🔴 Conspiracy News #19.2025

TRUMP, PAPE ET JEDI. Le 3 mai, la Maison Blanche publie sur X une image générée par IA montrant Donald Trump en pape, quelques jours avant le conclave du 7 mai. L’ancien président, qui avait déclaré qu’il « aimerait être pape », relaye lui-même ce montage sur son compte personnel, incarnant une imbrication croissante du religieux et du politique. Une dérive symbolique critiquée au regard du premier amendement américain qui « protège la liberté de religion ». Interrogé sur Fox News, Trump balaie la polémique : « Vous voulez dire qu’ils ne supportent pas les blagues ? […] Les catholiques ont adoré. C’était peut-être dû à l’IA. » En parallèle, des rumeurs de complot relayées par des titres de presse italiens suggèrent qu’Emmanuel Macron chercherait, via la communauté Sant’Egidio, à influencer l’élection du futur pape. Le 4 mai, « Journée Star Wars », Trump publie une nouvelle image IA, cette fois en Jedi [archive], assortie d’un message ciblant les démocrates : « Vous n’êtes pas la Rébellion, vous êtes l’Empire. » Comme le résume une journaliste de France Inter : « De fausses images, un faux Jedi avec un laser de la mauvaise couleur, quelle importance ? Ce qui compte, ce sont les signaux. […] On est dans un régime qui dépasse le fact-checking. » Un complotisme du clin d’oeil en quelque sortes (sources : Renaud Pila/X, 3 mai 2025 ; Jérôme Godefroy/X, 3 mai 2025 ; AFP, 5 mai 2025 ; The White House/X, 3 mai 2025 ; Huffington Post, 4 mai 2025 ; Aaron Rupar/X, 5 mai 2025 ; France Inter, 6 mai ; Le Monde, 1er mai 2025).

CONCLAVE. Le 8 mai, le cardinal Robert Francis Prevost est devenu le nouveau et premier pape originaire des États-Unis de l’histoire. Si Donald Trump a rapidement félicité Léon XIV après son élection, le professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bordeaux et spécialiste de l’histoire du catholicisme Charles Mercier prédit « des relations qui seront sans doute conflictuelles » entre les deux hommes et ses proches, et notamment son vice-président J.D. Vance. Une tension qui est à envisager à l’aune des dynamiques de pouvoirs qui traversent l’Église américaine. « Il existe une offensive de l’aile américaine conservatrice, portée par le vice-président, pour tenter de réorienter le catholicisme. (Une offensive) post-libérale, nationaliste, populiste » cernée par les cardinaux électeurs poursuit l’historien. En tout cas, les premières réactions de la complosphère ne se sont pas fait attendre. Mike Borowski voit, lui, « un pape niveau World Economic Forum spécial Schwab » [archive]. Laura Loomer le considère comme un « anti-Trump, anti-MAGA, pro-frontières ouvertes et totalement marxiste comme le pape François » [archive] (source : France Info, 9 mai 2025).

DÉMONS. Dès son élection, Donald Trump a ouvert grand la porte aux conspirationnistes-conservateurs, défenseurs des « nouveaux médias », allés parfaits pour propager des fake news. Son retour au pouvoir propulse les théories du complot les plus farfelues (Terre plate, chemtrails, manipulation climatique, 11-Septembre) au cœur du discours politique américain. Des figures influentes comme Robert F. Kennedy Jr ou Marjorie Taylor Greene donnent désormais une crédibilité institutionnelle à des idées autrefois cantonnées aux marges d’Internet. « Le vrai problème, c’est quand ces théories sont reprises par des gens ayant le pouvoir d’agir », alerte le politologue Joseph E. Uscinski. Un imaginaire tout aussi inquiétant a également le vent en poupe : celui des « forces démoniaques », désormais ouvertement invoquées par Trump, Elon Musk, Tucker Carlson ou le nouveau numéro 2 du FBI, Dan Bongino (sources : The New York Times, 6 mai 2025 ; Franc-Tireur, 7 mai 2025).

CONSPICRATIE. Donald Trump a annoncé le 8 mai la nomination de Jeanine Pirro au poste de procureure de Washington. Comme le rapporte Le Monde, cette juge et présentatrice de Fox News a relayé régulièrement des théories complotistes, notamment celles sur des fraudes en faveur de Joe Biden lors de l’élection présidentielle de 2020 qui ont alimenté l’assaut du Capitole. Quant à l’actuel conseiller à la sécurité intérieure Stephen Miller, il serait pressenti comme le candidat favori pour être nommé conseiller à la sécurité nationale. Ce fidèle collaborateur du président a servi à la Maison Blanche pendant le premier mandat de Trump. Décrit comme « l’homme le plus puissant de la Maison Blanche » en 2020, Stephen Miller est alors considéré comme « la face sombre, raciste et nationaliste » de l’Administration Trump et l’architecte de la politique anti-immigration de la Maison Blanche. En 2017, cet adepte de la théorie du « Grand Remplacement » était l’auteur principal de la prestation de serment de Donald Trump dans laquelle il dénonçait l’héritage de son prédécesseur Barack Obama comme un « carnage américain », fait de pauvreté, de crimes et d’addictions. Une image apocalyptique critiquée jusqu’à aujourd’hui par les commentateurs pour ses références à la théorie conspirationniste d’un « génocide blanc » (sources : Le Monde, 9 mai 2024 ; Laurent Dogrel/X, 5 mai 2025 ; i24 News, 3 mai 2025 ; francetvinfo, 20 janvier 2025 ; Le Monde, 19 octobre 2020).

RÉVISIONNISME RUSSE. À l’approche de le la commémoration du 8 mai 1945, un collectif d’historiens européens dénonce dans une tribune au Monde le révisionnisme historique que Moscou diffuse en Occident, particulièrement dans le débat américain, pour rendre acceptable son « opération spéciale » dans une Ukraine présentée comme « fasciste » et à « dénazifier ». Tout en rétablissant la vérité historique, les historiens soulignent que la « Russie de Vladimir Poutine cherche quotidiennement à affaiblir nos libertés, notre unité et nos amitiés par des actions belliqueuses et des campagnes de désinformation. […] Nous sommes profondément préoccupés par la diffusion croissante de la désinformation russe dans le débat américain, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans les médias traditionnels ou même dans certaines prises de parole officielles. Cette désinformation vise précisément ce que nous avons de plus précieux – nos valeurs communes – en cherchant à creuser un fossé entre l’Europe et l’Amérique. La Russie falsifie la mémoire de la Seconde Guerre mondiale pour justifier ses actes les plus abominables » (source : Le Monde, 4 mai 2025).

CHRISTIAN PERRONNE. Accompagné du président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, Christian Perronne était invité le 7 mai à l’émission de Radio Courtoise, le « Libre journal de penser » sur le thème : « La gestion de la crise covid. À quand l’heure du bilan » [archive]. L’ancien infectiologue a été l’auteur de nombreux propos complotistes sur plusieurs thématiques évoquant à plusieurs reprises les « censures » dont il aurait été victime. Selon lui, « ils (sic) paient des gens pour tout surveiller » et Donald Trump « va pouvoir faire avancer des choses dans la lutte contre cette hégémonie du nouvel ordre mondial ». Sur la vaccination anti-Covid, il a prétendu : « on n’a pas d’accès à la vérité par la justice […]. Inoculer de force un produit expérimental, ça s’appelle un crime contre l’humanité […]. Bill Gates et Big Pharma possèdent 80% de l’OMS ». Christian Perronne n’a pas manqué de saluer l’association Bon Sens. Et Bruno Gollnisch, du Rassemblement national, a partagé sur X ses opinions à propos de ce « témoignage bouleversant » tout en soulignant une « censure de toute opinion dissidente/refus du débat/interdiction professionnelle de ceux qui discutent la thèse officielle » [archive].

KARINE LACOMBE. En avril 2024, Pierre Barnérias était jugé pour diffamation publique, aux côtés de Christian Perronne et de Martine Wonner. Face à eux, la Pr Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, dont l’image et les propos ont été utilisés pour dénoncer un prétendu complot mondial derrière l’épidémie de Covid-19. La condamnation de Pierre Barnérias pour avoir diffamé Karine Lacombe dans « Hold-up » vient d’être confirmée en appel, avec augmentation des frais de procédure (art. 475-1 CPP) à sa charge (sources : Conspiracy Watch, 9 avril 2024 ;  Maitre Eolas/X, 7 mai 2025).

DIFFAMATION. Me Ilana Soskin a déposé plainte le 7 mai pour diffamation contre François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine (UPR) pour une publication sur X ciblant Conspiracy Watch et son directeur Rudy Reichstadt à coups de calomnies et de fausses informations (sources : Ilana Soskin/Instagram, 7 mai 2025).

NANTES. Avant d’assassiner l’une de ses camarades et d’en attaquer plusieurs autres, Justin P., 16 ans, fasciné par Adolf Hitler, a envoyé à tous les élèves de son lycée de Nantes un document intitulé « L’Action immunitaire ». S’il se comprend d’abord comme un manifeste d’écologie radicale, sa rhétorique emprunte tant à l’ultra-droite qu’à l’ultra-gauche et contient d’indéniables accents conspirationnistes. Une enquête de Perla Msika (source : Conspiracy Watch, 7 mai 2025).

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Il l’a envoyé quelques minutes avant de passer à l’acte. Justin P. a poignardé quatre élèves de son lycée à Nantes. Dans ce manifeste qu’il prétend avoir écrit, l’adolescent de 16 ans appelle à la « révolte active ». Mais derrière ce document d’écologie radicale se cachent plusieurs influences conspirationnistes… de tous bords. La mise au point de Perla Msika.

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CANADA. Figure de proue du mouvement complotiste, connue pour son message antivaccin et antigouvernement, adepte de la mouvance des « êtres souverains », Ghislaine Lanctôt incitait sa communauté à interrompre ses traitements médicaux à base de produits pharmaceutiques. Elle aurait notamment encouragé le chanteur séropositif Bernard Lachance, mort de complications liées au VIH en mai 2021, à cesser sa trithérapie, sous le prétexte que sa maladie était un complot de « Big Pharma ». Ghislaine Lanctôt qui, ces dernières années, se faisait appeler « Diesse Ghis », est décédée à son domicile dimanche 4 mai 2025 (source : Radio Canada, 7 mai 2025).

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