Toujours plus bas dans l’abjection : Israël se cache derrière des avions civils pour frapper la Syrie

Toujours plus bas dans l’abjection : Israël se cache derrière des avions civils pour frapper la Syrie

Par Finian Cunningham

Source : Sputnik, le 8 février 2020

Traduction : lecridespeuples.fr

Non seulement Israël bombarde la Syrie voisine dans des actes d’agression manifestes, qui constituent le crime suprême selon le tribunal de Nuremberg, mais l’armée de l’air israélienne aggrave sa criminalité en utilisant des avions de ligne civils pour couvrir ses attaques.

Telle est du moins l’évaluation du ministère russe de la Défense, qui déclare que le 6 février à l’aube, les données de vol indiquent qu’un raid aérien de quatre avions de combat israéliens F-16 près de Damas a délibérément mis en danger un avion de ligne civil avec 172 passagers à bord.

Le porte-parole du ministère de la défense russe, le major-général Igor Konashenkov, a déclaré que les avions israéliens s’étaient cachés derrière le signal radar d’un Airbus A-320 à l’approche de l’aéroport international de Damas afin de lancer des frappes aériennes sur des cibles proches de la capitale syrienne.

Ce n’est que grâce à l’habileté des opérateurs de la défense aérienne syrienne que l’avion de ligne a été correctement identifié et escorté hors de la ligne de tir. L’avion a été dérouté sur la base aérienne russe de Hmeimim, plus au nord, pour pouvoir réaliser un atterrissage en toute sécurité .

Israël a une politique cynique consistant à ne pas confirmer ni infirmer que ses forces mènent des opérations offensives. Sa version de l’histoire reste donc officiellement ambiguë. Cependant, les commandants israéliens ont admis avoir effectué des centaines de frappes aériennes sur le territoire syrien au cours des deux dernières années.

Le porte-parole de l’armée russe, Konashenkov, a déclaré que ce qui s’est passé cette semaine était un stratagème « typique » utilisé lors des raids aériens israéliens. Il a déclaré que l’armée de l’air israélienne mettait sciemment des civils en danger en les utilisant comme « boucliers » pour leurs opérations offensives.

Les implications sont épouvantables. Non seulement Israël viole le droit international et la souveraineté syrienne en menant des actes d’agression avec ses frappes aériennes, mais l’État juif utilise également de facto des avions civils comme otages dans les airs. Il semble que le calcul cynique des Israéliens consiste à parier sur le fait que les systèmes de défense aérienne syriens s’abstiendront de prendre des mesures défensives afin d’éviter des pertes civiles. Les Israéliens peuvent ainsi lancer librement leurs frappes aériennes illégales tout en utilisant des boucliers humains dans les airs.

Ce n’est en aucun cas la première fois que les Israéliens utilisent un stratagème aussi ignoble. La Russie affirme que récemment, d’autres avions de ligne civils ont été exploités de la même manière par des avions de combat israéliens pour permettre des frappes sur la Syrie.

En outre, en septembre 2018, Moscou a accusé Israël d’avoir délibérément mis en danger un avion de reconnaissance russe, ce qui a entraîné la mort de ses 15 membres d’équipage. À cette occasion, des F-16 israéliens avaient sciemment volé derrière le signal radar d’un avion IL-20 alors qu’il approchait de la base aérienne de Hmeimim, puis a tiré des missiles sur le territoire syrien. Les défenses aériennes syriennes ont confondu l’IL-20 avec une cible ennemie et abattu l’avion de reconnaissance, avec des résultats tragiques.

Israël a nié à cette occasion avoir utilisé l’avion espion russe comme leurre. Les Israéliens ont cherché à blâmer les Syriens pour leurs prétendue incompétence dans leurs opérations de défense. Moscou, cependant, n’a accepté aucune des excuses israéliennes et a condamné Tel-Aviv pour avoir sacrifié des vies russes. La Russie a ensuite réagi en modernisant les défenses aériennes syriennes alliées avec le système S-300.

Peut-être que cette mise à niveau du S-300 a été un facteur expliquant pourquoi l’avion de ligne civil a pu être épargné par les tirs de la défense aérienne syrienne.

