« Nous avons l’intention de laisser les marchés ouverts », a asséné mardi le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, lors d’une conférence de presse.
« Les Américains doivent savoir que nous ferons tout pour nous assurer qu’ils puissent accéder à l’argent sur leurs comptes bancaires et sur leur régime d’épargne retraite », a-t-il justifié. Le responsable n’a toutefois pas complètement écarté l’idée d’éventuellement raccourcir la séance de Wall Street.
Des mesures exceptionnelles ont déjà été mises en place aux États-Unis pour tenter de limiter l’affolement, dont les « coupe-circuits ».
Ce système prévoit que les échanges sont suspendus 15 minutes quand l’indice S&P 500 chute de plus de 7 %, le temps pour les investisseurs de reprendre leurs esprits. Il a déjà été utilisé trois fois au cours des six dernières séances.
Si l’indice qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street abandonnait 13 %, un deuxième arrêt de la même durée aurait lieu. S’il perdait 20 %, la séance serait suspendue.
Plusieurs régulateurs boursiers européens, notamment en France, en Belgique, en Italie et en Espagne, ont par ailleurs temporairement interdit ces derniers jours la vente à découvert, un mécanisme qui permet de parier sur la baisse d’une action, sur certains titres particulièrement frappés par la chute des marchés.
Certains observateurs aimeraient pourtant que les autorités aillent plus loin et décident de complètement « débrancher les marchés ». Voire s’y préparent.
« Au-delà des mouvements déclenchant les coupe-circuits, le volume des échanges est faible et la volatilité élevée », souligne Stephen Innes, responsable de la stratégie des marchés chez AxiCorp.
« Au final, les perdants sont les plans de retraite durement acquis par certains travailleurs et ceux dont le départ à la retraite est repoussé de cinq à dix ans », justifie-t-il.
« Cela fait déjà quelques jours en interne qu’on anticipe une éventuelle fermeture de marché », indique de son côté Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.
Si une telle décision était prise, elle viendrait plutôt des États-Unis, où la chute continue des indices – le Dow Jones a déjà perdu près de 30 % depuis mi-février – pourrait forcer la main des responsables politiques, avance-t-il. M. Mnuchin semble pour l’instant avoir mis fin à cette hypothèse.
Alimenter l’anxiété
Une fermeture de quelques jours, comme lors de la Grande crise de 1933 ou après les attentats du 11 septembre, ne résoudrait pas le problème, concède M. Dembik.
La propagation de la pandémie, et toutes les incertitudes qu’elle génère, « ne vont pas s’arrêter avant quelques semaines et il est inimaginable d’être sur un scénario comme en 1914, où la Bourse de New York avait fermé pendant quatre mois et demi ».
Comme M. Mnuchin, les principaux acteurs de la Bourse aux États-Unis ont aussi écarté cette idée.
« Les marchés doivent continuer à fonctionner dans des périodes comme celles que nous traversons actuellement », avait affirmé le patron de l’autorité américaine des marchés financiers (SEC), Jay Clayton, sur la chaîne CNBC lundi.
La patronne du New York Stock Exchange, la mythique place boursière de Wall Street, a aussi insisté sur l’importance de continuer à vendre et acheter des actions.
« Même si nous avons tout à fait conscience des inquiétudes des investisseurs sur la chute des cours, et que nous y sommes sensibles, le marché ne fait que refléter les incertitudes auxquelles tout le monde fait face en ces jours difficiles », a écrit Stacey Cunningham sur Twitter.
« Fermer les marchés ne modifierait pas les causes fondamentales de la baisse des cours, ne permettrait plus de refléter de façon transparente l’état d’esprit des investisseurs et réduirait l’accès des investisseurs à leur argent », a-t-elle ajouté. Cela ne ferait « qu’alimenter l’anxiété ».
Il serait irresponsable de fermer le marché « à chaque fois qu’on n’aime pas la direction qu’il prend », avance de son côté Quincy Krosby, responsable de la stratégie des marchés chez Prudential Financial.
Elle plaide en revanche pour un examen plus minutieux du rôle du courtage à haute fréquence et tout automatisé. « L’ampleur et la rapidité des mouvements sont si importantes, à la hausse comme à la baisse, que beaucoup s’en plaignent », relève-t-elle.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec