Qui n’a pas flingué son ‘Kinzhal’ ?

Qui n’a pas flingué son ‘Kinzhal’ ?

Qui n’a pas flingué son ‘Kinzhal’ ?

• Il y a eu, ces derniers jours, de remarquables et massives offensives de missiles russes contre l’Ukraine, et notamment avant-hier contre Kiev. • Les Ukrainiens du Zelenskistan nous ont affirmé qu’ils avaient détruits six missiles hypersoniques ‘Kinzhal’ alors que les Russes n’en ont tiré que deux, notamment sur des équipements de missiles ‘Patriot’ qu’ils ont détruits. • La fable des Ukrainiens destructeurs de missiles hypersoniques russes grâce au ‘Patriotest évidemment un simulacre de facture courante, mais il se trouve qu’il aide beaucoup les têtes étoilées du Pentagone.

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Ces derniers jours, et même ces dernières semaines, les Russes ont fortement intensifié leur pression sur les infrastructures de guerre de l’Ukraine, avec un grand nombre de raids de missiles sur divers objectifs, mais essentiellement des stocks de munitions et de divers armements, des centres de commandement et de contrôle, des centres de tir anti-aériens.

Certaines frappes ont provoqué les plus colossales explosions de la guerre, et peut-être plus encore, sans doute avec des traces de radioactivité dues à la destruction d’obus britanniques à l’uranium appauvri. Avant-hier, il y a eu des raids de missiles d’une intensité jamais vu, surtout sur Kiev qui fut l’objet de toute l’attention médiatique du fait qu’un des premiers systèmes de défense anti-aérienne US ‘Patriot’ y était installé. En même temps, le missile hypersonique ‘Kinzhal’ était une fois de plus de la fête.

… “Une fois de plus”, parce que les Ukrainiens-politique avaient annoncé l’interception et la destruction d’un exemplaire du missile hypersonique russe, contre l’avis de son commandement de la défense  aérienne qui avait répété n’avoir pas la capacité d’abattre un tel engin. Cela nous valut une semaine plus tard les explications suivantes, venues des ‘Izvestia’ à partir d’une enquête fouillée :

« …Les forces ukrainiennes n'ont pas réussi à frapper un seul missile de ce type à ce jour, ont ajouté les sources. La plupart des lancements de Kinzhal ne sont même pas détectés par les systèmes de surveillance radar de l'Ukraine ou de l'OTAN, a affirmé ‘Izvestia’, citant les mêmes sources anonymes.

» Izvestia a également rapporté que les restes de ce qui a été présenté comme un Kinzhal par Kiev le 10 mai pourraient avoir appartenu à un autre missile russe, – le 9M723, missiles balistique à courte portée basé au sol Iskander-M. […] Jeudi, une autre source au sein de l'armée russe a simplement qualifié les rapports sur l'interception du missile russe Kinzhal par le système Patriot de façon “de prendre ses désirs pour la réalité”. »

Entretemps, le commandement de la défense aérienne ukrainienne a été repris en main et a promis d’effectivement intercepter et abattre aussi vite que possible, autant de ‘Kunzhal’ qui passeront à sa portée. Cela fut le cas dans la nuit du 15 mai, qui fut extrêmement agitée, – comme jamais auparavant, – à Kiev. La défense aérienne ukrainienne s’en tint à un décompte précis : une attaque de 18 missiles russes qui furent tous identifiés et abattus, – absolument tous, malgré qu’on ait enregistré un nombre non négligeables de frappes, signifiant que les missiles abattus s’étaient dédoublés pour frapper malgré tout… Et parmi ces missiles, qui, curieusement, étaient plus que 18…

« Selon la déclaration officielle, l'armée de l'air ukrainienne a intercepté tous les missiles balistiques Kinzhal :
• 6 missiles balistiques Kinzhal ;
• 9 missiles de croisière Kalibr ;
• 3 missiles balistiques/antiaériens (à définir) ;
• 6 drones de frappe Shahed 136/131 ;
• 3 drones (Orlan, SuperCum)
. »

Sans doute préoccupé par le déluge d’affirmations contradictoires et fantaisistes concernant ce raid sur Kiev, le ministre russe de la défense Choïgou, a pris la peine d’intervenir directement sur ce sujet précis des ‘Kinzhal’. Ce n’est pas son habitude et mesure aussi bien l’agacement de la direction russe que l’importance qu’a acquis la perception des performances des missiles hypersoniques.

« L'Ukraine exagère régulièrement l'efficacité de ses défenses antiaériennes, en n’“interceptant” principalement les munitions russes qui arrivent que par des déclarations publiques, a déclaré Choïgou à RIA Novosti.

