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Campagne de dons Octobre 2022
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par Chems Eddine Chitour.
« Je ne sais pas comment on fera la Troisième Guerre mondiale, mais je sais comment on fera la quatrième : avec des bâtons et des silex. » (Albert Einstein)
Résumé
Le 26 septembre, les gazoducs Nord Stream 1 et 2 ont été dynamités, envenimant encore plus les rapports de l’Occident. Les accusations réciproques continuent d’alimenter les théories du chaos aidés en cela par des médias capables de toutes les engeances. Pourtant, l’historique de la vision américaine ne veut pas de ces gazoducs se voulant le seul fournisseur obligatoire de l’Europe amenant in fine à la destruction des pays européens et surtout celle de l’Allemagne qui a beaucoup investi dans une stratégie gazière. Le langage devient de plus en plus guerrier et pour la première fois, on parle d’une façon décomplexée de bombe. Nous approchons, à Dieu ne plaise, d’un point de non-retour synonyme de chaos puisque la contrainte no first use (pas d’utilisation en premier) de la bombe semble être remise en cause, ce qui avait permis à l’époque l’équilibre de la terreur du temps de l’Empire soviétique et une certaine sécurité du monde.
Introduction
Le 26 septembre, plusieurs explosions ont endommagé les deux gazoducs Nord Stream 1 et 2 au sud-est de l’île danoise de Bornholm. Un « acte de terrorisme international », a dénoncé le président russe, pointant du doigt les puissances anglo-saxonnes. Quelle est la résistance d’un tuyau Nord Stream ? Très forte ! Le tuyau en acier lui-même a une paroi de 4,1 centimètres (1,6 pouce), et il est recouvert de 6 à 11 cm de béton armé. Chaque section de la canalisation pèse 11 tonnes, et ce poids passe à 24-25 tonnes après l’application du béton. Il s’agissait de plusieurs explosions massives et bien ciblées. Les services de sécurité russes ont ouvert une enquête pour « acte de terrorisme international ». L’OTAN a dénoncé des « actes de sabotage délibérés ». Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni sans résultat tangible.
« Pour l’histoire, lit-on dans le journal Le Grand Soir, en 2021, alors que Nord Stream 2 était encore en construction, la marine polonaise était intervenue et avait mis en danger les navires de pose de tuyaux au même endroit. Au cours de la récente crise ukrainienne, la Pologne a refusé de recevoir du gaz russe. Elle a fermé le gazoduc Yamal qui transporte le gaz naturel de la Russie vers l’Allemagne. La Pologne a continué à consommer du gaz russe. Elle l’a reçu de l’Allemagne qui l’avait reçu par le gazoduc Nord Stream 1 de la Russie. La Pologne et le Danemark ont construit un nouveau gazoduc sous-marin qui le relie au gazoduc qui achemine le gaz norvégien vers les Pays-Bas saboté. Le pipe de la Baltique a une capacité de seulement 10 milliards de mètres cubes par an. Le système Nord Stream pourrait transporter jusqu’à 110 milliards de mètres cubes par an ».
Une question demeure : qui en est coupable ?
Pendant des décennies, les États-Unis se sont opposés aux projets européens visant à recevoir de l’énergie de la Russie. Ils veulent que l’Europe achète du pétrole et du gaz étasunien, plus cher. Le plan des EU a toujours été d’empêcher l’UE d’acheter le gaz russe. Déjà en 2014, les États-Unis avaient menacé de désactiver les pipelines reliant l’Europe à la Russie. Le président Biden : « Si la Russie nous envahit… alors il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin ». « Mais comment allez-vous faire, exactement, puisque… le projet est sous le contrôle de l’Allemagne ? » « Je vous promets que nous serons en mesure de le faire ».
