« Si l’on dit que le monde moderne subit une crise […], c’est qu’il est parvenu à un point critique […], qu’une transformation plus ou moins profonde est imminente, qu’un changement d’orientation devra inévitablement se produire à brève échéance, de gré ou de force, d’une façon plus ou moins brusque, avec ou sans catastrophe. » Ainsi René Guénon nous présente-t-il, sous forme d’avertissement, la finalité et le sens des propos tenus dans cet ouvrage qui approfondit et précise certains points déjà évoqués ailleurs, poussé par l’accélération des événements et les confusions qu’il détecte chez ses contemporains. Nous étions en 1927. L’accélération s’est poursuivie et les confusions ont atteint un degré tel que nous ne pouvons être bien éloignés de ce moment, marquant la fin de l’âge sombre, où un changement d’orientation devient inévitable.
Critique de l’hégémonie occidentale, du capitalisme, de l’idée de progrès inéluctable, de la démocratie, sa condamnation va bien au-delà de celle des aspects matériels ou organisationnels de nos sociétés occidentales, car ils ne sont que le reflet de l’abandon de toute spiritualité, de tout principe supérieur. L’incompréhension mutuelle qui grandit entre ceux qui se réclament du « monde moderne » et les civilisations traditionnelles, du fond de l’Orient jusqu’à la Russie redevenue chrétienne, provient de cet abandon de nos racines propres, de notre oubli du monde de l’esprit. Il devient alors de plus en plus urgent de comprendre que ce n’est qu’en renouant avec lui que nous pourrons renouer avec les autres – et avec nous-mêmes.
René Guénon (1886-1951) est un intellectuel et auteur français qui s’initia à différentes spiritualités : après une brève fréquentation des cercles occultistes et une initiation à la franc-maçonnerie, il forgea l’essentiel de sa doctrine chez des maîtres hindous, avant de se convertir au soufisme. Il a écrit de nombreux ouvrages dont Orient et Occident, Le Roi du monde et Le Règne de la quantité et les signes des temps.
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