Quoi qu’il en soit, ce qui doit être dénoncé, c’est le comportement absolument honteux d’Israël. En premier lieu, il n’a pas le droit de lancer des frappes aériennes sur la Syrie. D’innombrables attaques de ce type se sont produites durant ces dernières années. Les allégations israéliennes concernant le fait de frapper des « cibles iraniennes » en Syrie sont nulles et non avenues et indéfendables en vertu du droit international. Les frappes israéliennes sont des actes d’agression purs et simples.

Comme si cela ne suffisait pas, nous voyons maintenant Israël systématiquement utiliser des avions de ligne civils de manière lâche et vile en guise de protection, afin que ses avions de guerre puissent commettre leurs crimes d’agression impunément.

Si un autre État faisait une telle chose, les médias occidentaux le dénonceraient et le vilipenderaient immédiatement de manière accablante. Tout autre État serait condamné dans le monde entier comme un paria terroriste voyou. L’ONU serait inondée de résolutions imposant des sanctions sévères contre cet Etat.

Le double standard avec lequel sont traités Israël et l’Iran, par exemple, est stupéfiant et écœurant.

Une autre hypocrisie étonnante est la façon dont la Syrie est sanctionnée à gauche, à droite et au centre par l’Union européenne. Le pays arabe déchiré par la guerre n’est pas en mesure d’importer des médicaments essentiels en raison des sanctions de l’UE. Pourtant, l’UE ne fait rien pour condamner et sanctionner Israël pour ses violations éhontées du droit international.

La question « Jusqu’où va-t-on descendre ? » ne s’applique pas seulement à Israël, mais aussi aux médias occidentaux et aux partisans internationaux de la politique d’Israël, principalement le gouvernement américain et ses vassaux européens.

La Russie pourrait également repenser sa position vis-à-vis d’Israël la prochaine fois que le Premier ministre Benjamin Netanyahou souhaitera être reçu à Moscou.

Jusqu’à ce qu’Israël commence à se conformer au droit international, il devrait être traité avec froideur et mépris. L’événement infâme de cette semaine, qui a mis en danger un avion de ligne civil, devrait être considéré comme la goutte qui fait déborder le vase, et amener la communauté internationale à cesser de traiter Israël comme s’il s’agissait d’un Etat normal.

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Ambassadeur russe en Syrie : les frappes israéliennes en Syrie ciblent des zones civiles et augmentent les risques de conflit

Alexander Yefimov, ambassadeur de Russie en Syrie, qualifie les raids visant l’Iran et ses alliés de « provocateurs et très dangereux », et déclare que les frappes israéliennes « menacent la vie de civils innocents »

Source : Times of Israel, le 10 février 2020

Traduction : lecridespeuples.fr

Lundi 10 février, l’ambassadeur de Russie en Syrie, Alexander Yefimov, a condamné Israël pour ses frappes en Syrie, dont la dernière aurait tué plus de 20 responsables militaires syriens et iraniens.

« Les raids israéliens sont, bien sûr, provocateurs et très dangereux pour la situation en Syrie », a déclaré Yefimov dans une interview à Sputnik Arabic. « Les missiles [israéliens] tombent non seulement dans les zones frontalières avec Israël, mais atteignent également des zones profondes en Syrie, dans l’est du pays et même dans les zones résidentielles de Damas. Des civils sont malheureusement victimes de ces raids. »

Faisant écho à une accusation formulée par le ministère de la Défense russe, Yefimov a déclaré : « Un incident flagrant s’est produit lors de l’attaque israélienne dans la nuit du 6 février, lorsqu’un avion transportant 172 passagers a été sous le feu de la défense aérienne syrienne lors de la riposte. Il est heureux que les Syriens aient pu rediriger cet avion de ligne vers la base aérienne de Hmeimim au moment opportun. »

« En plus de la violation flagrante de la souveraineté syrienne et de la menace réelle pour la vie de personnes innocentes, tout cela augmente les risques de conflit en Syrie et va à l’encontre des efforts pour parvenir à la stabilité et à un règlement politique », a-t-il ajouté.

Israël n’a pas spécifiquement admis avoir effectué des frappes sur plusieurs cibles près de Damas dans les heures avant l’aube de jeudi matin, qui auraient tué 23 combattants.