La Russie n’a aucune raison de détruire les pipelines qu’elle possède. Il s’agit d’actifs précieux à long terme et le gaz qui s’en est échappé hier valait à lui seul quelque 600 à 800 millions de dollars. Un gazoduc qui pouvait être fermé et rouvert constituait pour la Russie un moyen de pression qui lui donnait un certain pouvoir de négociation. Un gazoduc détruit ne donne aucun moyen de pression à la Russie. C’est vraiment élémentaire. On ne peut pas faire abstraction de cela. Pendant la guerre en Ukraine, la Russie n’a pas cessé de livrer du gaz à l’Europe comme convenu contractuellement. Au contraire, les pays européens, la Pologne, l’Ukraine et l’Allemagne ont bloqué les pipelines terrestres et sous-marins qui acheminaient le gaz vers l’Allemagne. Qui fait pression sur l’Europe depuis des années pour que Nord Stream soit abandonné ? – Les États-Unis – Qui a menacé de détruire Nord Stream 2 ? – Les États-Unis – Qui vendra du gaz à l’Europe si les gazoducs sont endommagés ? – Les États-Unis.
Les deux perdants : la Russie et l’Allemagne
Qui a organisé le sabotage ? Alors quel est l’intérêt pour la Russie de couper son principal moyen de pression et de discorde sur l’UE à l’approche de l’hiver ? Les deux perdants sont l’Allemagne et la Russie dans cette affaire. Par contre, c’est jackpot pour le gaz de schiste américain. Pour savoir qui a commis le crime, nous devons comprendre à qui il profite. N’oublions pas que l’Union soviétique ou la Russie n’ont jamais manqué à leurs devoirs contractuels, même dans les pires périodes de sanctions. D’ailleurs, depuis le début du conflit, l’Ukraine continue à percevoir les dividendes concernant le transit du gaz russe sur son territoire. Pourquoi le gouvernement russe prendrait cette décision alors que ce gaz leur permet de s’enrichir encore plus surtout qu’il a investi avec l’Allemagne avec consortium pas moins de 10 milliards d’euros ?
En réalité, les seuls à pouvoir tirer avantage du sabotage de ce gazoduc sont à la fois les USA, pays qui représente une véritable menace pour la sécurité du monde depuis 1 siècle maintenant. La réponse de Poutine au sabotage des gazoducs : « Je ne suis pas contre les citoyens européens, ce sont vos dirigeants qui sont contre vous ». Monsieur Jacques Baud, ancien colonel de l’armée suisse, spécialiste du renseignement, analyste en géostratégie, nous apprend que le président Reagan avait signé un décret qui autorisait le sabotage des gazoducs entre la Russie et l’Europe.
La Russie fait appel au Conseil de sécurité de l’ONU
Comme rapporté dans le journal Le Point, alors que les Européens dénoncent un « sabotage », la Russie a réagi aux accusations dont elle fait l’objet depuis mardi. Il est « stupide et absurde » de suspecter la Russie d’être derrière les fuites massives détectées après des explosions ayant touché les gazoducs Nord Stream. Dans la foulée, la Russie a indiqué, par la voix de la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, vouloir demander « une réunion officielle » du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) « dans le cadre des provocations concernant les gazoducs Nord Stream 1 et 2 ». « Il était assez prévisible » que certains mettent la Russie en cause, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Les deux tubes sont remplis de gaz (russe) prêt à être pompé et ce gaz coûte très cher. La Russie a dit jeudi suspecter « l’implication » d’un État étranger dans les quatre fuites détectées sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique ».
