Source: Ivestig’action.
L’épidémie de coronavirus donne cours à plusieurs types de réactions. Sur Internet, on retrouve comme d’habitude des théories farfelues. Mais dans bon nombre de médias occidentaux distillent également des informations pas beaucoup plus sérieuses. Elles contredisent même l’avis d’autorités sanitaires mondiales et s’inscrivent dans le contexte de cette nouvelle guerre froide qu’ont lancée les États-Unis contre la Chine. Explications. (IGA)
Pour la première fois, durant trois jours consécutifs, le nombre de nouveaux cas de coronavirus (2019nCov) est tombé en dessous de 4000, alors que les chiffres journaliers précédents dépassaient ce nombre. Les mesures globales prises par les autorités chinoises pour ralentir la transmission du virus, ainsi que la plus grande disponibilité de kits de diagnostic, ont maintenant commencé à faire effet. Wuhan, dans la province du Hubei, est toujours l’épicentre de cette nouvelle épidémie de coronavirus: environ les deux tiers du total des personnes infectées en Chine proviennent du Hubei. À ce jour (6 février), 564 personnes sont mortes du virus, en grande partie des personnes âgées, celles dont le système immunitaire est plus faible ou qui souffraient déjà d’autres maladies inflammatoires comme le diabète ou l’asthme.
La plupart des gens présentent des cas bénins de symptômes pseudo-grippaux. À l’exception de Wuhan, où le système de santé s’était d’abord trouvé débordé, le taux de mortalité varie entre 1 et 2%. Cela confirme que ce virus a un taux de mortalité beaucoup plus faible que le virus du SRAS (2002-2003), même s’il se propage beaucoup plus rapidement.
Des chercheurs chinois ont maintenant identifié les pangolins (mangeurs écailleux de fourmis) comme l’hôte intermédiaire entre la chauve-souris d’où vient le virus et l’humain, hôte final à partir duquel la maladie s’est propagée. Les écailles des pangolins sont utilisées en médecine chinoise.
Alors que la situation en Chine semble s’améliorer, nous devons surveiller son étendue dans d’autres pays et le danger d’une pandémie mondiale. La dernière pandémie mondiale a été l’épidémie de grippe porcine H1N1 originaire des États-Unis et du Mexique. Selon le Center of Disease Control (CDC), en 12 mois – avril 2009-10 – il y a eu environ 61 millions de cas, 274 000 hospitalisations et environ 12 500 décès aux États-Unis. Les chiffres mondiaux sont plus difficiles à estimer, car un certain nombre de pays ne disposaient pas des outils nécessaires pour confirmer les infections.
L’OMS avait déclaré la pandémie au sujet du H1N1 en 2009-2010 et avait demandé un niveau de surveillance et de restrictions de voyage beaucoup plus élevé qu’aujourd’hui. Bien que l’on craigne que le coronavirus ne se transforme en pandémie, davantage de pays signalant des infections, l’OMS estime que la situation est encore sous contrôle.
Il existe deux types de réponses que nous voyons à la nouvelle épidémie de virus en Chine. L’une est celle des théoriciens du complot et autres détraqués qui sortent du bois à chaque fois qu’un tel événement se produit. À l’ère d’Internet, avec son écosystème de fausses nouvelles, nous avons toutes sortes de rumeurs et d’affirmations qui vont de l’arme biologique à un complot de Bill et Melinda Gates pour vendre des vaccins et de nouveaux médicaments.
L’autre type de réponse – et c’est la plus sinistre – conduit des médias étasuniens à utiliser la nouvelle épidémie pour attaquer la Chine et son système social. Cette campagne médiatique contre les Chinois semble concorder avec la guerre commerciale des États-Unis et sa vision stratégique selon laquelle la Chine, en tant que puissance «révisionniste», doit être contenue militairement.
Ce qui est carrément désagréable dans cette campagne, c’est la nature raciste des attaques, du genre les Chinois mangent des chauves-souris et des serpents, et c’est la raison de telles épidémies en Chine. Pour preuve, une vidéo devenue virale montre une femme chinoise se délectant de soupe de chauve-souris. Ce que la vidéo ne montre pas, c’est que cette femme est Weng Mengyun, une célèbre animatrice d’émissions de voyage, et qu’elle montrait la nourriture exotique des Palaos, un groupe d’îles d’Océanie. Les Chinois ne mangent pas de chauves-souris. Et de toute manière, aucun virus ne survivrait si la nourriture était bien cuite!
Cette tentative de vilipender les habitudes alimentaires chinoises oublie même – ou peut-être même cache volontairement – que la grippe aviaire ou la grippe porcine se sont développées parce que nous avons domestiqué des porcs et des poulets: de telles infections grippales sont une conséquence de la domestication d’animaux et d’oiseaux sauvages, et non d’un jeu consistant à manger comme des sauvages. Les attaques contre les Chinois, les insultes raciales et l’imposition de restrictions de voyage bien au-delà de ce que l’OMS recommande indiquent également la nature raciste et politique des attaques.
Les autorités locales de Wuhan ont d’abord été submergées par l’ampleur de l’épidémie. Le gouvernement chinois n’a pas tardé à le reconnaître et a rapidement accru son assistance médicale, tant en termes de personnel et de médicaments que d’autres fournitures médicales telles que des masques. Le problème clé était une pénurie de soins intensifs à une échelle que Wuhan n’avait jamais connue. Les autorités centrales et locales chinoises ont construit un hôpital de 1 000 lits en seulement 10 jours et en construisent un autre. Ils ont également mis à disposition 12 500 lits supplémentaires pour héberger dans d’autres hôpitaux les cas confirmés de coronavirus. Elles ont converti des gymnases, des entrepôts, etc.
