Source : Middle East Monitor, le 28 janvier 2020
Traduction : lecridespeuples.fr
Une version du Coran traduite en hébreu et approuvée par les autorités saoudiennes comporte plus de 300 erreurs.
Il a été constaté qu’une traduction du Saint Coran en hébreu, approuvée par les autorités saoudiennes, contient plus de 300 erreurs, dont un certain nombre contribuent à soutenir le récit d’Israël sur sa revendication de la Palestine et de la mosquée Al-Aqsa.
Parmi les erreurs les plus graves, découvertes par l’agence de presse palestinienne Shehab, l’omission du nom du prophète Mahomet (psl), qui est pourtant mentionné au moins quatre fois dans le texte sacré musulman. Tout aussi grave est la traduction de la mosquée Al-Aqsa en « Le Temple », qui est le nom juif du lieu saint musulman.
Le site internet du Complexe Roi Fahd pour l’Impression du Saint Coran, qui produit environ dix millions d’exemplaires du Coran chaque année dans 74 langues différentes, a diffusé cette version falsifiée sur son site internet.
En réponse à des questions sur ces erreurs de traduction manifestes, le complexe Roi Fahd a déclaré que les préoccupations avaient été soumises à « l’autorité compétente au sein du Complexe et attend la procédure appropriée de la direction, qui interviendra après vérification et étude ».
Une copie de la traduction a été mise à la disposition du public au format PDF jusqu’à samedi soir dernier, avant la publication par Shehab d’une vidéo signalant les erreurs.
Dans la vidéo, un chercheur sur les affaires israéliennes, Aladdin Ahmed, sonne l’alarme sur de nombreuses traductions incorrectes, dont beaucoup contiennent de sérieuses implications doctrinales. Le nom de la mosquée Al-Aqsa a été remplacé dans le septième verset de la sourate Al-Isra (17ème sourate), qui raconte l’événement miraculeux au cours duquel le Prophète Muhammad est transporté de La Mecque à Jérusalem, et constitue l’un des éléments les plus déterminants de la sacralité de la ville sainte pour les musulmans (après le fait qu’il s’agisse de la première qibla, ou direction vers laquelle se tournent les musulmans pour prier).
La traduction hébraïque contient une parenthèse à côté de la traduction de la mosquée Al-Aqsa en « Le Temple » dans laquelle il est indiqué que c’est le même endroit que celui où se trouve le temple du Prophète Salomon.
Les musulmans sont très susceptibles de voir cela comme une mauvaise traduction dangereuse, donnant l’impression que le texte saint islamique lui-même approuve une lecture juive fondamentaliste de l’histoire, tout en justifiant en même temps la tentative d’Israël de démolir le lieu saint afin de reconstruire l’ancien temple.
Peu de personnes sont susceptibles de voir cette lecture « judaïsée » du Coran comme une simple coïncidence. Les relations saoudo-israéliennes sont à la croisée des chemins en ce moment. Sous l’impulsion du prince héritier Mohammed Bin Salman (MBS), le royaume semble avoir ouvertement tourné le dos aux Palestiniens en signalant qu’il est prêt à une normalisation politique avec Tel-Aviv, même si cela signifie l’abandon complet des Palestiniens.
De fait, ce sont les Saoudiens qui ont dirigé l’Initiative de paix arabe en 2002, offrant une normalisation complète avec Israël en échange d’un retrait total des territoires occupés (y compris Jérusalem-Est) et d’un « règlement juste » du problème des réfugiés palestiniens fondé sur Résolution 194 de l’ONU.
La capacité d’Israël à forger de nouvelles relations avec les Saoudiens sans avoir accédé à la moindre des revendications de l’initiative arabe a été présentée par le Premier ministre Benjamin Netanyahou comme une victoire pour lui et une démonstration de la force d’Israël dans la région.
Israël a été accusé d’avoir effacé le lien entre l’Islam et le Christianisme à Jérusalem dans le but de cimenter sa revendication exclusive sur le territoire occupé. En plus de faire passer des lois réduisant les non-Juifs au statut de citoyens de seconde zone en déclarant qu’Israël est un État juif, les législateurs de Tel-Aviv ont également interdit l’appel musulman à la prière, et bloquent, humilient et agressent régulièrement les fidèles dans les lieux saints.
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