Le sabotage, une spécialité mise en œuvre sous Reagan
L’histoire nous apprend que les Américains, sous Reagan, ont déjà saboté les gazoducs. En janvier 1982, le président Ronald Reagan a approuvé un plan de sabotage d’un gazoduc russe transsibérien. C’est ce qu’a révélé Thomas C. Reed, un officier de l’armée de l’air qui servait au Conseil national de sécurité à l’époque, dans son livre : « At the Abyss : An Insider’s History of the Cold War », publié en 2004. « À l’époque, les États-Unis tentaient d’empêcher l’Europe occidentale d’importer du gaz naturel soviétique », afin d’affaiblir Moscou. Reed décrit l’« enthousiasme » de Reagan lorsque l’opération lui a été proposée et la dynamique par laquelle elle a été réalisée. La CIA a ensuite organisé une opération secrète visant à livrer à l’ennemi un « logiciel défectueux », dont la manipulation était toutefois si sophistiquée qu’il a pu passer sans problème les contrôles des techniciens soviétiques. Reed écrit : « Le logiciel du gazoduc censé faire fonctionner les pompes, les turbines et les vannes était programmé pour se détraquer après un certain temps, pour être réactivé plus tard avec des vitesses de pompe accrues et des vannes réglées pour produire des pressions bien supérieures à celles supportées par les joints et les soudures des tuyaux ». L’été 1982, l’oléoduc explose, produisant une détonation qui est également enregistrée par les satellites américains. « L’explosion et la boule de feu non nucléaire la plus monumentale jamais vue depuis l’espace ».
« En 2015, l’enquête sous-marine annuelle de routine sur les pipelines de Nord Stream 1 est tombée sur un véhicule télécommandé équipé d’explosifs juste à côté de l’une des lignes dans les eaux suédoises. Le câble ombilical avait été coupé. La nationalité du drone n’a jamais été révélée. En 2015, Pipeline Journal rapportait : « Les militaires suédois ont réussi à neutraliser un véhicule télécommandé (drone) truffé d’explosifs découvert près de la ligne 2 du réseau de gazoducs offshore Nord Stream Natural Gas » ».
Comment saboter un gazoduc
Quarante ans après, bis repetita : l’attaque contre le système Nord Stream n’est pas sans précédent. Dans un article de Pierre Rimbert de 2021 au sujet du pipeline Nord Stream 2, on s’apercoit que ce projet a toujours été combattu par Washington. « La diplomatie des tubes, c’était mieux avant. Dans les années 1970, les échanges gaziers entre l’Europe occidentale et l’Union soviétique enchantent les chancelleries : stables, durables, les gazoducs jettent un pont entre les deux blocs rivaux du Vieux-Continent (…) Depuis la chute du mur de Berlin, en 1989, les infrastructures gazières sèment la discorde entre les pays membres de l’Union européenne. Elles symbolisent la dégradation des rapports avec la Russie. Le sort de Nord Stream 2, qui relie la Russie et l’Allemagne par la mer Baltique, illustre ce basculement ».
« Pratiquement achevé, l’assemblage de ce serpent d’acier long de 1230 kilomètres, d’un coût de 9,5 milliards d’euros, a dû s’interrompre en décembre 2019. En partenariat avec cinq gaziers européens, le conglomérat russe Gazprom entreprend en avril 2018 de doubler la capacité de Nord Stream 1. Inauguré en 2012, ce premier pipeline achemine déjà 55 milliards de mètres cubes de gaz par an entre la ville de Vyborg, près de Saint-Pétersbourg, et celle de Greifswald, dans le Land allemand de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Son tracé répond à une exigence stratégique du Kremlin : contourner l’Ukraine, par où transitent encore plus de la moitié des exportations de méthane sibérien destinées à l’Europe »[5].
L’auteur poursuit : « Depuis la « révolution ukrainienne » de 2014, portée à bout de bras par l’OTAN, et plus encore depuis l’annexion de la Crimée par la Russie cette même année, la situation s’envenime. Nord Stream 1 et 2 reflètent à leur manière la dégradation des rapports russo-ukrainiens : (…) L’Ukraine, bien sûr, mais aussi les pays baltes et la Pologne, « opposés au projet pour des motifs idéologiques antirusses ». Toutefois, en 2018, cet axe ne fait pas le poids face aux partisans du pipeline, emmenés par l’Allemagne. Pour Berlin, premier consommateur de gaz en Europe, le nouveau gazoduc représente un enjeu d’autant plus important que la chancelière Angela Merkel a entériné la sortie du nucléaire à la fin 2022 et celle du charbon en 2038. D’où la nécessité d’un approvisionnement pérenne en gaz, à des prix stables. Du point de vue allemand, parvenir à cet impératif en nouant un partenariat commercial avec la Russie se justifie, même si les relations entre les deux pays se détériorent depuis 2014 »[5].
