« Cette crise va se terminer en catastrophe » – Dr. Cata voit un effondrement délirant de 40% sur les marchés boursiers
"Le camp démocrate est pauvre, mais Trump est mort. Citez-moi à ce sujet !" Nouriel Roubini
Par Tyler Durden − Le 3 mars 2020 − Source ZeroHedge
C’est le point de vue de Nouriel Roubini sur la façon dont l’escalade de la crise sanitaire mondiale se transformera en une crise financière – elle commence – et une crise politique …
Dans une interview accordée au magazine allemand Der Speigel, Dr. Cata – qui a correctement prédit l’éclatement de la bulle immobilière américaine, en plus de la crise financière de 2008, ainsi que les ramifications des mesures d’austérité pour la Grèce endettée – estime que le coronavirus mènera à une crise économique mondiale catastrophique et que, en conséquence, le président américain Donald Trump ne sera pas réélu.
DER SPIEGEL : Quelle est la gravité de l’épidémie de coronavirus pour la Chine et pour l’économie mondiale ?
Roubini : Cette crise est beaucoup plus grave pour la Chine et le reste du monde que les investisseurs ne l’avaient prévu pour quatre raisons : premièrement, il ne s’agit pas d’une épidémie limitée à la Chine, mais d’une pandémie mondiale. Deuxièmement, c’est loin d’être terminé. Cela a des conséquences énormes, mais les politiciens ne s’en rendent pas compte.
DER SPIEGEL : Que voulez-vous dire ?
Roubini : Regardez simplement votre continent. L’Europe a peur de fermer ses frontières, ce qui est une énorme erreur. En 2016, en réponse à la crise des réfugiés, Schengen a été effectivement suspendu, mais c’est encore pire. Les frontières italiennes devraient être fermées dès que possible. La situation est bien pire qu’un million de réfugiés venant en Europe.
DER SPIEGEL : Quelles sont vos deux autres raisons ?
Roubini : Tout le monde pense que ce sera une récession en forme de V [chute et rebond immédiat, NdT], mais les gens ne savent pas de quoi ils parlent. Ils préfèrent croire aux miracles. C’est simple : si l’économie chinoise devait diminuer de 2% au premier trimestre, il faudrait une croissance de 8% au cours des trois derniers trimestres pour atteindre le taux de croissance annuel de 6% auquel tout le monde s’attendait avant que le virus ne se déclare. Si la croissance n’était que de 6% à partir du deuxième trimestre, ce qui est un scénario plus réaliste, nous verrions l’économie chinoise croître de 2,5 à 4% seulement pour toute l’année. Ce taux signifierait essentiellement une récession pour la Chine et un choc pour le monde.
DER SPIEGEL : Et votre dernier point ?
Roubini : Tout le monde pense que les décideurs politiques réagiront rapidement mais c’est également faux. Les marchés sont complètement délirants. Regardez la politique fiscale : vous ne pouvez faire une politique fiscale que dans certains pays comme l’Allemagne, parce que d’autres comme l’Italie n’ont pas de marge de manœuvre. Mais même si vous faites quelque chose, le processus politique nécessite beaucoup de discussions et de négociations. Cela prend de six à neuf mois, ce qui est beaucoup trop long. La vérité est que l’Europe aurait eu besoin de stimulants fiscaux même sans la crise du coronavirus. L’Italie est déjà au bord de la récession, tout comme l’Allemagne. Mais les politiciens allemands n’imaginent même pas de stimulants pour la relance, malgré le fait que le pays soit très exposé à la Chine. La réponse politique est une plaisanterie – les politiciens sont souvent à la traîne. Cette crise va déborder et provoquer une catastrophe.
DER SPIEGEL : Quel rôle les banques centrales ont-elles à jouer?
Roubini : La Banque centrale européenne et la Banque du Japon sont déjà en territoire [taux d’intérêts] négatif. Bien sûr, ils pourraient encore abaisser les taux sur les dépôts pour stimuler les emprunts, mais cela n’aiderait pas les marchés pendant plus d’une semaine. Cette crise est un choc d’offre que vous ne pouvez pas combattre avec la politique monétaire ou budgétaire.
DER SPIEGEL : Qu’est-ce qui peut aider ?
Roubini : La solution doit être médicale. Les mesures monétaires et fiscales ne sont d’aucune utilité lorsque vous n’avez ni sécurité alimentaire, ni approvisionnement en eau potable. Si le choc conduit à une récession mondiale, alors vous aurez une crise financière, car le niveau de la dette a augmenté et le marché immobilier américain connaît une bulle comme en 2007. Ce n’était pas une bombe à retardement jusqu’à présent parce que nous avons profité d’une croissance. C’est fini maintenant.
