Paris a fait part de ses réserves le 18 septembre à la suite des accusations de Washington selon lesquelles le Hezbollah aurait multiplié les «caches de nitrate d’ammonium» dans plusieurs pays européens, dont la France, semblant suggérer un possible lien entre le mouvement chiite libanais et la récente explosion meurtrière au port de Beyrouth, provoquée par cette substance.
Ce genre de caches ont été trouvées dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, la Grèce, la France, l’Italie et plusieurs autres
La France, à qui les Etats-Unis reprochent de dialoguer avec la branche politique du Hezbollah pour tenter de sortir le Liban de la crise dans laquelle le pays est plongé, s’est montrée pour sa part très dubitative quant à de tels agissements sur son territoire.
«Aucun élément tangible ne permet de confirmer une telle allégation en France aujourd’hui à notre connaissance», a déclaré le 18 septembre la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll.
Et d’ajouter : «Toute activité illégale commise par une organisation étrangère sur notre territoire serait sanctionnée par les autorités françaises avec la plus grande fermeté.»
Des activités du Hezbollah «encore en cours» en Europe, selon Washington
«Depuis 2012, le Hezbollah a établi des caches de nitrate d’ammonium à travers l’Europe, en transportant des kits de premiers secours dont les poches de froid instantané contiennent cette substance», avait annoncé le coordinateur américain pour le contre-terrorisme, Nathan Sales, le 17 septembre lors d’une conférence dont la transcription a été transmise le lendemain à l’AFP.
«Ce genre de caches ont été trouvées dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, la Grèce, la France, l’Italie», a-t-il ajouté, avant d’évoquer des passages de ce produit par la Belgique, l’Espagne et la Suisse.
Nathan Sales a ensuite précisé que certains de ces stocks avaient été «détruits».
«Nous avons des raisons de croire que cette activité est encore en cours», a fait savoir le diplomate américain, expliquant que Washington soupçonnait que de telles caches étaient encore présentes au moins jusqu’en 2018, «probablement en Grèce, en Italie et en Espagne».
«Et comme nous l’avons tous vu lors de l’explosion du port de Beyrouth, le nitrate d’ammonium est une substance vraiment dangereuse», a-t-il poursuivi.
Les Etats-Unis demandent une enquête exhaustive sur l’explosion de Beyrouth
Le 4 août, une puissante déflagration survenue dans le port de la capitale du Liban a fait 191 morts et soufflé des quartiers entiers. Les autorités ont affirmé qu’elle avait été provoquée par une cargaison de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockée depuis plus de six ans «sans mesures de précaution» dans un entrepôt du port, après avoir été saisie sur un bateau parti de Géorgie à destination du Mozambique.
Le nitrate d’ammonium est un sel blanc inodore utilisé comme base de nombreux engrais azotés sous forme de granulés.
Les causes précises ayant provoqué la déflagration demeurent inconnues.
Les Etats-Unis font-ils désormais un lien entre l’explosion et le Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste par Washington ? Nathan Sales est resté évasif, mais a laissé planer cette possibilité.
«Voilà ce que nous savons : nous savons que le Hezbollah a stocké des quantités énormes de nitrate d’ammonium en Europe», a-t-il dit. Avant de poursuivre : «Nous connaissons aussi, d’après ce que nous avons vu à Beyrouth, la puissance vraiment destructrice du nitrate d’ammonium, capable d’infliger des destructions massives quand il est utilisé en tant qu’explosif.»
«C’est pourquoi les Etats-Unis demandent une enquête exhaustive, ouverte, transparente et approfondie sur l’explosion de Beyrouth, dont nous espérons voir les résultats rapidement», a-t-il insisté.