« Pour Washington, cibler Nord Stream 2 présente des avantages mercantiles autant que géopolitiques : grâce au soutien de la Commission européenne, favorable à l’appui des pays les plus atlantistes de l’Union (Pologne, Danemark…), Washington n’entend pas seulement contrecarrer les plans de Moscou, mais aussi et surtout imposer ses excédents de gaz de schiste liquéfiés sur le marché européen. (…) M. Trump, qui, depuis son arrivée au pouvoir, menace l’Europe de sanctions douanières, obtient en juillet 2018 la capitulation de Bruxelles : l’Union accepte de revoir de fond en comble sa politique gazière en faveur du GNL « de la liberté » (dixit M. Trump) et au détriment du gazoduc « totalitaire ». La nouvelle directive gaz, adoptée l’année suivante, empile les chicanes administratives destinées à entraver Nord Stream 2, au point que ses concepteurs doivent en repenser l’architecture juridique et commerciale »[5].
L’auteur nous informe que malgré toutes les contraintes, le gazoduc est construit mais est bloqué par les menaces notamment. « Après la semonce, le canon : comme s’il coulait de source que la politique énergétique européenne se décide à Washington, les parlementaires américains des deux bords votent en décembre 2019 la loi protégeant la sécurité énergétique de l’Europe, une salve de « sanctions gelant les visas et les avoirs de toute personne étrangère qui aiderait sciemment des navires poseurs de tubes à construire des pipelines d’origine russe aboutissant en Allemagne ou en Turquie », ainsi que le résume le Congrès américain. Dans une lettre du 5 août 2020, trois parlementaires américains intiment ainsi l’ordre aux directeurs de deux ports allemands, ainsi qu’à leurs actionnaires (la ville et le Land), de cesser toute implication dans Nord Stream 2, sous peine de « détruire la viabilité financière de [leur] entreprise », de « dévaster [leur] valeur actionnariale », de geler leurs avoirs et de leur interdire de poser le pied sur le sol américain »[5].
« Face à une telle humiliation, conclut l’auteur, le ministre des Affaires étrangères allemand, le social-démocrate Heiko Maas, observe : « Nous ne critiquons pas les États-Unis pour avoir plus que doublé leurs importations de pétrole en provenance de Russie au cours de l’année dernière.
Les États-Unis exercent leur droit à une politique énergétique indépendante. Nous aussi ». Et M. Frank-Walter Steinmeier, le président de la République fédérale, soutient l’achèvement de « l’un des derniers ponts entre la Russie et l’Europe », en invoquant les « plus de vingt millions de victimes soviétiques de la Seconde Guerre mondiale ». Dès 2019, la chancelière accordait aux États-Unis le financement de deux terminaux de regazéification destinés à accueillir du GNL sur les côtes allemandes, à condition que Washington cesse de s’acharner sur Nord Stream 2 »[5]. En vain. Le verdict est tombé. Les États-Unis annoncent le 7 février la couleur : « Nous ne permettrons pas que le gazoduc fonctionne ».
L’Allemagne capitule face à la destruction de sa puissance économique et politique
Curieusement, l’Allemagne n’a pas réagi : « Ce qui s’est passé le 27 septembre 2022 est un événement d’une portée colossale. L’Allemagne est restée totalement passive devant le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2. C’est-à-dire que l’Allemagne a renoncé à exercer sa souveraineté et à demander des comptes à la puissance étrangère à l’origine du sabotage. Les dirigeants berlinois sentent bien tout le ridicule qu’il y aurait à accuser la Russie. Mais alors, vers qui se tourner, sinon vers les États-Unis ? Le 27 septembre 2022, il semble bien que les États-Unis soient passés à exécution. Selon les services allemands, il semble que les dommages subis par les deux gazoducs Nord Stream 1 et 2 les rendent inutilisables. Pour autant, on se serait attendu à une déclaration solennelle du chancelier Scholz ; à la convocation d’un Conseil européen exceptionnel. Le gouvernement allemand s’est contenté de prendre bonne note du fait que l’on parlait d’un sabotage. Ils ont laissé les médias allemands se répandre sur ce sabotage «qui ne pouvait venir que des Russes ».
