[PODCAST] Le négationnisme et la complosphère

[PODCAST] Le négationnisme et la complosphère

Le terme « négationnisme » a été forgé par l’historien français Henry Rousso en 1987. Il sert à distinguer cette idéologie d’une démarche scientifique ou critique, contrairement à ce que prétendent les négationnistes qui se présentent comme des « révisionnistes ». Le négationnisme n’est pas un travail d’historiens désintéressés ; il s’inscrit dans une volonté idéologique de réhabiliter le nazisme et de nier les crimes de la Shoah. Comme l’explique Rudy Reichstadt, directeur du site Conspiracy Watch« nier la Shoah, c’est pas simplement nier un événement du passé. C’est aussi dire que les rescapés, ceux qui ont survécu à l’extermination et qui en témoignent sont des menteurs et qu’ils profitent de ce mensonge ». Le négationnisme est donc intrinsèquement lié à l’antisémitisme, car il contient toujours « l’idée d’une grande escroquerie organisée par les juifs ».

Vincent Reynouard est considéré comme l’un des négationnistes français les plus influents aujourd’hui. Il assume publiquement ses convictions nationales-socialistes et s’appuie sur les thèses de Robert Faurisson, autre figure majeure du négationnisme français. D’autres personnalités comme Dieudonné, Alain Soral et Hervé Ryssen sont également associées à des propos négationnistes et antisémites. Ces acteurs utilisent souvent des techniques de désinformation pour manipuler les faits. Selon Tristan Mendès France, maître de conférence spécialiste des cultures numériques, la mécanique profonde du négationnisme fait écho à celle du complotisme « avec deux aspects assez flagrants : d’abord, le fameux mille-feuilles argumentatif, où on va essayer de noyer l’interlocuteur avec myriades de références à la fois historiques, techniques, sur la physique même des matériaux, avec des images fausses ou décontextualisées, et puis on a un deuxième aspect qui est ce qu’on appelle le ‘cherry picking’ qui revient à ne retenir que les éléments qui vont dans votre sens et d’écarter ceux qui remettent en cause ce que vous êtes en train d’avancer ».

Le lien intime avec le complotisme

Le négationnisme est par essence une forme de complotisme. Il implique l’existence d’un complot visant à cacher la vérité sur l’extermination des Juifs et à faire croire à une supercherie orchestrée à des fins politiques et financières. Les négationnistes se présentent souvent comme des victimes, se cachant derrière la liberté d’expression pour diffuser leurs thèses. Comme le souligne Tristan Mendès France, « le négationnisme implique deux choses : d’abord qu’il y a un vaste complot pour cacher le fait qu’il n’y aurait pas eu d’extermination [du peuple juif] , et ensuite que ce mensonge est un complot motivé par l’appât du gain quelque part, qu’une communauté aurait inventé cette histoire pour percevoir des dédommagements financiers ou un territoire ».

Le négationnisme n’est pas un phénomène isolé, et il existe des acteurs à l’échelle internationale, notamment au Moyen-Orient. Le négationnisme est également utilisé pour des raisons géopolitiques. En France, bien que les idées négationnistes soient résiduelles dans l’opinion générale, elles sont plus répandues chez les jeunes. La propagation de ces idées sur les réseaux sociaux, notamment avec des hashtags comme #HoloHoax, est une source d’inquiétude. Le négationnisme se nourrit de la culture numérique, des trolls d’extrême droite et de références en ligne, touchant particulièrement les jeunes générations. Il est étroitement lié au complotisme et à l’antisémitisme, utilisant la désinformation et la manipulation pour diffuser ses thèses. Il est essentiel de rester vigilant face à ces idées et de continuer à promouvoir la vérité historique et le respect de la mémoire des victimes.

« Le négationnisme et la complosphère », c’est le 81e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférences et membre de l’observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l’application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcastsPodcast AddictSpotify, ou Deezer.

Adblock test (Why?)

Source: Lire l'article complet de Conspiracy Watch

À propos de l'auteur Conspiracy Watch

Que Conspiracy Watch (L'Observatoire du conspirationnisme) soit complètement dans le champ, c'est son affaire. Mais qu'elle se présente comme la référence en matière d'information fiable, ça dépasse la malhonnêteté probante ou l'imbécilité sincère, c'est carrément de la fraude.Par contre, il faut admettre que Conspiracy Watch effectue un travail extraordinaire -- le sait-il? -- pour repérer et inventorier les sources d'information alternatives. Si on fait l'effort d'écarter les intervenants effectivement farfelus -- leur présence étant nécessaire pour décridibiliser les autres -- on y découvrira en première ligne les manifestations de la dissidence effective.C'est précisément pour cette raison que nous avons choisi d'ajouter Conspiracy Watch parmi nos sources.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You