Terroristes, Iran et… WikiLeaks ? Une agence américaine de contre-espionnage place les « groupes de divulgation publique » sur la même liste qu’Al-Qaïda et Daech.
Source : RT, 11 février 2020
Traduction : lecridespeuples.fr
Le Centre national de contre-espionnage et de sécurité des États-Unis (NCSC) a averti dans son dernier rapport que « les organisations de divulgation publique » et les pirates informatiques constituent de graves menaces d’espionnage, au même niveau que les terroristes de Daech et d’Al-Qaïda, ainsi que l’Iran.
« Des entités à motivation idéologique telles que des hacktivistes, des militants de la transparence et des organisations de divulgation publique » constituent des « menaces importantes » pour les États-Unis, au même niveau que des organisations terroristes non étatiques comme Daech et Al-Qaïda, selon le rapport semestriel du Bureau du directeur du renseignement national sur la stratégie nationale de contre-espionnage, rendu public lundi.
Le rapport évite soigneusement de mentionner WikiLeaks par son nom, mais a fait référence aux « divulgations non autorisées des cyber-outils américains », c’est-à-dire entre autres aux fuites de Vault 7 qui ont révélé que la CIA est capable de déguiser ses propres cyber-intrusions en « hacks étrangers ». Cela suggère que la plateforme lancée par le pirate informatique devenu éditeur Julian Assange (maintenant incarcéré au Royaume-Uni) a pénétré profondément les secrets de la communauté du renseignement américaine.
Le NCSC ne néglige pas les épouvantails préférés du moment, la Russie et la Chine, déclarant dans le rapport que les deux pays utilisent « tous les instruments du pouvoir national pour viser les États-Unis ». Cuba, l’Iran et la Corée du Nord évitent apparemment de recourir à certains de ces instruments dans leurs attaques alléguées contre Washington, car ils sont simplement considérés comme des « menaces importantes » au même niveau que les terroristes, les hacktivistes et les « organisations criminelles transnationales ». L’agence prévient également que « des ressortissants étrangers n’ayant aucun lien formel avec les services de renseignement étrangers » peuvent « voler des données sensibles et de la propriété intellectuelle », bien que la question de savoir pourquoi il s’agirait d’une priorité pour une agence nationale de renseignements et non pour les organismes & entreprises affectés n’est pas expliquée.
Blâmant le « paysage technologique en constante évolution » pour avoir créé des ennemis capables « d’éroder l’avantage économique, militaire et technologique des États-Unis dans le monde », le rapport suggère que les « technologies émergentes » comme l’Intelligence Artificielle, le chiffrement et l’Internet des objets bénéficieront aux adversaires des Américains plus qu’aux États-Unis. Cela peut bien sûr être évité à condition que le secteur privé et « un public informé » s’associent avec le gouvernement régional, local et fédéral pour agir comme une machine de collecte d’informations monolithique.
Bien que le rapport soit en retard de quelques années (une loi de 2002 oblige le NCSC à produire un rapport au moins une fois tous les trois ans, et le dernier a été publié en 2015), les priorités de l’agence n’ont pas changé dans un sens révolutionnaire, et aucune raison de ce retard n’est mentionnée. Les « infrastructures critiques » et les « chaînes d’approvisionnement clés » doivent être protégées à tout prix, tandis que les « institutions et processus démocratiques » doivent être défendus contre « l’influence étrangère » afin de « préserver notre culture d’ouverture ».
Cependant, la section sur « la défense de la démocratie américaine contre l’influence étrangère » recommande aux États-Unis « d’approfondir les partenariats existants et de les développer », Washington étant apparemment confiant que ses alliés qui se sont fait prendre maintes fois à manipuler ouvertement les élections d’autres pays (comme Israël) ne tourneront pas leurs compétences contre l’oncle Sam. Peut-être plus ironique encore est le fait qu’une agence d’espionnage appelle à « préserver notre culture d’ouverture » tout en dénonçant les « organisations de divulgation publique » comme une menace pour le mode de vie américain au même titre que Daech. C’est une preuve supplémentaire que Washington n’a pas besoin d’aide étrangère pour semer la méfiance à l’encontre de ses propres institutions.
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