» “Je l'ai déjà dit et je le répète. Nous n'avons pas lancé autant de ‘Kinzhal’ qu'ils prétendent en abattre à chaque fois avec leurs déclarations. En outre, le nombre de ces ‘interceptions ukrainiennes’, – et la question qui reste posée de savoir qui s'occupe réellement des complexes [antiaériens] américains là-bas, – est trois fois plus élevé que ce que nous lançons réellement”, a déclaré M. Choïgou. »

Il y a bien entendu beaucoup de bruit, de rumeurs, d’hypothèses, de témoignages plus ou moins crédibles dans une ambiance où la furieuse guerre de la communication rencontre de plein fouet la furieuse guerre des systèmes de haute technologie. Le débat est centré autour de l’attaque, et de la destruction très probable, d’un “système” de défense anti-aérienne ‘Patriot’, – sans qu’on sache s’il s’agit d’un simple poste de lancement, d’une batterie complète avec système de contrôle et d’opérationnalité, ou de l’ensemble de plusieurs batteries regroupés en une base. ‘SouthFront.org’ nous donne quelques aperçus de l’attaque.

« Le système de missiles antiaériens Patriot fabriqué par les États-Unis a été touché par une frappe de haute précision effectuée par un système de missiles hypersoniques ‘Kinzhal’ dans la ville de Kiev.

» La destruction du système américain Patriot a été filmée par l'une des caméras de Kiev. La vidéo montre clairement que le système effectue environ trente tirs par minute. Le système Patriot est le seul système déployé par l'armée ukrainienne capable de lancer autant de missiles. La mort des “conseillers militaires” américains qui coordonnent le fonctionnement des armes américaines de pointe en Ukraine est également très probable… »

Bien entendu, il faut une explication un peu moins rigoureuse, un peu moins “technique” que tout ce qui est dit d’habitude, notamment et particulièrement dans la presseSystème de notre Occident-collectif, – pour expliquer le comportement ukrainien sur ses propres performances où le nombre de missiles abattus dépasse le nombre de missiles tirés par les Russes. Après avoir brièvement parlé de “miracle” (« While the military authorities claim that they miraculously intercepted 18 Russian missiles… »), ‘SouthFront.org’ passe aux choses sérieuses en citant notamment les traditions bien connues du Zelenskistan :

« Le régime de Kiev ment traditionnellement sur la situation dans le pays. Les autorités ukrainiennes comprennent que la destruction du système de défense aérienne Patriot porte un nouveau coup dur au mythe de la fiabilité des armes occidentales. Pour dissimuler l'échec de la défense aérienne américaine, l'Ukraine crée des légendes sur l'interception des missiles hypersoniques russes. Espérons qu'au moins le maire de Kiev Klitschko n'a pas menti en disant que tous les animaux du zoo sont sains et saufs et qu'ils reçoivent toute l'assistance psychologique nécessaire. »

Mais attachons-nous tout de même à ce domaine des actes du Zelenskistan en les rapprochant des nécessités du système de l’américanisme. Les Russes jouent, dans cette pièce-là, un rôle annexe, sinon celui du producteur de missiles hypersoniques…

Coup de main aux amiraux

… Nous nous retrouvons, le 9 mai, à une séance d’audition d’une commission du Sénat des États-Unis sur le budget en préparation de l’année fiscale 2024. Le sénateur King, un Indépendant du Maine, mène les débats sur la question de la défense contre les missiles hypersoniques. Quatre officiers généraux dirigeant des services développant des systèmes de cette catégorie sont soumis à la question d’un sénateur qui juge qu’on dépense trop d’argent sur les missiles hypersoniques offensifs (sans beaucoup de succès d’ailleurs) et fort peu sur la défense anti-missiles hypersoniques.

« King demande au vice-amiral Jon A. Hill, directeur de l'Agence de défense antimissile, s’il est possible de défendre un porte-avions contre une attaque de missiles hypersoniques.

"Nous avons la capacité de l'arrêter à deux endroits, dans la phase de propulsion et de vol plané et lorsque le missile rentre dans l'atmosphère, a répondu M. Hill, en soulignant que les missiles SM-6 de la marine sont des “tueurs de missiles de croisière” conçus pour suivre et tuer des cibles rapides et manœuvrables qui peuvent voler très haut et frôler la surface de l'eau. “Il serait vaincu par un destroyer défendant un porte-avions”.