Le principal défi que les autorités chinoises doivent maintenant relever est d’avoir du personnel médical qui peut fournir des soins intensifs aux patients qui présentent des cas graves de la maladie. Ces connaissances sont spécifiques. Elles sont maintenant fournies par des milliers de médecins et d’infirmières d’autres régions de Chine. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que certaines des infections les plus graves et même des décès aient touché le personnel médical soignant les personnes gravement malades.
Dans ce contexte, les médias occidentaux mettent en évidence le cas du Dr Li Wenliang, un ophtalmologue de 34 ans de l’hôpital central de Wuhan, décédé des suites de ce virus. Il avait initialement signalé la possibilité d’une nouvelle épidémie de type SRAS sur les réseaux sociaux chinois et avait été – selon les médias occidentaux – réprimandé pour avoir répandu des rumeurs. La Commission nationale de surveillance, la plus haute instance anti-corruption en Chine, a envoyé un groupe d’inspection à Wuhan pour enquêter de manière approfondie sur les problèmes liés au Dr Li Wenliang.
En plus du traitement des personnes malades, les Chinois ont également procédé rapidement à l’isolement de la maladie. L’ampleur de la quarantaine est tout simplement sans précédent, que ce soit en nombre de personnes ciblées ou par la taille géographique. Le virus a été suivi en identifiant sa séquence génomique et en l’introduisant dans une base de données publique accessible à tous. Le Dr Michael Ryan, directeur exécutif de l’OMS pour les urgences sanitaires, a déclaré lors d’une conférence de presse le 29 janvier: «C’est probablement la caractérisation la plus rapide de l’histoire d’un nouvel agent pathogène. Et elle a été immédiatement partagée. Plusieurs séquences ont été immédiatement partagées sur des plates-formes mondiales et c’est ce qui a permis de dresser de nombreux diagnostics. »
Jusqu’à présent, les séquences génomiques de plus de 50 patients ont été relevées par les Chinois. Cela a permis un déploiement beaucoup plus rapide des kits de diagnostic et permet maintenant de développer rapidement des vaccins génétiquement modifiés. Dans leur forme actuelle, les vaccins ont un cycle de développement de 4 à 6 mois et un temps de déploiement d’environ un an. Ils n’aident pas à contenir une épidémie, mais seulement à contenir les infections répétées une fois que l’épidémie s’est éteinte. Dans ce cas-ci, la capacité des Chinois à ralentir la transmission par des mesures drastiques et la confiance de la société chinoise dans son gouvernement ont donné au monde un souffle que nous n’avions pas auparavant. De plus, nous avons également de nouveaux outils de génie génétique pour développer des vaccins beaucoup plus rapidement.
Au lieu d’apprécier les efforts chinois, les principaux médias se sont focalisés sur quelques critiques éparses et les ont amplifiées pour argumenter sur la faillite du système chinois, le socialisme tant redouté – ou l’autoritarisme comme ils l’appellent. Cette approche est complètement déconnectée de ce que disent les autorités sanitaires mondiales. Mais ce n’est pas surprenant. Vous vous souvenez du New York Times ou du Washington Post – soi-disant les sources d’information les plus fiables – et leur bilan sur l’Irak? Ils disaient que Saddam Hussein possédait « sans aucun doute » des armes de destruction massive, même lorsque les inspecteurs de l’ONU avaient déclaré à maintes reprises qu’il n’y avait aucune preuve d’une quelconque arme de destruction massive en Irak, et encore moins d’armes nucléaires. Au lieu de cela, les gâteaux jaunes d’uranium du Niger, le sale dossier du Royaume-Uni, le système privé que Cheney et Rumsfeld avaient développé au sein du système de renseignements… Tout cela a été présenté comme vrai; ou dirions-nous comme de vrais mensonges? Vous vous souvenez que des tubes en aluminium et des laboratoires de test mobiles – oui, ceux dont nous avons besoin pour examiner les gens et même arrêter les épidémies – ont été montrés comme une preuve d’armes de destruction massive en Irak?
L’une des raisons pour lesquelles le nombre de cas est en train de baisser est simplement la discipline du peuple chinois et l’énorme confiance qu’il a manifestée envers son gouvernement. Ils ont suivi les instructions, porté des masques, sont restés confinés, se sont mis en quarantaine s’ils ont été en contact avec une personne suspectée d’infection, ont transmis des informations aux centres de santé et s’y sont rendus quand c’était nécessaire. Les images habituelles des villes de Shanghai et de Pékin particulièrement animées sont maintenant remplacées par celles de rues pratiquement désertes, des centres commerciaux abandonnés et des restaurants vides. Le gouvernement chinois a la confiance de ses citoyens, et c’est cette confiance qui lui verse le dividende social dont il a besoin pour contrôler cette épidémie.
Je voudrais conclure avec ce qu’a déclaré le Dr Ryan de l’OMS lors de la conférence de presse mentionnée ci-dessus: «Personnellement, je pense que moi-même et le Directeur général n’avons jamais vu un engagement d’une telle ampleur dans une riposte épidémique… Le défi est grand, mais la réponse a été massive et le gouvernement chinois mérite un crédit énorme pour cette réponse et pour la transparence avec laquelle il a traité cela. »
Certaines des pierres que les médias occidentaux et les gouvernements lancent contre les Chinois sont racistes. La plupart sont la continuation de la nouvelle guerre froide que Trump et ses collègues ont déchaînée contre la Chine. Et une fois de plus, l’objectivité apparait comme la première victime de la guerre, qu’elle soit chaude ou froide.
Source originale: People Dispatch
Traduit de l’anglais par Investig’Action
Source: Investig’Action
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec