par Dmitri Kovalevitch.
Jeudi 17 juin, une conférence de presse du « Bataillon invisible 3.0 » s’est tenue à Kiev pour discuter du harcèlement sexuel dans l’armée ukrainienne.
La question serait suivie de près depuis plus de six ans – c’est l’ONG Institut du programme pour le genre, avec le soutien du Fonds de soutien à la démocratie de l’ambassade des États-Unis, qui en est responsable.
« Le projet de sensibilisation mondiale « Bataillon invisible » a commencé par la recherche et la documentation de la participation des femmes ukrainiennes à la guerre contre l’armée d’occupation russe », indique le site web du projet.
L’objectif déclaré du projet était de permettre aux femmes militaires de se concentrer uniquement sur la lutte contre « l’agression russe » plutôt que de se battre sur deux fronts, c’est-à-dire également avec leurs camarades militaires.
La conférence de presse s’est tenue, comme l’ont déclaré les organisateurs, en vue de la livraison finale du projet aux clients.
Les organisateurs de la conférence de presse avec diaporamas ont indiqué avoir organisé des campagnes sur les médias sociaux avec les hashtags « Bataillon invisible », mené une analyse de contenu des médias, ainsi qu’une enquête sur la médiatisation du harcèlement sexuel dans l’armée ukrainienne.
L’enquête a montré que la majorité des femmes militaires sont favorables à une telle médiatisation, alors que les hommes militaires s’y opposent plus souvent afin de ne pas discréditer l’armée ukrainienne.
Les organisateurs ont également constaté que la majorité des femmes victimes de harcèlement n’utilisent pas les outils et algorithmes de lutte qui leur sont proposés.
Les organisateurs suggèrent également de développer de nouveaux programmes pour instaurer une tolérance zéro face au harcèlement sexuel dans la société. Il est possible d’obtenir un financement supplémentaire pour un tel projet à partir du Fonds de soutien à la démocratie.
Les organisateurs ont également l’intention de développer une terminologie afin de clarifier pour les juges ce qui est exactement considéré comme du harcèlement sexuel, étant donné que les juges n’ouvrent pas de dossiers sur des accusations telles que des « humiliations » et des « brimades ».
Les participants à la conférence de presse ont également fait état de travaux visant à élaborer un manuel d’instruction à l’intention de l’armée ukrainienne sur la manière de traiter le harcèlement sexuel.
Anna Gritsenko, experte du « Bataillon invisible », a élaboré et propose d’imprimer et d’accrocher dans toutes les unités militaires des tableaux informant les militaires de ce qui constitue un harcèlement sexuel.
Le harcèlement sexuel au sein de l’armée ukrainienne comme méthode de lutte contre « l’agression russe »
Les précédentes conférences de presse du « Bataillon invisible » portaient sur divers cas de harcèlement et de viols de femmes militaires ukrainiennes.
L’un des cas les plus médiatisés est celui de Valeria Sikal, qui rêvait d’une carrière militaire mais a dû y renoncer en raison des attouchements et humiliations régulières de la part de son commandant.
« Il m’a promis une promotion réussie si je lui donnais du plaisir », a raconté la femme, décrivant un incident survenu en janvier 2018. « Je me sentais comme une pute. Il se vantait qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de nous ».
Elle a été la première à s’exprimer sur le harcèlement sexuel dans l’armée ukrainienne, ayant déposé un rapport auprès de la police de la région de Khmelnitsky contre son commandant fin 2018. Selon elle, il justifiait ses attouchements et humiliations par la « loi martiale ».
En d’autres termes, quelque part dans l’ouest de l’Ukraine, à mille kilomètres de la ligne de front, un colonel agresse une subordonnée, et justifie ses actes par l’agression russe…
Une enquête préliminaire sur le harcèlement sexuel du colonel Viktor Ivaniv à l’encontre de Valeria Sikal est en cours depuis plus de deux ans, mais l’affaire n’ira jamais au tribunal, ce qui envoie un mauvais signal aux autres femmes dans l’armée.
Certains considèrent que l’État envoie ainsi un message : un tel comportement dans l’armée est acceptable et personne ne sera puni pour de tels crimes. Puisque l’impunité encourage de tels crimes, ils seront répétés.
Comme l’a dit l’avocate de la victime, Anna Britskaya, les tribunaux ukrainiens ont l’intention de faire traîner les procédures dans de telles affaires pendant des années, jusqu’à ce que la date limite pour l’engagement de poursuites pénales arrive. Selon l’avocat, citant d’autres membres de son unité, le colonel Ivaniv qualifiait toutes les femmes de son unité de « suceuses » et utilisait rarement une expression différente pour s’adresser à ses collègues féminines.
Des témoignages similaires sur le harcèlement sexuel par le chef de l’unité militaire et la contrainte d’avoir des relations sexuelles avec lui ont été faits par d’autres femmes militaires qui étaient sous le commandement du colonel Ivaniv.
