Washington, Pierre-Yves Dugua
@Pdugua
Donald Trump se trouve dans la position délicate: il promet des mesures fiscales imminentes "très majeures", alors qu'il cherche par ailleurs à dédramatiser la gravité de la contagion du covid 19 aux États-Unis.
Le Président des États-Unis va rencontrer aujourd'hui les leaders républicains du Congrès pour discuter de mesures législatives destinées entre autres, à réduire immédiatement les contributions obligatoires prélevées automatiquement sur les salaires au titre des régimes de santé et de retraite. Ce serait un moyen rapide de doper le pouvoir d'achat de millions d'Américains. Le montant et la durée de la réduction restent cependant à déterminer.
Dans le même temps, face à l'effondrement de Wall Street et au risque de manque de liquidités pour les entreprises, la Réserve fédérale planche sur d'éventuelles mesures monétaires d'urgence.
Après une première baisse de taux directeur de 0, 50%, dans une nouvelle fourchette de 1 à 1, 25%, la semaine passée, on anticipe un nouveau geste de la Fed. Il pourrait même intervenir avant le 18 mars, date de la prochaine réunion formelle du comité monétaire de la banque centrale américaine. Le retour d'une politique de taux zéro par la Fed est désormais jugé probable à plus ou moins brève échéance. Cette politique ultra-stimulante avait été abandonnée fin 2015.
Une élimination complète des prélèvements automatiques au titre des cotisations sociales représenterait une stimulation très forte de la consommation de l'ordre de 4% du PIB américain. En outre d'autres mesures sont en discussion. Les conseillers du Président sont toutefois divisés. Certains comme le Secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, et Larry Kudlow, prônent des mesures ciblées pour aider les entreprises directement frappées par la chute de la demande: il s'agirait de sociétés dans les secteurs de l'hôtellerie, des loisirs et des transports aériens par exemple.
L'agence fédérale d'aide aux entreprises petites et moyennes (Small Business Administration) pourrait servir de conduite à des garanties de prêts pour les sociétés les plus fragilisées par le retournement de la conjoncture.
Mesures plus larges
D'autres préconisent des dispositions plus larges comme l'allègement des prélèvements sociaux automatiques et des aides aux personnes rémunérées à l'heure dont les revenus commencent à plonger. "Nous allons parler d'aider les personnes rémunérées à l'heure pour qu'elles ne soient pas en situation de rater leur paye" promet Donald Trump.
L'entourage du Président, comme les élus du Congrès, n'est pas unanime sur la gravité de la situation: s'agit-il d'un risque de contraction de l'activité qui ne durera que quelques semaines ? Ou est-ce le début d'une récession mondiale durable ? L'incapacité des autorités médicales à donner une réponse claire à l'étendue du danger pour la santé publique, contribue aux hésitations de la Maison blanche.
Les démocrates qui contrôlent la majorité à la Chambre des représentants ne sont pas consultés pour l'instant par la Maison blanche. Les relations personnelles entre Donald Trump d'une part et Nancy Pelosi, présidente de la Chambre, et Chuck Schumer, leader de la minorité démocrate du Sénat, sont exécrables. Les deux démocrates accusent Donald Trump depuis plusieurs jours de sous-estimer la gravité du risque de contagion.
Les 8, 3 milliards de dollars de crédits votés au Congrès la semaine dernière, et approuvés par le Président, ne couvrent que des mesures sanitaires de combat du corona virus. Ils ne traitent pas le risque de récession né d'une chute attendue de la consommation et de la production.
En pleine campagne électorale, le camp démocrate veut tout faire pour rendre Donald Trump politiquement responsable d'une contraction de l'activité économique et d'une éventuelle contagion à grande échelle du covid 19 aux États-Unis. Pour l'instant un peu plus de 600 personnes sont reconnues contaminées aux États-Unis. 22 personnes ont succombé au virus.
Dans l'ensemble les démocrates reprochent aux réductions de prélèvements automatiques de n'aider que les Américains toujours effectivement salariés. Il est vrai que ceux qui vont perdre leur emploi, par définition, n'en profiteraient pas.
Dans ce contexte il est peu probable qu'un paquet de mesures fiscales soit voté avant une quinzaine de jours. "Regardons où nous sommes dans un mois ou trois semaines. C'est encore trop tôt. Je crois que les gens doivent rester calmes le plus possible" juge le sénateur républicain de l'Alabama, Richard Shelby.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec