par Philippe Rosenthal
S’exprimant avant une vidéoconférence entre les dirigeants du G7 de ce vendredi – la première réunion multilatérale entre Joe Biden et ses homologues européens – Emmanuel Macron a présenté dans un entretien donné au Financial Times un programme international particulièrement ambitieux pour relancer l’Onu et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par un réengagement de la Chine et de la Russie, tout en critiquant toujours le rôle actuel de l’Otan.
Le président français a dénoncé le manque de coopération de certaines nations: «Nous avons conçu de nouvelles formes de multilatéralisme dans le monde plus troublé de ces dernières années, marqué par de nouvelles tensions géopolitiques et la non-coopération de certaines grandes puissances». Evoquant les engagements à travailler avec des organisations internationales qui évalueraient l’engagement des Etats-Unis ainsi que la volonté de la Chine de renouveler la coopération internationale, Emmanuel Macron a ajouté qu’il était optimiste quant à une résolution du différend commercial entre les Etats-Unis et l’UE dans lequel Donald Trump a imposé des droits de douane à ses alliés français et européens que l’administration Joe Biden n’a pas encore annulé.
La réforme de l’Otan. «L’Otan avait encore besoin d’être réinventée», a-t-il redit aux journalistes du Financial Times car «personne ne peut me dire que l’Otan d’aujourd’hui est une structure qui, dans ses fondations, est toujours d’actualité» puisqu’elle a été «fondée pour faire face au Pacte de Varsovie» et «il n’y a plus de pacte de Varsovie».
Le site Atlantic Council a déjà indiqué au début du mois de février 2021 que le président français gardait sa vision d’avoir une autonomie militaire européenne car «l’autonomie stratégique européenne, a-t-il affirmé, «est définitivement dans l’intérêt des Etats-Unis» car, toujours selon le leader de la France, «plus l’Europe s’engage à défendre, à investir et à faire partie de la protection de son voisinage, plus elle est importante pour les Etats-Unis également, car il s’agit d’un partage [équitable] des charges».
Ainsi, se présentant comme le grand réformateur des instances internationales, il reste fidèle à ses positions quand il disait dans la revue Le Grand Continent le 12 novembre 2020 que «les Etats-Unis ne nous respecteront en tant qu’alliés que si nous sommes sérieux avec nous-mêmes, et si nous sommes souverains avec notre propre défense», signalant, déjà alors, que «nous avons besoin de continuer à bâtir notre autonomie pour nous-mêmes, comme les Etats-Unis le font pour eux, comme la Chine le fait pour elle».
La réforme de l’OMC. Le chef de l’Etat français a insisté sur «un autre élément d’un multilatéralisme» qui était «le réengagement et la réforme d’institutions qui avaient été »bloquées collectivement »». Il a ainsi dit dans l’entretien que les principales économies devaient travailler au sein de l’OMC afin qu’elle puisse «réinventer le commerce du XXIe siècle», en respectant les engagements sociaux et environnementaux tout en résolvant les différends plus rapidement, en rajoutant qu’une OMC redémarrée «est peut-être un moyen de pacifier les relations avec la Chine».
La réforme de l’Onu. Celui qui courtise Angela Merkel dans la politique a fermement dénoncé le travail de l’Onu, en déclarant que le Conseil de sécurité de l’Onu «ne fonctionne plus» comme moyen pour résoudre les grandes crises régionales et que ses membres permanents étaient «fous» de lui avoir permis d’être déplacé par des formats régionaux concurrents mais qu’ un Conseil relancé pourrait devenir un moyen d’éviter une escalade des tensions entre les Etats-Unis et la Chine.
Emmanuel Macron, cependant, n’était pas sûr de savoir si la Chine coopérerait. Il a déclaré que la France, le Royaume-Uni et la Russie – les trois autres membres permanents – sont tous favorables au réengagement pour «créer une nouvelle zone de coopération avec la Chine, si la Chine le souhaite», soulignant que «c’est une question ouverte» et que «si la Chine, dans les six prochains mois, ne veut pas coopérer dans ces structures, elle aura fait son choix».
Relations avec la Russie. Dans cet entretien au Financial Times , le président de la France a également défendu sa tentative jusqu’ici infructueuse, depuis 2017, de raviver les relations avec Moscou en expliquant que «ni la Russie et ni l’Occident ont digéré la fin du communisme» tout en mettant en garde qu’ «on continue parfois à lutter contre une idéologie ou une organisation qui n’existe plus avec une logique géopolitique qui n’existe plus et qui a continué à fracturer l’ Europe».
Terminant, cependant, sur une note d’optimiste, Emmanuel Macron a terminé son entretien en disant que «nous devons admettre que cela prend du temps et [qu’] il continuera à y avoir des désillusions».
source:http://www.observateurcontinental.fr
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