Si la Grande-Bretagne permet que Julian Assange, très affaibli, meure dans une prison infestée de Covid-19, son sang sera sur les mains de Londres.
Par Chris Sweeney
Source : RT, 24 mars 2020
Traduction : lecridespeuples.fr
À un moment où même l’Iran permet à des milliers de délinquants non violents de sortir de prison du fait de l’épidémie de coronavirus, le refus du Royaume-Uni de faire le moindre geste pour un journaliste est indéfendable et lui fait renoncer à toute autorité morale, pour autant qu’elle en ait jamais eu.
Julian Assange a été au cœur ou lié à presque tous les événements politiques majeurs de la dernière décennie. Et sans le savoir, il est désormais prêt à occuper le devant de la scène dans la crise pandémique de Covid-19.
Mercredi, son équipe juridique demandera qu’on lui retire ses fers et qu’il soit libéré sous caution de la prison de Belmarsh à Londres. Leur argument est qu’en raison de la surpopulation, le fondateur de WikiLeaks court un risque très élevé de contracter le virus, et devrait donc être libéré pour sa sécurité.
Plus de 100 médecins confirment encore cette affirmation, confirmant dans le prestigieux journal médical The Lancet que même sans la menace du virus, il est dans un « état de santé désastreux », ce qui le rend encore plus vulnérable.
Ce raisonnement simple devrait être bien suffisant, et si c’était à moi d’en décider, je jetterais les clés à travers les barreaux de la cellule et laisserai Julian faire le reste. Mais malheureusement, il ne semble pas que cela se produira. Plus tôt ce mois-ci, un porte-parole des services pénitentiaires a déclaré : « Nous ne prévoyons pas de libérer de prisonniers du fait de l’épidémie de Covid-19. »
Une fois de plus, la Grande-Bretagne s’est placée du mauvais côté d’un débat moral.
Assange n’a commis aucun crime en vertu de la loi britannique. En septembre, il a purgé une peine de 50 semaines d’emprisonnement après s’être réfugié à l’ambassade de Londres en Équateur pour éviter d’être envoyé en Suède.
Il est désormais uniquement détenu pendant que les tribunaux décident s’ils vont l’extrader vers les États-Unis.
Ce sont ces mêmes États-Unis qui ont dit à la famille endeuillée de Harry Dunn, 19 ans, d’aller se faire f*** et de ne pas oser mentionner le gros mot « E » (Extradition), lorsque l’adolescent anglais a été tragiquement tué par Anne Sacoolas au Royaume-Uni le 27 août dernier. Anne Sacoolas est la stupide épouse d’un officier du renseignement américain qui a oublié dans quel pays elle se trouvait, et a frappé de plein fouet Harry en roulant à vive allure du mauvais côté de la route, puis s’est enfuie de l’autre côté de l’Atlantique.
Assange n’a tué personne ; ses crimes présumés sont l’espionnage et la publication de documents classifiés. Eh bien, Dieu merci, il l’a fait, car les journaux ont finalement pu mettre en lumière toute une série de crimes et d’abus sordides dont l’armée américaine était responsable en Irak et en Afghanistan, qui ont par la suite été largement diffusés par les organes de presse du monde entier.
Mais pour cela, les États-Unis pensent qu’Assange mérite 175 ans de prison s’il est reconnu coupable.
Malheureusement pour Assange, l’homme au sommet de la pyramide britannique est une larve. J’ai nommé Boris Johnson.
On dit que lui et Trump étaient des amis proches, mais selon les derniers rapports, leurs relations se sont récemment refroidies car la Grande-Bretagne a accepté d’être approvisionnée par la société de technologie chinoise Huawei, concurrente des Etats-Unis pour la 5G. Quoi qu’il en soit, la girouette Johnson, qui est né à New York, est réputé pour avoir modifié son code moral pour se mettre dans le sens du vent.
Lui et son gouvernement ont enfoui leurs têtes dans le sable en ce qui concerne Assange, espérant que le problème disparaîtrait, de peur d’avoir à affronter Trump et la Maison Blanche.
Peut-être que l’état choquant des prisons délabrées de la Grande-Bretagne pourrait faire le travail pour eux. Plus de 300 nouveaux détenus arrivent à Belmarsh chaque mois, et le Système de conseil aux détenus, un organisme de bienfaisance indépendant représentant les prisonniers, a demandé la libération de tous les détenus à faible risque.
Le professeur Richard Coker, expert en maladies infectieuses à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a averti qu’une épidémie de coronavirus pourrait toucher 60% de tous les détenus ; et Andrea Butt, président de la British Prison Governors ‘Association, a exprimé l’opinion qu’il y aura des décès en détention.
Comme si cela ne suffisait pas à forcer la main de Johnson, nous avons le cas de Nazanin Zaghari-Ratcliffe.
