le SPVM afin de leur donner l’accès à l’île de Montréal.
Selon nos informations, les autorités envisagent d’interdire les déplacements non essentiels, de même que les déplacements en groupe. Par exemple, une seule personne à la fois par famille pourra aller faire des courses.
Cette règle était déjà appliquée depuis plusieurs jours par des supermarchés, épiceries, quincailleries ou boulangeries, mais il s’agissait d’initiatives individuelles et non d’une règle officielle.
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) serait mis à contribution pour s’assurer du respect de ces mesures renforcées, inspirées de ce qui se fait dans certaines villes européennes.
Les policiers pourraient ainsi effectuer des contrôles sur la voie publique pour vérifier la raison du déplacement.
Selon nos sources, les autorités préparent aussi un système pour vérifier les entrées et sorties de l’île, mais il ne serait pas question de le mettre en place, pour le moment.
Le Dr Arruda a déclaré jeudi que Montréal est devenu un point chaud pour la transmission de la maladie, et que toutes sortes de scénarios doivent être envisagés.
Le scénario se préparait
En entrevue à l’émission Tout un matin, vendredi matin, la mairesse Valérie Plante n’a pas écarté la possibilité de limiter l’accès à l’île pour contribuer à endiguer la propagation du coronavirus.
Je ne veux pas trop m’avancer. Tout est évalué en ce moment, avec nos services, avec le centre des services des mesures d’urgence, on regarde tous les scénarios
, a-t-elle déclaré.
Mme Plante estime que les mesures de distanciation sociale réclamées depuis deux semaines par les gouvernements portent leurs fruits, et espère que la fermeture des commerces non essentiels jusqu’au 13 avril contribuera encore davantage à améliorer la situation.
Ce qu’on espère surtout, c’est de ne pas devoir aller trop loin, ajoute-t-elle, en évoquant par exemple l’imposition d’un hypothétique couvre-feu, voire la fermeture de l’île. C’est ce qu’on veut éviter, mais on se prépare à tout.
Dans la mesure où on regarde ce qui s’est passé dans d’autres pays, il n’est pas question de faire l’autruche, espérer que la courbe va se renverser par magie.
Fermer des rues au profit des marcheurs?
Dans la même veine, la mairesse a dit ne pas écarter la possibilité de fermer des rues afin de permettre aux Montréalais d’y déambuler dans le plus strict respect des mesures de distanciation sociale.
En fait, on y réfléchit. En même temps, il faut trouver un équilibre, parce que le Dr Arruda et le premier ministre ont bien dit : « d’ici le 13 avril, c’est un moment de pause ». Idéalement, il faut rester à la maison.
On regarde différents scénarios. Si le confinement devait rester longtemps, bien, oui, avec l’arrivée du beau temps, il va falloir qu’on réfléchisse à comment faciliter les promenades sécuritaires.
La mairesse Plante invite d’ici là ses concitoyens à ne pas tous se précipiter au mont Royal, devenu un endroit de prédilection pour de nombreux marcheurs cherchant à prendre un bol d’air.
S’il y a déjà beaucoup de monde, n’y allez pas, il y a d’autres endroits pour aller marcher
, indique-t-elle, en invitant les citoyens à se responsabiliser individuellement et à faire des choix éclairés.
Sur un plan personnel, la mairesse dit constater en se rendant à l’hôtel de ville que les mesures prises par les gouvernements donnent des airs d’apocalypse tant l’activité est réduite dans la métropole, et que le tout lui apparaît parfois surréel.
Elle affirme par ailleurs qu’il n’est pas question pour le moment de repousser davantage la date d’échéance du dernier versement d’impôt foncier de l’année. La Ville le réclame toujours pour le 2 juillet plutôt que le 1er juin comme c’est le cas habituellement.
Je ne veux pas fermer la porte, mais pour l’instant ce n’est pas dans les cartons de repousser encore davantage le paiement du compte de taxes à Montréal, indique la mairesse. La Ville regarde quand même d’autres façons d’aider les Montréalais.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec