L’art du minimalisme

L’art du minimalisme

Rares sont ceux qui, au cours des derniers mois, n’ont pas été atteints d’une manière ou d’une autre par la fièvre « Marie Kondo ». Si vous avez été épargnés, vous devez savoir qu’en l’espace de quelques épisodes Netflix, une femme japonaise a propagé dans le monde entier sa méthode de désencombrement de nos intérieurs en basant nos choix sur la joie que nous apportent (ou pas) nos objets. Partant de cette intuition — qui est loin d’être mauvaise —, nous avons eu envie d’aller un peu plus loin dans la réflexion par rapport aux choses qui nous entourent.

Nous connaissons tous de petits actes quotidiens qui nous permettent d’économiser de l’énergie ou des ressources. Limiter le nombre de bains, baisser la température de son appartement quand on le quitte ou encore éteindre les lumières quand on sort d’une pièce… Ces petits actes peuvent aller de pair avec une vision minimaliste de son chez-soi.

Qu’est-ce que le minimalisme ?

Le minimalisme est un mode de vie qui vise à la simplicité en combattant les excès du monde : surconsommation, course à la possession, horaires surchargés, environnement saturé de bruits et de distractions, etc.

Simplicité ne veut pas dire dénuement et n’implique pas le refus de toute technologie. Le sain minimalisme est le cousin de la sobriété plutôt que de l’avarice. Et il mène à une plus grande liberté, voire à la contemplation :

« [L]e fait d’être sereinement présent à chaque réalité, aussi petite soit-elle, nous ouvre beaucoup plus de possibilités de compréhension et d’épanouissement personnel. La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas. Cela suppose d’éviter la dynamique de la domination et de la simple accumulation de plaisirs » (pape François, 2015, art. 222).

On peut adopter le minimalisme tout simplement en regardant autour de soi. A-t-on vraiment besoin de deux télévisions ? D’ailleurs, devrait-elle être toujours allumée ? Le four à microondes de la cuisine est-il vraiment utile ? Est-ce qu’il m’arrive de lire les livres de ma bibliothèque ? Des questions bien concrètes qui permettent de réduire la quantité d’objets inutiles ou sous-utilisés de sa maison, et de vivre finalement plus simplement.

Le sain minimalisme est le cousin de la sobriété plutôt que de l’avarice. Et il mène à une plus grande liberté, voire à la contemplation.

Moins d’objets signifie généralement plus d’espace disponible, moins de dépenses, plus de temps libre de qualité et surtout moins de soucis : si mon microondes ne fonctionne plus, il faudra que je le fasse réparer ou que j’aille le porter à l’écocentre, puis que j’aille en acheter un autre, que je budgétise cette dépense, etc.

Les abus du minimalisme : le cas de la bouilloire

Pour préparer un bon thé, il faut un thé de qualité, de l’eau chaude et un temps d’infusion adéquat.

L’avare ne boira jamais de thé, car ce n’est pas un produit essentiel ; c’est trop d’argent. Le paresseux n’en boira pas non plus, car il faudrait prendre le temps de faire chauffer l’eau, puis de surveiller le temps d’infusion ; c’est trop d’effort. Le sobre le boira avec joie, après s’être posé une question qui parait bien simple : comment faire chauffer l’eau ?

Faut-il chauffer l’eau dans une casserole sur la cuisinière ? Ou bien à l’aide d’une bouilloire en métal sur la gazinière ? Quid de la bouilloire électrique et du microondes ?

Un abus de minimalisme consisterait à ne garder que l’instrument le plus utilisé dans sa cuisine (soit la cuisinière) en libérant tous les comptoirs de leur attirail électroménager, puis de faire chauffer l’eau dans une casserole. Cette méthode est adéquate si l’on boit rarement du thé, mais pour celui qui en boit chaque semaine, il en résulte une dépense énergétique affreuse, car il faut bien plus d’énergie pour faire chauffer de l’eau sur la cuisinière (que l’on utilise ou pas une bouilloire) qu’en utilisant une bouilloire électrique (Marcinkowski et Zych, 2017). La bouilloire électrique gagne même contre le microondes en termes d’efficacité (Département de l’Énergie des États-Unis, 2014).

Le minimalisme astucieux

Le minimaliste ne videra pas sa maison de chacun de ses objets sans y avoir minimalement réfléchi.

S’il est astucieux, il pensera même à laisser de l’eau à chauffer sur son poêle à bois pour contrer la sècheresse de sa maison et pouvoir se préparer un thé à volonté. S’il n’a qu’une bouilloire électrique, il stockera l’eau qu’il aura chauffée dans un thermos, afin de n’avoir à allumer sa bouilloire qu’une fois par jour. S’il a le souci du détail, il ne chauffera pas plus d’eau que nécessaire.

Et s’il aime Dieu, il lui offrira parfois son thé.


Cet article a été publié dans le numéro spécial Mort. Pour consulter la version numérique, cliquez ici. Pour vous abonner gratuitement, cliquez ici


Heureux que Le Verbe existe ? Notre équipe vit d’amour, d’eau fraiche… et de café. Merci de nous aider en nous offrant l’équivalent du prix d’un café par jour !

Source: Lire l'article complet de Le Verbe

À propos de l'auteur Le Verbe

Le Verbe témoigne de l’espérance chrétienne dans l’espace médiatique en conjuguant foi catholique et culture contemporaine.Nos contenus abordent divers sujets qui émergent de l’actualité. Et, puisque nous souhaitons que nos plateformes médiatiques suscitent le dialogue, on espère bien y croiser autant des réactionnaires pleins d’espérance que des socialistes chrétiens, autant des intellectuelles mères au foyer que des critiques d’art en bottes à cap.

Recommended For You