Porter le kilt écossais et son tartan louperivois ? Jamais !

Porter le kilt écossais et son tartan louperivois ? Jamais !

Le 350e de Rivière-du-Loup déroule le tapis rouge, avec tambours et cornemuses, au nouveau tartan spécialement brodé par son Cercle des fermières.

La Ville souhaite ainsi souligner la présence des Fraser, ces seigneurs écossais qui ont fondé Fraserville, l’ancêtre de Rivière-du-Loup. Mais quand on creuse un peu, on s’aperçoit vite que les Écossais en général, et les Fraser en particulier, n’ont pas été des anges avec nos ancêtres.

Rappelons la vérité : dans l’histoire du Canada français, de l’Acadie comme du Québec, les Écossais, anglophones et protestants, combattaient farouchement les francophones et les catholiques…

C’est en zélés colonisateurs alliés aux Anglais que les Écossais ont conquis et annexé la Nouvelle-France. Partout sur le passage de leurs soldats, notamment ceux du 78e régiment des Fraser Highlanders, le sang a coulé. Nombre d’Écossais ont prospéré après s’être battus au sein de ce régiment créé dans le but de mater d’abord les Acadiens, puis les Canadiens français, puis en colonisant et en accaparant le territoire, ses ressources, ses richesses.

La vie du fameux Malcolm Fraser l’illustre à merveille. Né à Abernethy, en Écosse, il joint le 78e régiment d’infanterie en 1757. Loin d’être un simple figurant, « il participe d’abord activement au siège de Louisbourg (1757) puis, en juillet 1759, à la bataille de Beauport ». En août, son régiment se charge de brûler la côte de Beaupré et commet le massacre de Saint-Joachim, où le curé et sept paroissiens furent tués. Puis, les soldats brûlent l’église, les maisons et les champs. Quand nos ancêtres apparaissent dans son journal personnel, c’est en ces termes : « enemy killed ». À sa défense, quand le « barbare capitaine Montgomery » fait abattre au tomahawk, puis scalper deux prisonniers, Malcolm y déplore cette « boucherie inhumaine et cruelle ». Il se distingue, par la suite, aux batailles des plaines d’Abraham (1759), de Sainte-Foy et de Montréal (1760).

En 1763, son régiment démantelé, ce même Malcolm choisit de demeurer en terre conquise. Ça tombait pile-poil : la défaite française força le seigneur Danseville à retourner en France et, en 1763, à vendre la seigneurie de la rivière du Loup au gouverneur Murray, un autre Écossais. En récompense de ses loyaux services, « Malcolm reçoit la seigneurie de Mount Murray en 1762, loue une partie de celle de l’Île-d’Orléans et devient seigneur des 3 000 acres de terre de la Rivière-du-Loup en 1766 ». À leur arrivée, donc, les Fraser à Rivière-du-Loup accaparent les terres des vaincus.

Par la suite, d’autres honorables Écossais continuèrent à fréquenter Fraserville en villégiature, comme un certain John A. McDonald, né à Glasgow. Malgré que ce « Père de la Confédération » unilingue anglais se soit révélé ouvertement raciste envers les Autochtones et les Francophones, il a longtemps orné nos billets de 10 $.

La Ville connait-elle ces faits, elle qui célèbrera en grande pompe ce régiment meurtrier, incendiaire, et destructeur envers les nôtres en l’invitant à parader en fanfaronnant, le 1er juillet prochain, dans les rues de Rivière-du-Loup ?

Comme l’explique la gestionnaire aux programmes culturels et patrimoniaux de la Ville de Rivière-du-Loup : « C’est important de savoir d’où on vient pour avancer dans notre vie. Je pense que les Louperivois d’aujourd’hui doivent connaître leur histoire. Certains la connaissent bien, d’autres moins. »
100 % d’accord. Il y a, en effet, une limite à ignorer sa propre histoire.

Oui à un fléché patriote louperivois

Alors, s’il reste un tant soit peu de fierté francophone, québécoise et nationale aux organisateurs, voici deux suggestions pour faire amende honorable. D’abord, dans un geste de dignité tardive, le Cercle des fermières pourrait créer un fléché patriote louperivois… Ainsi, au lieu de reléguer au second rang l’identité québécoise en la symbolisant par un mince fil d’un tartan qui la noie de couleurs, ce serait l’identité écossaise qui ne tiendrait qu’à un fil du fléché de la ceinture.

Ce ne serait que justice de ravaler les Écossais de 1837 au rang qu’ils méritent… Comme ceux du « Doric Club », fondé en 1836 par Adam Thom, qui combattaient farouchement les « Fils de la liberté », nos ancêtres patriotes. Cet « ennemi irréconciliable des Canadiens français », ce « fanatique haineux » prônait ouvertement l’assimilation des « Canayens » et des Métis, comme son bon ami écossais Peter McGill, tout aussi francophobe.

Belle occasion ratée : le 22 mai, aucune activité officielle du 350e ne soulignera la Journée nationale de Patriotes. Ensuite, le 14 juillet, jour de la Fête nationale de cette France de nos racines profondes, pourquoi ne pas organiser une grande célébration patriotique? Tant de façons existent pour raviver quelque peu notre fierté française endormie : un défilé militaire français, des groupes de musique venus de l’Hexagone ou encore un banquet digne d’Obélix…

Si on peut applaudir les Écossais d’aujourd’hui dans leur combat pour l’indépendance et la liberté, cela ne justifie pas qu’on encense un régiment qui a contribué à priver nos ancêtres de la leur. Et qui a leur sang sur les mains.

Je rêve au jour où nous assumerons pleinement l’évidence que nos ancêtres étaient principalement français. Mais moi, je serai mort, mon frère.

Le 1er juillet, quand Rivière-du-Loup fêtera ces sombres « héros » en pétaradant, il faudra rappeler au 78e régiment des Fraser Highlanders que notre fierté a survécu à leurs exactions passées.

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