Joe Biden l’avait annoncé, le 7 février 2022, en présence d’Olaf Scholz. Dans la vidéo, on voit Joe Biden déclarer froidement que les États-Unis sont prêts à « arrêter Nord Stream 2 ». Au sens propre ou au sens figuré ? Quelle humiliation ! Surtout lorsque la journaliste demande à l’occupant de la Maison-Blanche : « Mais comment ferez-vous vu que les gazoducs sont sous contrôle allemand ? » Et Biden, aussi diminué physiquement soit-il, de répondre froidement : « Nous saurons nous y prendre ». C’était une humiliation considérable. Et dès cette époque, le Chancelier Scholz n’a pas réagi. Sept mois plus tard, il s’est carrément couché. Certes l’AfD s’est émue. Et des Allemands continuent à manifester. Mais le monde dirigeant allemand subit. On lui détruit des milliards d’investissements et des trilliards de croissance à venir. Pourtant, l’Allemagne ne proteste pas. Pour la seconde fois de son histoire, elle capitule, en moins de 80 ans[6].
« L’effondrement en est d’autant plus étonnant. Non seulement l’Allemagne va voir s’effondrer son économie qui a besoin de beaucoup d’énergie. Elle doit même revoir sa politique énergétique bâtie patiemment par Madame Merkel avec la sortie du nucléaire, du charbon, l’investissement dans les gazoducs russes et les énergies renouvelables. Elle sera obligée de construire des terminaux de gazéification pour accueillir le gaz liquéfié américain « qu’elle ne peut pas refuser » ».
Comme signe de bonne foi, la Russie s’est dite prête à livrer du gaz à l’Europe via le gazoduc Nord Stream 2, dont une des lignes n’a pas été endommagée par des fuites. « Si les décisions juridiques nécessaires sont prises par les Européens concernant sa certification et la suppression des restrictions, je pense que la Russie pourrait, dans un court laps de temps, fournir du gaz via cette ligne », a déclaré Alexandre Novak à l’issue d’une réunion des pays de l’OPEP+ à Vienne. L’une des deux conduites de Nord Stream 2 pourrait donc, selon Alexandre Novak, être apte à livrer du gaz aux Européens via l’Allemagne, bien que l’installation n’ait jamais été inaugurée en raison des sanctions occidentales.
L’OPEP+ réduit son objectif de production de novembre de 2 millions b/j
L’OPEP+ a accepté de réduire son objectif de production de brut de 2 millions de b/j en novembre, selon un délégué, la plus forte réduction depuis que le groupe a réduit ses quotas de 9,7 millions de b/j au début de la crise de Covid en 2020. La décision intervient dans un contexte de craintes accrues qu’un ralentissement économique lié à l’inflation ne pèse sur la demande mondiale de pétrole. De plus elle est exacerbée par l’incertitude quant à l’impact du prochain embargo de l’UE sur les importations russes et le plafonnement des prix du pétrole russe. La décision de réduire les quotas a déçu l’administration américaine, qui tente depuis des mois de persuader l’OPEP+ d’augmenter l’offre pour aider à tempérer les prix du pétrole. La réduction des quotas de 2 millions de b/j à partir de novembre portera le plafond de production collective des 19 pays participant à l’accord à 40,1 millions de b/j. La baisse de 2 millions b/j en novembre amènera le plafond de production au plus bas depuis avril.
Les pétroliers du pétrole de schiste ne peuvent pas compenser les 2 millions de barils
Le pétrole de schiste américain ne viendra pas au secours du pouvoir pour casser la dynamique OPEP+. Cela a amené le président à tenter de baisser les prix en faisant appel aux réserves et aux menaces contre les pays de l’OPEP. Pour l’histoire, le pétrole de schiste « était le fléau des producteurs de l’OPEP+, n’est pas en mesure de combler le vide laissé par la réduction de production prévue de 2 millions de b/j par le groupe, conçue pour mettre un plancher sous les prix. La manne financière qu’ils ont récoltée grâce à la hausse des prix du pétrole de la guerre en Ukraine a soutenu cette position. Après s’être engagé dans des guerres de prix dommageables dans le passé avec l’OPEC, le schiste a peu d’appétit pour conquérir des parts de marché ces jours-ci. Dans le même temps, l’EIA a revu à la baisse les projections de croissance de la production américaine. Bien que la production de l’année prochaine devrait toujours dépasser le record de 12,3 millions de b/j établi en 2019, la production devrait atteindre 11,79 millions de b/j, en baisse par rapport aux projections antérieures de 1 million de b/j de certains analystes.
Les États unis envisagent une action conte l’OPEP
Après l’annonce de l’OPEP+, la Maison-Blanche a déclaré qu’« elle travaillerait avec le Congrès pour permettre potentiellement une action antitrust contre les producteurs étrangers après que l’alliance OOPEP+ a réduit son objectif de production de brut. La Maison-Blanche a déclaré que la décision de l’OOPEP+ montre l’importance de réduire la dépendance à l’égard des sources étrangères de combustibles fossiles, soulignant la législation de 369 milliards de dollars récemment adoptée pour faire progresser les politiques en matière de changement climatique et de sécurité énergétique ».
Les États-Unis envisagent des « options de réponse » dans leurs relations avec les membres de l’OPEP + et son chef de facto l’Arabie saoudite après que le groupe a annoncé une importante réduction nominale de 2 millions de bpj dans son objectif collectif de production de pétrole plus tôt cette semaine, a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken. « En ce qui concerne la relation future, nous examinons un certain nombre d’options de réponse. Nous consultons étroitement le Congrès, nous ne ferons rien qui porterait atteinte à nos intérêts – c’est d’abord et avant tout ce qui nous guidera – et nous garderons tous ces intérêts à l’esprit et consulterons étroitement toutes les parties prenantes concernées lorsque nous déciderons des étapes à venir ». Le secrétaire Blinken a qualifié la décision de l’OPEP+ de réduire la production de 2 millions de bpj de « décevante et à courte vue ».
Le président Biden a ordonné une autre libération de 10 millions de barils des réserves stratégiques SPR en novembre et continuera selon les besoins. Le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan et le directeur du Conseil économique national (NEC) Brian Deese ont déclaré dans un communiqué : « Le président est déçu par la décision à courte vue de l’OPEP+ de réduire les quotas de production alors que l’économie mondiale fait face à la poursuite de l’impact négatif de l’invasion de l’Ukraine par Poutine. « À la lumière de l’action d’aujourd’hui, l’administration Biden consultera également le Congrès sur des outils et des autorités supplémentaires pour réduire le contrôle de l’OPEP sur les prix de l’énergie », ont ajouté Sullivan et Deese ».
D’une façon tout a fait inexacte, le secrétaire Blinken ajoute : « Nous avons toujours dit que l’offre doit répondre à la demande, et nous avons été clairs à ce sujet et nous y avons travaillé ». Monsieur Blinken ne mentionne pas que la création de l’AIE à l’instigation de Henry Kissinger était pour combattre l’OPEP.
L’Administration américaine et l’AIE ne cessent de demander de déstocker pour contrecarrer la position du cartel de l’OPEP sachant que la morale de la main invisible d’Adam Smith ne s’applique qu’aux autres pas aux Américains qui faussent l’équilibre de l’offre et de la demande.
