La quatrième révolution industrielle chinoise ébranle les valeurs technologiques étasuniennes

La quatrième révolution industrielle chinoise ébranle les valeurs technologiques étasuniennes

Le véhicule électrique de BYD à 11 400 $ et les progrès de Huawei dans le domaine des logiciels de planification des ressources d’entreprise nuisent à Tesla et à Cisco.


Par David P. Goldman – Le 22 Avril 2023 –  Source AsiaTimes

Deux des valeurs technologiques américaines les moins performantes de la semaine – Cisco et Tesla – ont un point commun : elles se sont toutes deux heurtées à la concurrence chinoise. À l’ouverture de la bourse de New York le 21 avril, Tesla avait perdu plus de 12 % au cours de la semaine et Cisco plus de 8,1 %.

BYD, le concurrent chinois de Tesla, a annoncé un véhicule électrique à 11 400 dollars, ce qui représente un défi pour l’offre la moins chère de Tesla, qui est d’environ 33 000 dollars.

Huawei a annoncé qu’elle avait adopté son propre logiciel de planification des ressources de l’entreprise (ERP), après que les sanctions américaines de 2019 lui ont coupé l’accès aux systèmes américains. Huawei est en concurrence avec Cisco dans les réseaux locaux sans fil (LAN), les commutateurs Ethernet, les routeurs et autres technologies de communication.

Le véhicule électrique Seagull de BYD, d’une valeur de 78 000 yuans (11 400 dollars), qui offre un rayon de 300 miles [480 km] et une accélération de 0 à 60 mph en cinq secondes, a volé la vedette au salon de l’automobile de Shanghai la semaine dernière, selon les sites web de l’industrie. C’est la moitié du prix de base de la Nissan Leaf ou de la Chevrolet Bolt, ce qui fait de la Seagull le véhicule électrique le moins cher au monde – devenant ainsi la Ford Model T du 21e siècle. BYD affirme qu’elle exportera 300 000 véhicules cette année, soit six fois plus qu’en 2022.

La Chine a produit 27 millions de voitures en 2022, contre 10 millions aux États-Unis, 7,8 millions au Japon, 5,5 millions en Inde et 3,7 millions en Corée du Sud et en Allemagne. Avec un chiffre d’affaires de près de 3 000 milliards de dollars, le secteur automobile est de loin la plus grande industrie manufacturière du monde.

Les constructeurs automobiles chinois constituent un laboratoire national pour les technologies dites de la quatrième révolution industrielle, et la domination de la Chine dans le domaine des batteries pour véhicules électriques constitue un avantage supplémentaire. La combinaison de la robotique et de l’intelligence artificielle, y compris le contrôle de la qualité et la maintenance préventive, pourrait faire s’effondrer la structure des coûts de la production automobile, et la Chine est très en avance sur le reste du monde dans ce domaine.

Selon un porte-parole de Huawei, 6 000 réseaux 5G dédiés ont déjà été installés dans des usines chinoises. La grande capacité d’information et le temps de réponse rapide de la 5G permettent des applications d’IA dans la fabrication – par exemple, la transmission d’un très grand nombre d’images vers le Cloud pour un traitement en temps réel afin d’améliorer le contrôle de la qualité. Huawei introduit ce que l’on appelle la 5.5G, une amélioration qui augmente d’un tiers le débit d’information, parce que les applications d’IA mettent déjà à rude épreuve la capacité des systèmes 5G.

Le Seagull bon marché de BYD est un signe de changement. Aux États-Unis, une voiture neuve coûte en moyenne 48 000 dollars, soit à peu près le même montant que le revenu annuel disponible moyen. Le prix de 11 400 dollars de la nouvelle voiture de BYD est légèrement inférieur au revenu disponible moyen en Chine et légèrement supérieur au revenu disponible de 7 000 dollars au Brésil.

La fabrication dans le cadre de l’industrie 4.0 pourrait faire chuter le coût des véhicules d’entrée de gamme au point que les familles moyennes des pays du Sud puissent se les offrir, de la même manière que la chaîne de montage d’Henry Ford a mis le modèle T à la portée de la famille américaine moyenne en 1907.

En mars, les exportations chinoises ont bondi de 14 % d’une année sur l’autre, tirées par une hausse de 35 % des exportations vers l’Asie du Sud-Est, les infrastructures numériques et physiques étant en tête de liste. Si la Chine parvient à faire fortement chuter la structure des coûts de fabrication, son marché d’exportation continuera à se développer, de même que les activités des entreprises à l’étranger. BYD, par exemple, tente de reprendre l’usine Ford de Bahia, au Brésil, qui a été abandonnée.

Grâce à ses vastes économies d’échelle, la Chine peut réaliser des économies de coûts qui mettent en péril l’industrie automobile des marchés développés. Elle est en train de rattraper les États-Unis dans certaines des poches d’excellence qui subsistent dans ce pays, notamment les logiciels d’entreprise.

L’annonce par Huawei de son propre système ERP illustre le risque de boycott technologique. Dépendant des logiciels américains jusqu’en 2019, Huawei dispose désormais d’un système, « MetaERP », qu’il peut vendre de manière compétitive, prenant ainsi des parts de marché à l’Américain Oracle et à l’Allemand SAP.

Le 20 avril, Huawei organisait à son centre de Dongguan une cérémonie de remise de prix à l’équipe Meta ERP, sous la rubrique « Héros se battant pour traverser la rivière Dadu« , selon un communiqué de presse de l’entreprise. Cela fait référence à la bataille du pont de Luding en 1935, une victoire des forces communistes, pourtant en infériorité numérique, quand elles étaient poursuivies par l’armée nationaliste pendant la Longue Marche.

Les analogies avec la guerre civile chinoise abondent dans la littérature économique du pays. L’industrie chinoise des semi-conducteurs, principale cible des contrôles technologiques américains, dominera la production des nœuds matures (14 nanomètres et plus), selon Chen Feng, chroniqueur à l’ »Observer« . En surpassant l’Occident dans le segment mature du marché, la Chine se positionnera pour le défier dans le segment haut de gamme du marché.

Chen Feng écrivait en février : « Les puces de milieu et de bas de gamme sont encore rentables, mais la Chine ne se contentera pas de ce segment de marché. Au contraire, elle s’appuiera sur les puces de milieu et de bas de gamme pour développer les puces haut de gamme. Il s’agit là d’un développement durable. L’industrie sidérurgique chinoise, qui écrase le monde, a été construite de cette manière. Qu’il s’agisse de l’époque de la guerre révolutionnaire [guerre civile chinoise] ou de l’économie mondiale, l’encerclement des villes à partir des campagnes a été l’expérience la plus réussie de la Chine. »

David P. Goldman

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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Source : Lire l'article complet par Le Saker Francophone

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