C’est une ressortissante britannique et iranienne qui a été condamnée à cinq ans de prison par un tribunal de Téhéran pour avoir conspiré contre le gouvernement.
Pendant son mandat de ministre des Affaires étrangères, Johnson a commis une erreur en se prononçant sur son cas et a fait des déclarations incriminantes incroyables selon lesquelles elle s’était rendue en Iran pour donner des cours de journalisme, alors que la femme elle-même avait nié avec véhémence quoi que ce soit de ce genre, et plaidé qu’elle n’avait voyagé que pour visiter sa famille.
Quoi qu’il en soit, Nazanin a été libérée sous caution.
Oh, tout comme 84 999 autres détenus en Iran, un régime qui, du moins à en croire les médias occidentaux, ne serait pas exactement réputé pour sa compassion.
Mais les autorités iraniennes ont compris que les protocoles d’un système juridique doivent s’incliner face au risque de mettre des vies en danger.
Les prisons locales aux États-Unis, notamment à Chicago, Louisville, Austin, Virginia Beach et Omaha, ont également commencé à libérer des délinquants non violents en raison des craintes de Covid-19. La province canadienne de Saskatchewan a libéré sous caution deux hommes pour la même raison, même s’ils ont tous deux été accusés d’homicide involontaire lié à une histoire de fentanyl mélangé à de la cocaïne.
Pourtant, le gouvernement britannique, qui est dirigé par les soi-disant esprits brillants issus des universités sacrées telles qu’Oxford et Cambridge, s’efforce de renverser cette tendance.
Quel type d’État garderait un journaliste enfermé et mettrait ainsi sa vie en danger ?
C’est le même type d’État qui veut apparemment faire la leçon aux autres nations sur ce qui est bon et moral, puis fourre son nez dans toutes sortes de choses, en raison de son statut présumé de pays juste, noble et respecté.
Eh bien, la Grande-Bretagne pourrait se retrouver, et se retrouvera probablement avec du sang sur les mains. Et vous savez quoi ? Cette tâche ne partira pas.
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Julian Assange se voit refuser la libération sous caution par un tribunal de Londres
Source : RT, 25 mars 2020
Traduction : lecridespeuples.fr
Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, s’est vu refuser la liberté sous caution par un tribunal de Londres après que ses avocats ont soutenu que la pandémie de Covid-19 constituait une menace sérieuse pour sa santé à la lumière de ses conditions préexistantes.
La juge Vanessa Baraitser a jugé que la pandémie mondiale « ne fournit pas de motif » pour la libération d’Assange.
La juge a également cité la « conduite passée » d’Assange qui, selon elle, « montre tout ce qu’il est prêt à faire pour éviter les procédures d’extradition », selon un journaliste de l’AP s’exprimant devant le tribunal.
Demande de libération sous caution d’Assange :
– Avocats du gouvernement américain : Assange risque de fuir, le gouvernement (britannique) protégera les prisonniers contre les virus.
– Avocats de la défense : Assange est particulièrement vulnérable au virus et ne présente plus de risque de fuite.
– Juge : Pas de libération sous caution. #Assange #Covid19UK
Avec son commentaire sur la « conduite passée d’Assange », Baraitser faisait référence à la décision du lanceur d’alerte en 2012 de demander l’asile à l’ambassade de l’Équateur à Londres. Assange est entré à l’ambassade dans le but d’éviter l’extradition vers la Suède pour des agressions sexuelles présumées, qui ont depuis été abandonnées, et vers les États-Unis, où ses avocats disent qu’il ferait face à un procès injuste et à motivation politique pour avoir exposé des crimes de guerre américains.
Les avocats du gouvernement américain ont fait valoir qu’Assange risquait de prendre la fuite, bien qu’avec la plus grande partie du monde verrouillée sous une forme ou une autre en raison de la pandémie de Covid-19, il n’est pas clair où Baraitser pense qu’Assange aurait pu fuir.
Son équipe de défense a fait valoir qu’il n’était pas susceptible de s’enfuir, mais qu’il courait un risque élevé de contracter le virus en raison de son état de santé déplorable.
Assange est recherché aux États-Unis pour 18 chefs d’accusation de complot visant à pirater des ordinateurs du gouvernement et à enfreindre les lois sur l’espionnage. Il est détenu à la prison de Belmarsh, l’établissement de plus haute sécurité de Londres, depuis avril 2019, date à laquelle il a été traîné de l’ambassade de l’Équateur par la police britannique. Ses audiences d’extradition devraient se poursuivre en mai.
Voir également :
Toute la vérité sur Julian Assange : ‘Un système assassin est en train d’être créé sous nos yeux’
Voir notre dossier sur Assange et celui sur le coronavirus.
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