Les autorités israéliennes tardent à donner l’ultime feu vert au lancement de la campagne d’injection d’une quatrième dose de vaccin anti-covid. Dans le débat public, certains posent la question de l’immunité collective. Omicron rebat-il les cartes ?
Alors qu’elles avaient annoncé il y a une dizaine de jours le lancement imminent de la campagne pour la quatrième dose de vaccin contre le Covid-19, les autorités israéliennes n’ont toujours pas donné le feu vert ultime, tandis que le débat public s’intensifie dans le pays autour de la stratégie à adopter face au variant Omicron.
Le directeur général du ministère israélien de la Santé – le professeur Nahman Ash, qui doit donner son accord pour déclencher ce processus – tarde en effet à valider le début du processus. Le Premier ministre Naftali Bennett avait pourtant annoncé le 21 décembre que tous les Israéliens de plus de 60 ans et le personnel médical auraient le droit à une quatrième dose de vaccin contre le Covid-19. « J’ai donné l’ordre de se préparer immédiatement pour la quatrième [dose de] vaccin. […] Le monde suivra nos pas », avait-il déclaré sur Twitter.
Le gouvernement israélien avait pris cette décision après avoir consulté deux groupes d’experts médicaux – le Comité consultatif sur les vaccins et le Comité d’actions en cas de pandémie – préconisant l’injection d’une quatrième dose en raison principalement du fait que l’immunité liée à la troisième dose diminue avec le temps, comme le rappellent Les Échos.
Dans le cadre d’un essai clinique qui devait précéder la campagne nationale, l’hôpital Sheba, situé en banlieue de Tel-Aviv, a déjà commencé le 27 décembre à administrer une quatrième dose du vaccin anti-covid à 150 soignants bénévoles ayant reçu une troisième dose il y a plus de quatre mois et dont la quantité d’anticorps semble avoir décru. Mais dans le débat public, certaines voix, pointant notamment un manque de recul, s’interrogent sur la stratégie à adopter.
Immunité collective : un ancien responsable jette un pavé dans la mare
Et pour cause, la contagiosité du variant Omicron du covid, combinée aux anticorps développés par les individus infectés, pourrait rebattre les cartes.
« Le grand nombre de personnes infectées par Omicron attendu en Israël et dans le monde, peut augmenter considérablement le niveau d’immunité de l’ensemble de la population et aider à éradiquer Delta et certains autres variants », explique ainsi le professeur Eran Segal, biologiste informatique de l’Institut Weizmann cité par Les Échos.
Franchissant un pas supplémentaire, l’ancien directeur du ministère de la Santé, Itamar Grotto, a avancé une piste différente de celle privilégiée par l’actuel gouvernement, lors d’une intervention sur la chaîne de télévision publique Kan le 26 décembre. « Il se pourrait que l’on doive considérer la possibilité de laisser la population contracter le virus », a-t-il affirmé, selon des propos rapportés par le journal Times of Israël.
De son côté, Ran Balicer, chef du conseil scientifique, cité par le journal Le Monde, résume : « C’est un vrai dilemme […] Notre situation est unique parce que nous sommes le premier pays à avoir donné le rappel, et donc le premier pays à témoigner de la baisse d’immunité suite à la troisième dose. »
Et de poursuivre : « D’après les données du Royaume-uni, ce variant a trois fois moins de chance de mener à l’hospitalisation – mais s’il est trois fois plus infectieux, alors on prend le risque de se faire déborder […] Quand on parle de santé publique, l’optimisme est important, mais nous avons la responsabilité de nous préparer à tous les scénarios. »
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