La loi peut-elle interdire le désir?

La loi peut-elle interdire le désir?

Un texte de la Sœur Catherine Aubin

Le désir peut-il être objet de la loi? Est-il possible de légiférer un élan intérieur qui nous met en mouvement vers l’autre? Il semble que oui, à preuve le verset biblique qui suit le dernier de ce qu’on appelle habituellement les dix commandements et que la tradition hébraïque nomme les paroles de vie: «Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, tu ne désireras ni sa maison, ni son champ, ni son serviteur ni sa servante, ni son bœuf ou son âne: rien de ce qui lui appartient» (Dt 5,21).

Cette loi indique à première vue une contrainte et un interdit – voire un avertissement – qui porte non pas sur une action, mais sur un élan, un désir. Elle cherche donc à orienter notre relation à l’autre dans ce qu’il ou elle est, ainsi que dans ce qu’il ou elle possède. Lorsque mon voisin, ma sœur ou mon frère, ou encore mon collègue de travail possèdent richesse, notoriété ou succès, quelle sera mon attitude? De quelle manière vais-je expérimenter cette surabondance donnée au proche? Dans la joie? le partage? la communion? Pas sûr!

Cet article est d’abord paru dans notre numéro spécial Printemps 2023. Cliquez sur la bannière pour y accéder en format Web.

La convoitise, ennemie de la liberté

En hébreu, «convoiter» signifie être sous le charme, être fasciné par l’avoir ou l’être de mon frère. L’interdiction de la convoitise signifie un appel à la liberté intérieure, et aussi une invitation à accueillir ce qui est. En ce sens, elle est un chemin de vie autant pour soi que pour les proches. Convoiter l’autre dans son être ou dans son avoir, c’est perdre sa liberté pour entrer dans la comparaison. C’est croire que ce que possède l’autre nous revient absolument et totalement. Comme le roi David lorsqu’il a convoité la femme de son lieutenant: il a menti, volé et tué pour obtenir l’objet de sa convoitise.

Commettre un meurtre, voler l’argent de son entreprise, mentir à son époux: toutes ces actions se conçoivent et s’engendrent dans le fin fond de l’être, dans un lieu intérieur, le cœur. Nos actes parlent, certes, mais notre être intérieur, lui, il crie. Il risque de le faire par le mensonge, le vol ou la violence, trois actions qui sont l’objet des commandements qui précèdent celui contre la convoitise. Cette dernière loi sur le désir contient en un sens le reste de la loi. L’envie ou la convoitise sont la porte d’entrée d’un chemin sans issue.

Avoir eu l’audace de légiférer sur un désir, c’est une autre façon pour Dieu de nous dire: «Garde ton cœur des pensées envieuses, car tu risques de semer la dureté et de suivre un chemin mortifère pour toi-même et pour ton entourage. Suis donc une loi de vie! Suis un commandement nouveau qui te fera ressembler à un arbre florissant et verdoyant en tout temps.»

«Aimez-vous les uns les autres» (Jn 15,12), dit l’Évangile, car «le plein accomplissement de la loi, c’est l’amour» (Rm 13,10).

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