Dans le même ordre de sanctions, cette fois c’est l’Europe qui fixe le prix du pétrole et du gaz au prix qu’elle veut consentir. Les mesures antirusses du 5 octobre (huitième paquet de sanctions) sont listées par la présidente de l’Union européenne qui décide d’un plafonnement temporaire des prix du gaz naturel. Le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak estime que celle-ci « violerait les mécanismes du marché » et pourrait avoir « un effet très néfaste » sur l’industrie mondiale. Aussi rappelle-t-il que les entreprises russes « ne fourniront pas de pétrole aux pays qui utilisent cet instrument ». L’or noir est en effet lui aussi dans le collimateur des Européens, après l’accord des membres du G7, début septembre, d’instaurer un plafonnement du prix d’achat du pétrole russe. Une « décision absolument stupide », avait réagi dans la foulée Vladimir Poutine, prévenant que son pays ne livrerait « rien du tout si c’est contraire à nos intérêts ». Un instrument également jugé contre-productif par des acteurs européens du secteur des hydrocarbures.
L’utilisation possible de bombes atomiques
Il semble selon la doctrine américaine, que l’utilisation de la bombe nucléaire n’est plus taboue. Nous lisons cette contribution de Eric Zuesse quelques jours avant le sabotage des deux gazoducs : « Le gouvernement américain ne conçoit plus des armes nucléaires pour empêcher la troisième guerre mondiale, mais plutôt pour gagner la troisième guerre mondiale. Alors que l’Union soviétique et les États-Unis avaient l’habitude de concevoir leur stratégie et leurs armes de manière à empêcher une troisième guerre mondiale afin qu’aucune des parties ne gagne mais que les deux parties (et une grande partie du monde) soient détruites alors que des milliers d’ogives nucléaires seraient soudainement détruites. Exploser au cours d’une guerre nucléaire qui se terminerait en une heure environ, le gouvernement américain s’est progressivement éloigné d’une telle méta-stratégie « MAD » ou « destruction mutuelle assurée » et l’a remplacée par la « primauté nucléaire » Méta-stratégie américaine, dans laquelle la Russie sera totalement détruite mais les États-Unis apparaîtront comme étant suffisamment forts pour exercer une influence incontestable sur l’ensemble de la planète (dont l’hégémonie a été l’objectif réel du gouvernement américain depuis le 25 juillet 1945) ».
Conclusion
Nous sommes véritablement dans cette situation de clair-obscur, une drôle de guerre que les grandes puissances ne se sont pas déclarés mais qui fait des morts tous les jours ! Le sabotage de Nord Stream 2 était prévisible si on écarte le bréviaire des medias mainstream qui veulent vendre la voie russe. L’Europe est de plus en plus entraînée vers l’irréparable. Deux pays semblent tirer leur épingle du jeu, la perfide Albion et les États-Unis qui continuent à vouloir régenter le monde. La Russie ne pouvant pas être plus sanctionnée, ce qui est inquiétant est que les Nations unies font preuve d’un silence assourdissant. À quand une enquête impartiale ?
Par ailleurs, le dernier communiqué contre l’OPEP+ est une déclaration de guerre. Il y aura des sanctions contre les pays de l’OPEP. Plus largement, les pays disposant de gazoducs devraient envisager tout les scenarii. Pour Julian Pawlak, chercheur à l’Institut allemand de Defence and Strategic Studies, dans une déclaration au NY Times, le message le plus important que quelqu’un veut envoyer, c’est que ce que l’on est capable de faire avec un pipeline hors ligne peut également être fait avec des pipelines actifs, ou des câbles sous-marins, ou d’autres infrastructures.
Albert Einstein, au fait de ce que c’est que le feu nucléaire, nous avertit de ne pas jouer aux apprentis-sorciers. Serons-nous assez sages pour éviter l’Apocalypse où est ce l’a fin de l’humanité ? La question est posée.
Chems Eddine Chitour
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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