Le lieutenant-colonel Viktor Machtchouk, ancien adjoint du colonel Ivaniv, a également déclaré aux avocats qu’Ivaniv ne se limitait pas à humilier les femmes militaires, mais qu’il humiliait et faisait régulièrement du chantage aux soldats masculins.
Vitaly Pavlovski, directeur de l’organisation non gouvernementale Auditing Authority, affirme que le ministère ukrainien de la défense hésite à engager des poursuites pour abus sexuels dans l’armée, de peur de nuire à son image. Cependant, en protégeant les officiers qui abusent de leurs subordonnés, dit Pavlovski, on ne fait « qu’obtenir une armée impuissante et faible, physiquement et spirituellement ».
Cette année, le lieutenant-colonel de l’armée ukrainienne Olga Derkatch a dénoncé un harcèlement sexuel de la part de son supérieur direct.
« Il s’est permis de toucher mes seins, mes fesses, mes parties génitales. Il laissait constamment entendre que si une femme se voyait proposer des rapports sexuels, il fallait accepter », explique Derkatch.
En juin 2021, une femme servant dans l’armée ukrainienne, Ekaterina Chetchouk, s’est suicidée. Selon les chaînes Telegram ukrainiennes, dont la chaîne Tchergovy OOS (chaîne Telegram ukrainienne se qualifiant de patriotique), la jeune fille pourrait avoir été abusée la veille, ce qui doit encore être confirmé ou infirmé par les médecins légistes.
Environ 50 000 femmes servent actuellement dans les forces armées ukrainiennes. Selon une étude anonyme, une femme sur dix dans les forces armées a été harcelée ou violée, mais seuls 5 à 10 % des cas sont rendus publics.
Mais qu’offrent aux femmes victimes ces programmes financés par la Fondation américaine pour le développement de la démocratie ?
La première chose à faire est d’écouter leur cours sur la « victimisation », mal traduit de l’anglais. Pour dire les choses simplement, ces programmes et fondations travaillent pour obtenir leurs subventions, fournissant des brochures et des vidéoconférences que la femme moyenne ne comprend pas, plutôt que d’aider réellement les victimes et de prévenir de tels cas.
Ils permettent également au gouvernement américain (en réponse à d’éventuelles récriminations) de faire référence à ces programmes : « nous luttons contre ce problème » ! Plusieurs milliers de dollars sont alloués à la résolution du problème, sur lequel les participants au projet publient quelques brochures, dessinent des diaporamas et organisent des conférences deux ou trois fois par an.
Des nationalistes et des militants de l’Euromaïdan comme Anna Gritsenko travaillent dans ce projet financé par les États-Unis en Ukraine. Sur Euronews, cette « experte » du « Bataillon invisible » réduit les problèmes de violence dans l’armée ukrainienne à des vestiges de l’ère soviétique et loue en même temps les autorités ukrainiennes pour les changements législatifs positifs dans ce domaine.
Les experts de cette ONG défendent activement le non-respect par l’Ukraine des accords de Minsk et justifient les actions des nationalistes radicaux ukrainiens contre les habitants du Donbass.
Dans le cas du problème du harcèlement sexuel dans l’armée, nous constatons la même attitude que dans le cas de l’impunité des groupes d’extrême-droite. Si les responsabilités réelles sont établies pour les violences ou les vols, il n’y aura personne pour défendre le régime de Kiev contre « l’agression russe ».
Les victimes ne sont invitées qu’à suivre un cours dont le titre est « aspects de la victimisation liée au sexe, facteurs de dépendance et algorithmes pour contrer la victimisation ».
Les officiers masculins ukrainiens sont censés suivre des cours similaires, à l’issue desquels ils devraient perdre l’envie de harceler les femmes. Parallèlement, les participants au projet collectent de l’argent pour les besoins de l’armée ukrainienne, qui est également destiné aux soldats violeurs.
Les participants au projet expliquent le problème même de la violence dans l’armée ukrainienne moderne par les anciennes pratiques patriarcales et le lourd héritage du régime soviétique.
Depuis 7 ans, les autorités américaines tentent désespérément de dissimuler et de couvrir minutieusement les contradictions de leur politique en Ukraine.
D’une part, il est nécessaire que l’opinion publique libérale américaine montre qu’elle soutient les forces « progressistes et démocratiques » qui défendent l’égalité des sexes et les droits des LGBT en Ukraine.
D’autre part, la véritable colonne vertébrale des autorités ukrainiennes de l’après-Euromaïdan est constituée de groupes armés d’extrême droite et néonazis qui sont manifestement étrangers à ces valeurs libérales.
La contradiction devrait dans une certaine mesure être « lavée » par les ONG financées par les États-Unis, dont les experts diront aux médias occidentaux que les problèmes sont en train d’être résolus et que les « guerriers de la lumière » ukrainiens sont les plus progressistes du monde.
source : https://ukraina.ru
traduit par Christelle Néant pour Donbass Insider
via https://www.donbass-insider.com
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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