Petit rappel historique sur les pratiques de nos « élites » qui ne datent pas d’hier. La qualification de « ballets roses », qui faisait la une des journaux, énigmatique pour les adolescents que nous étions mettait les parents mal à l’aise quand nous demandions de quoi il s’agissait exactement.
Quelques années plus tard lorsqu’on a parlé de « ballets bleus » à propos d’une autre affaire nous savions à quoi nous en tenir !
Depuis il semble qu’il soit beaucoup plus difficile de mettre à jour de telles histoires dont les victimes se multiplient dans la quasi indifférence des institutions en charge qui vont jusqu’à nier l’existence de réseaux criminels spécialisés harcelant au contraire les lanceurs d’alerte.
La France apprend dans la presse que des notables et des responsables politiques, dont le président de l’Assemblée nationale, organisent des parties fines avec des jeunes filles mineures. Elles sont « ramassées » par un ancien policier dans des familles pauvres qui les amène ensuite dans un bâtiment de la République. L’opinion publique est divisée. Certains crient au scandale tandis que d’autres s’amusent de la situation et vont même jusqu’à reprocher aux jeunes filles d’être des débauchées. La justice elle-même ne condamnera que très légèrement les personnes impliquées dans l’affaire. Leur chef de file sera quasiment innocenté par souci de ne pas « accabler un vieil homme ».
Le 10 janvier 1959 est dévoilé le scandale pédophile des « ballets roses » de la République.
Ce jour-là, un article du journal Le Monde révèle la mise sous mandat de dépôt d’un policier accusé de détournement de mineures.
L’homme recrutait des jeunes filles de 14 à 20 ans qu’il offrait aux appétits sexuels de notables et d’hommes politiques.
A l’époque, l’âge de la majorité est de 21 ans.
Le policier se rendait dans des familles modestes, voire même dans des maisons de correction. Il promettait aux jeunes filles, qui rêvaient de devenir danseuses ou mannequins, de leur faire rencontrer des hommes d’influence qui pourraient leur faciliter leur carrière. Il avait parfois l’accord des parents.
Il les emmenait ensuite au Pavillon du Butard, à La Celle-Saint-Cloud, dans les Yvelines. Le bâtiment était mis à la disposition des présidents de l’Assemblée nationale.
Des suspects influents.
Quelques noms sortent dans la presse, dont celui d’André le Troquer, président de l’Assemblée nationale en fonction.
L’homme dispose d’une véritable aura. C’est un ancien résistant proche de De Gaulle, mutilé de la guerre de 1914, député SFIO et ancien avocat de Léon Blum.
Il crie au scandale. Clame son innocence. Selon lui, c’est un complot orchestré par la droite gaulliste, alors au pouvoir.
Mais les témoignages s’accumulent, glaçants.
L’horreur commise au sein même des institutions.
Les jeunes filles racontent avoir été obligées de danser nues, d’avoir des relations sexuelles et même d’avoir été flagellées par ces messieurs de la République.
Elles devaient parfois apprendre une chorégraphie mise au point par Elisabeth Pinajeff, une fausse comtesse roumaine et maîtresse de Le Troquer.
Le journal France Soir invente alors l’expression de « Ballets roses » de la République.
L’opinion publique est divisée.
La France est alors divisée. Certains sont scandalisés tandis que d’autres s’enquièrent de l’affaire avec un regard amusé. Après tout, selon eux, ce ne sont que quelques messieurs qui se sont divertis avec des nymphettes débauchées.
Le procès, qui s’ouvre devant le tribunal correctionnel de Paris plutôt que les assises, se tient à huis clos.
Vingt-trois prévenus se succèdent à la barre. Les peines iront jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ferme.
André Le Troquer s’en sort, lui, avec un an de prison avec sursis et une amende de 9 000 nouveaux francs.
Selon le juge, ce verdict modéré est justifié par la reconnaissance d’un « long passé de services rendus » et le souci de ne pas « accabler un vieil homme ».
Source : Echelle de Jacob
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