Mais les médias d’Etat syriens ont blâmé Israël, et au cours du week-end, le ministre israélien de la Défense, Naftali Bennett, a apparemment confirmé que la frappe était israélienne, affirmant que l’Etat juif avait mené une attaque la semaine dernière et notant : « Les médias étrangers ont rapporté cette semaine que 23 Syriens et Iraniens y ont été tués. Ce sont de grands nombres, et nous causerons encore plus de victimes à l’avenir. »

Israël et la Russie ont coordonné leurs efforts militaires en Syrie ces dernières années, afin d’éviter les frictions et les conflits accidentels. Les responsables israéliens ne discutent généralement pas de toute l’étendue de cette coordination, mais ils soulignent que l’armée israélienne ne demande pas l’autorisation russe avant de mener des opérations.

Moscou a accusé les Forces de défense israéliennes d’utiliser l’avion civil comme bouclier lors de son attaque jeudi.

L’armée russe a déclaré qu’un Airbus-320 civil avec 172 passagers à bord tentait d’atterrir à l’aéroport de Damas lors des frappes israéliennes, mais a été contraint d’atterrir sur la base aérienne russe de Hmeimim.

Les données de vol à partir du moment approximatif de l’attaque ont indiqué que l’avion était exploité par la compagnie aérienne syrienne Cham Wings. L’avion a presque été touché par les défenses aériennes syriennes lors de l’attaque, selon le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konashenkov.

« Ce n’est que grâce aux actions rapides des opérateurs à l’aéroport de Damas et au travail efficace du système automatisé de surveillance du trafic aérien que l’Airbus-320 a été escorté hors de la zone de danger et aidé à atterrir avec succès sur un aérodrome de la base aérienne russe de Hmeimim », a-t-il expliqué d’après TASS.

Konashenkov a dénoncé ce qu’il disait devenir une « pratique typique » d’Israël d’utiliser des avions civils comme « bouclier » contre les défenses aériennes syriennes, se référant apparemment à un incident en 2018, lorsque l’armée syrienne a abattu un avion de renseignements russe en répondant à une frappe israélienne dans l’espace aérien syrien.

La Russie a déclaré plus tard qu’Israël était responsable de cet incident, au cours duquel 15 membres d’équipage ont été tués, affirmant que les avions de l’armée de l’air israélienne avaient utilisé l’avion russe comme bouclier. Dans ce cas, l’armée israélienne a catégoriquement nié l’allégation selon laquelle des avions de Tsahal auraient utilisé l’avion espion comme bouclier, et des analystes de la défense ont également mis en doute la faisabilité d’une telle manœuvre. Néanmoins, l’incident a provoqué un important conflit diplomatique entre Moscou et Tel-Aviv.

Selon l’agence de presse d’Etat syrienne SANA, les frappes de jeudi ont visé le district d’al-Kiswah, une zone à l’extérieur de Damas qu’Israël a reconnu avoir frappé dans le passé en raison de son utilisation comme base d’opérations iranienne, ainsi que Marj al-Sultan et Jisr Bagdad.

Au total, au moins trois positions gouvernementales et iraniennes près de Damas et à l’ouest de la capitale ont été ciblées, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Israël affirme depuis longtemps qu’il ne tolérera pas les efforts de l’Iran, un allié majeur du Président syrien Bachar al-Assad, d’établir une présence militaire permanente en Syrie, et prendra des mesures pour contrecarrer un tel retranchement. Israël accuse l’Iran de chercher à établir une présence militaire en Syrie qui pourrait être utilisée comme rampe de lancement pour des attaques contre l’État juif.

Bien que les responsables israéliens s’abstiennent généralement d’assumer la responsabilité de frappes spécifiques en Syrie, ils ont reconnu avoir mené des centaines de raids dans le pays depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011.

A en croire les déclarations de l’armée et des responsables politiques, ceux-ci ont été massivement dirigés contre l’Iran et ses mandataires, notamment le groupe libanais du Hezbollah, mais Tsahal a également mené des frappes sur les défenses aériennes syriennes lorsque ces batteries ont tiré sur des avions israéliens. Ces derniers mois, Tsahal a également confirmé avoir mené des opérations en Irak contre les efforts de retranchement iraniens là-bas. Pour sa part, le gouvernement syrien accuse Israël d’être l’aviation des groupes terroristes armés et de les assister dans leurs offensives.

Les frappes signalées dans les premières heures de jeudi matin sont survenues un peu plus d’un mois après le meurtre du chef de la Force iranienne Quds, Qassem Soleimani, lors d’une frappe de drones américaine. Soleimani était considéré comme l’architecte du projet iranien de s’implanter en Syrie.

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