L’Otan perd rapidement le soutien des Européens. Sachant que la confiance dans l’Alliance chute dans les pays qui sont ses principaux membres – en Allemagne et en France.
L’institut de recherche américain Pew Research Center a publié ce 9 février des résultats très intéressants d’un sondage auprès des Européens. En dix ans, la confiance dans l’Otan a baissé en moyenne de 20%. Aujourd’hui, seulement 57% des Allemands et 49% des Français ont une attitude positive envers l’Alliance. Et ces chiffres n’ont rien d’étonnant. Sous sa forme actuelle l’Otan a cessé depuis longtemps de satisfaire les besoins et les intérêts des pays d’Europe occidentale en matière de sécurité et de défense.
Aujourd’hui, l’Alliance est un instrument de maintien de la présence militaire américaine sur le continent. C’est pourquoi le président français Emmanuel Macron a suggéré plusieurs fois de créer une nouvelle structure militaire – une armée européenne. Il s’agirait d’une Otan sans les Etats-Unis et probablement sans la Turquie, dont la perception en Europe est également loin d’être positive.
De son côté, le gouvernement américain réagit très prudemment à l’idée de création d’une armée européenne. Car dans ce cas l’Otan n’aurait plus aucun sens, et la présence militaire des Etats-Unis en Europe serait moins justifiée. C’est pourquoi tous les espoirs de Washington reposent sur les pays d’Europe de l’Est – la Pologne, la Roumanie, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, ainsi que la Norvège et la Suède qui ne fait pas partie de l’Alliance.
C’est dans ces pays que le degré des sentiments antirusses est le plus élevé. Les diplomates américains ont déjà menacé l’Allemagne de transférer les troupes et le matériel en Pologne si les Allemands n’augmentaient pas les dépenses pour la défense, notamment pour l’entretien des bases américaines. Sur fond de ce chantage la détérioration de l’attitude envers l’Alliance en Allemagne est tout à fait logique.
Sans oublier une autre nuance. Les Européens souhaitent de moins en moins se protéger contre la Russie. Par exemple, seulement 41% des Français et 34% des Allemands ont répondu affirmativement à la question de savoir si leurs pays devaient aider un membre de l’Otan attaqué par la Russie. C’est dû au fait qu’aujourd’hui l’Otan inclut des pays très agressifs envers la Russie, comme les pays baltes ou la Pologne, et les Allemands et les Français n’ont aucune envie de se battre pour des provocateurs pro-américains.
De plus, les anciennes revendications territoriales de certains pays européens jouent également un rôle dans l’attitude envers l’Alliance. Par exemple, l’attitude positive affichée par les Etats-Unis et l’Otan vis-à-vis de l’Ukraine. Mais en Hongrie les agissements de Kiev ne suscitent aucune approbation. 67% des Hongrois interrogés ont déclaré que la Hongrie devait reprendre les territoires qui lui appartenaient autrefois. Il est question de la Transcarpatie, un territoire ukrainien aujourd’hui. Les Madiars représentent une grande partie de la population dans certaines communes de la Transcarpatie. Selon les autorités hongroises et la population hongroise, leurs confrères sont discriminés en Ukraine.
Et 60% des Grecs souhaitent également reprendre leur territoire. En l’occurrence, les revendications territoriales sont certainement adressées aux pays voisins qui sont membres de l’Otan. 30% des Allemands interrogés souhaitent le retour de territoires histoires, probablement ceux qui ont été rattachés à la Pologne après la guerre.
De toute évidence, les divergences en Europe sont majeures et ne feront que grandir. Trop nombreuses sont les revendications des pays européens entre eux, vis-à-vis des Etats-Unis et de la direction de l’UE. Sur fond de crise de l’Otan, la Russie pourrait significativement renforcer ses positions en Europe, notamment en France, en Allemagne et en Italie. Dans ces pays il existe des forces politiques conséquentes qui s’opposent aux sanctions antirusses et prônent la sortie de l’Otan.