Notant que les Ukrainiens affirment avoir abattu une arme hypersonique russe la semaine dernière avec un missile antiaérien ‘Patriot’ fourni par les États-Unis, Hill a déclaré que les systèmes ‘Patriot’, les missiles THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) et le système de défense balistique AEGIS ont tous une "capacité" démontrée lors de tests contre les armes hypersoniques.

"Le THAAD opère à la limite de l'atmosphère. "Nous ne l'avons pas testé contre les hypersoniques, mais je suis prêt à parier qu'il existe des capacités que nous pouvons exploiter dans ce domaine. »

Quant à nous, nous sommes “prêts à parier” que les précisions satisfaites mais extrêmement vagues de l’amiral Hill sont de ces habituels hochets de communications que les porteurs d’étoiles ont l’habitude de tendre aux parlementaires qui les écoutent et qui ont en général un très grand intérêt à les croire. Il s’agit de répondre aux attentes du complexe militaro-industriel, principal pourvoyeur de l’argent des campagnes électorales et du reclassement dans les Conseils d’Administration récompensant les bons et loyaux services.

Il y a donc dans cette pseudo-joute verbale, – en général, sauf lorsque vous tombez sur une exception qui prend sa mission au sérieux, – une complicité qui permet d’éviter de trop fouiller dans les affirmations des uns et des autres. Cela est bien entendu lorsque l’amiral Hill cite “en exemple” le ‘Kinzhal’ abattu par un communiqué ukrainien ou une déclaration publique d’un dirigeant ukrainien, comme dit joliment Choïgou, et que personne ne relève combien cette référence est plaquée de fer-blanc et habillée d’un simulacre complètement zelenskistanais.

Le fait même de citer cet “exemple” alors que, le 9 mai, personne ne doute plus de ce que tout le monde savait d’intuition, que l’affirmation ukrainienne est du grossier simulacre, est une reconnaissance de la bonne aubaine pour le Pentagone. Personne n’ignore que les généraux et les amiraux, dans d’autres circonstances, lorsqu’on parle entre techniciens et bureaucrates et hors de la sphère démagogique du Congrès, constatent d’un même mouvement leur incapacité à arrêter des missiles hypersoniques ; d’autre part, ils sont terrorisés par la perspective que l’on puisse dire que les USA sont complètement dépassés par les Russes dans un domaine si complètement stratégiques, et si complètement opérationnel désormais..

Note de PhG-Bis : « Je suis sûr d’avoir entendu PhG maugréer quelque chose comme ça, – “Je suis ‘prêt à parier’, moi, que ces amiraux n’auraient pas avancé ce qu’ils nous servent s’il n’y avait pas eu, deux jours avant, l’interception et la destruction réussies sur grand accord d’un ‘Kinzhal’. Les Ukrainiens ont l’esprit d’à-propos et l’absolue lévitation divine de Saint-Zelenski dans les couloirs du Congrès les garantit de toute contestation insupportable.” »

Mais nous sommes dans une époque de “guerre de communication” beaucoup plus que de guerre réelle. Comme d’habitude désormais, comme avec le JSF ou les nouveaux porte-avions, les généraux et les amiraux s’enfoncent franchement sur les chemins de simulacre sous les applaudissements des élus. Ils ont désormais une aide précieuse, car les Ukrainiens ont finalement compris, – après un certain temps tout de même, ils manquent d’instruction, – que leur meilleure garantie de survie, c’est d’apporter des preuves “battle-tested” et “combat-proven” comme on dit sur les pubs (“testés et confirmés en guerre réelle”), des cousu-mains et clef-en-main, parfaitement réalisées et authentifiées par les spécialistes hollywoodiens de la com’, de la magnificence et de l’excellence des systèmes du complexe américaniste. On peut se demander si l’incroyable rythme de tir des ‘Patriot’ (30 en 1-2 minutes) au cours de l’attaque de Kiev n’est pas la marque d’une certaine fièvre agrémentée d’une certaine panique devant la nécessité d’abattre un ‘Kinzhal’ et de venir à l’aide de leurs amis du Pentagone, – leur garantissant en retour matériels, armements et chèques en blanc…

On notera qu’avec le ‘Patriot’, ils (les généraux-amiraux et le Complexe) ont une certaine habitude, puisqu’ils racontent des fables sur ce système depuis quatre décennies. Les Ukrainiens seront d’utiles petites mains pour apporter des “par exemple” à la gloire des ‘Patriot’ et compagnie, qui resteront pseudo-crédibles pendant deux ou trois jours, que d’ailleurs personne n’ira vérifier puisque la presseSystème est ce qu’elle est.

 

Mis en ligne le 17 mai 2023 à 17H50

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

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