Vous vous demandez s’ils ont le droit de faire ça. Oui, ils ont le droit. Au Québec, il y a la Loi sur la santé publique qui donne pas mal de pouvoir aux autorités lorsque la santé du public est en jeu. Cette loi est basée, grosso modo, sur la fameuse maxime: les droits des uns s’arrêtent là où ceux des autres commencent.
Les autorités gouvernementales peuvent vous forcer à rester en quarantaine pour une période de 72 heures et mandater un juge pour prolonger la période si nécessaire. Un médecin peut même appeler la police pour vous mettre en état d’arrestation si vous refusez de vous soumettre à l’isolement.
Au fédéral, on retrouve la Loi sur la mise en quarantaine, qui permet aux autorités frontalières de vous tester à votre arrivée au Canada et de vous mettre de force en isolement.
Est-ce qu’on pourrait mettre tous les arrivants d’un pays où il y a présence du COVID-19 en quarantaine? Oui! Cependant, ce serait assez draconien pour l’instant.
La dernière fois qu’on a vu une telle mesure de mise en quarantaine au Québec, c’était en 1832, lorsque le gouvernement du Bas-Canada avait créé un lieu de quarantaine à la Grosse Île, où on mettait tous les arrivants d’Europe, et ce, pour éviter la propagation du choléra.
Quand ça dégénère
Quand on perd le contrôle, comme on l’a vu en Chine et en Italie, le gouvernement peut même aller jusqu’à décréter l’état d’urgence sanitaire. Pour ce faire, on doit être en présence d’une menace grave à la santé de la population, réelle ou imminente, qui exige l’application immédiate de certaines mesures pour protéger la santé de la population.
C’est une partie de la loi qui fait penser, entre autres, à certaines mesures prises en état de guerre. Quand l’état d’urgence est décrété, on donne encore plus de pouvoir aux autorités.
On peut, par exemple, forcer la population à se faire vacciner, fermer des endroits pour en faire des hôpitaux, fermer des lieux publics, fermer des villes entières pour éviter la propagation et forcer les gens à être en quarantaine à la maison. En d’autres mots, on donne tous les pouvoirs aux autorités pour que ceux-ci fassent la «job».
Le gouvernement peut décréter cet état d’urgence sanitaire pour une période maximale de 10 jours renouvelable et avec l’assentiment de l’Assemblée nationale pour 30 jours renouvelables. À ce moment, nos droits et libertés sont mis au rancart… la loi prévoit même une immunité des autorités contre les poursuites judiciaires si elles ont agi de bonne foi.
Imaginez l’impact sur nos vies et sur l’économie! Comment fait-on pour manger, travailler, s’occuper de nos familles? Ce qu’on voit en Italie et en Chine pourrait arriver ici. Lavez-vous les mains 10 fois par jour, portez un masque, ne parlez pas aux étrangers, ne serrez la main à personne dans les partys de famille, allez faire des provisions chez Costco, soyez prêts!
La peur
Maintenant que je vous ai fait peur, comprenez bien que le plus grand danger de cette pandémie potentielle, pour les droits de l’Homme, c’est la peur!
Voyez ce qui arrive aux marchés boursiers: la peur. Voyez ce qui arrive à l’économie: la peur. Voyez pourquoi il y a eu de la discrimination envers les Chinois, les Italiens et les Iraniens: la peur. C’est le plus grand dommage que ce virus causera à l’humanité, à mon avis.
Les autorités sont quand même là pour prendre des mesures pour nous protéger et il faut avoir une certaine confiance. Rappelez-vous le SRAS… tout le monde avait peur également et on a quand même bien géré la situation en fin de compte.
Il ne faut pas être naïf
Cependant, j’ajoute un bémol à ce que j’ai écrit plus haut. Autant le gouvernement que la population, sans tomber dans la peur, ne doivent pas être naïfs.
Le gouvernement Trudeau doit quand même mettre ses culottes puisque la menace est réelle et préoccupante.
Pourquoi ne pas mettre plus d’énergie à la détection du virus aux frontières? Difficile et coûteux à mettre en place, vous allez me dire!
Oui, effectivement. On a vu, en Chine, des caméras thermiques dans les aéroports qui doivent coûter une petite fortune. Mais, c’est le temps d’agir. Quand les cas au pays se seront démultipliés, ce sera beaucoup plus difficile à contrôler. Les histoires d’horreurs que je vous décrivais plus haut pourraient réellement arriver et là, ça va vraiment coûter cher!
On devrait demander à la population également de collaborer pour éviter le pire et que les voyageurs qui reviennent de l’étranger se rapportent aux autorités s’ils ont des symptômes ou ont été en contact avec des gens potentiellement infectés. Prévenir, c’est guérir!
C’est le temps d’agir, ne pas attendre qu’il soit trop tard… bien que ce n’est pas sûr, encore que, ce sera une pandémie, on ne doit pas attendre que ça arrive et il y a des moyens efficaces à notre disposition. Je ne suis pas sûr que de retirer les gobelets de carton du concours «Déroule le rebord» chez Tim Hortons, que de ne plus aller manger dans le quartier chinois à Montréal et que de ne plus se serrer la main dans une réunion de famille en fasse partie.
– François-David Bernier, Avocat
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