DER SPIEGEL : Cette crise va-t-elle changer la façon dont le peuple chinois apprécie son gouvernement ?
Roubini : Les hommes d’affaires me disent que les choses en Chine sont bien pires que ce que le gouvernement rapporte officiellement. Un ami de Shanghai est enfermé chez lui depuis des semaines. Je ne m’attends pas à une révolution, mais le gouvernement aura besoin d’un bouc émissaire.
DER SPIEGEL : Tel que ?
Roubini : Déjà, il y avait des théories du complot sur l’ingérence étrangère en ce qui concerne la grippe porcine, la grippe aviaire et le soulèvement de Hong Kong. Je suppose que la Chine va créer des problèmes à Taïwan, à Hong Kong ou même au Vietnam. Ils réprimeront les manifestants à Hong Kong, ou enverront des avions dans l’espace aérien taïwanais pour provoquer l’armée américaine. Il ne faudrait qu’un seul accident dans le détroit de Formose pour voir une action militaire. Pas une guerre chaude entre la Chine et les États-Unis, mais une forme d’action. C’est ce que veulent les membres du gouvernement américain comme le secrétaire d’État Mike Pompeo ou le vice-président Mike Pence. C’est la mentalité de beaucoup de gens à Washington D.C.
DER SPIEGEL : Cette crise est évidemment un revers pour la mondialisation. Pensez-vous que des politiciens comme Trump, qui veulent que leurs entreprises abandonnent la production à l’étranger, en bénéficieront ?
Roubini : Il va essayer de récolter les fruits de cette crise, c’est sûr. Mais tout changera lorsque le coronavirus atteindra les États-Unis. Vous ne pouvez pas construire un mur dans le ciel. Écoutez, j’habite à New York et les gens vont à peine dans les restaurants, les cinémas ou les théâtres, même si personne n’a été infecté par le virus jusqu’à présent. Si cela arrive, nous serons totalement foutus.
DER SPIEGEL : Un scénario de catastrophe parfait pour Trump?
Roubini : Pas du tout. Il perdra les élections, c’est certain.
DER SPIEGEL : Une prédiction audacieuse. Qu’est-ce qui vous rend si sûr de vous ?
Roubini : Parce qu’il existe un risque important de guerre entre les États-Unis et l’Iran. Le gouvernement américain veut un changement de régime, et il bombardera les Iraniens jusqu’au dernier. Mais ceux-ci ont l’habitude de souffrir, croyez-moi, je suis juif iranien, je les connais ! Et les Iraniens veulent également un changement de régime aux États-Unis. Les tensions feront monter les prix du pétrole et entraîneront inévitablement la défaite de Trump aux élections.
DER SPIEGEL : Qu’est-ce qui vous rend si sûr ?
Roubini : Cela a toujours été le cas dans l’histoire. Ford a perdu contre Carter après le choc pétrolier de 1973, Carter a perdu contre Reagan en raison de la deuxième crise pétrolière en 1979, et Bush a perdu contre Clinton après l’invasion du Koweït. Le camp démocrate est pauvre, mais Trump est mort. Citez-moi à ce sujet !
DER SPIEGEL : Une guerre contre l’Iran est-elle nécessaire pour battre Trump ?
Roubini : Absolument, et ça vaut le coup. Quatre années supplémentaires de Trump signifient une guerre économique !
DER SPIEGEL : Que devraient faire les investisseurs pour se préparer à l’impact ?
Roubini : Je m’attends à ce que les actions mondiales perdent 30 à 40% cette année. Mon conseil est le suivant : gardez votre argent en espèces et en obligations d’État sûres, comme les obligations allemandes. Ils ont des taux négatifs, et alors quoi ? Cela signifie simplement que leur prix va augmenter de plus en plus – vous pouvez gagner beaucoup d’argent de cette façon. Et si je me trompe et que les actions augmentent de 10% à la place, ça m’ira aussi. Vous devez protéger votre argent contre un crash, c’est le plus important. C’est ma devise : « Mieux vaut prévenir que guérir ! »
Tyler Durden
Note du Saker Francophone Le "Niet" russe a déjà laminée sa prévision d'augmentation des prix du pétrole. Pour l'élection de Trump, pas sûr que les électeurs le tiennent pour responsable d'un chaos qui ne lui est pas imputable, le mal est profond, surtout s'il maintient sa politique "America First" pour profiter du chaos pour réindustrialiser. On va plutôt assister à une montée aux extrêmes, radicalisant les 2 camps.
Traduit par jj, relu par Marcel pour le Saker Francophone
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