Une politique de subordination à l’industrie nucléaire

Une politique de subordination à l’industrie nucléaire

Des groupes de la société civile expriment leur profonde déception de la Politique fédérale en matière de déchets radioactifs et de déclassement récemment publiée discrètement par Ressources naturelles Canada sur un site Web du gouvernement fédéral vendredi matin le 31 mars 2023.

Les groupes qui ont participé activement au processus d’élaboration de cette politique, entre novembre 2020 et mai 2022, qualifient cette politique de subordination à l’industrie nucléaire et disent qu’elle ne respecte pas les normes internationales et ne répond pas aux attentes du public.

« C’est un échec monumental. Cette politique donne le contrôle à l’industrie et met en danger le public et l’environnement. C’est une trahison de la science et de la confiance du public », a déclaré Ole Hendrickson, Ph. D., de la Fondation Sierra Club Canada.

« Cette version finale de la politique en matière de déchets radioactifs nous condamne à dix ans de contrôle de l’industrie nucléaire. C’est un échec total concernant les plus hautes priorités d’une politique nationale en matière de déchets radioactifs : établir un registre national des déchets, de leurs caractéristiques et de leurs transits transfrontaliers, affirmer l’autorité fédérale sur les stratégies de gestion des déchets radioactifs et exiger la surveillance perpétuelle des déchets de combustible de réacteur », a commenté Brennain Lloyd, coordonnatrice de projet pour la coalition Northwatch au Nord de l’Ontario.

La politique révisée découle de la recommandation faite en 2019 par l’Agence internationale de l’énergie atomique pour que le Canada « améliore » son cadre stratégique sur les déchets radioactifs (qui comportait seulement 3 points), et suite à un examen rigoureux par des pairs.

« La nouvelle politique du gouvernement fédéral en matière de déchets radioactifs ne protège ni le public ni l’environnement. Elle ne répond même pas aux attentes légitimes du public et de la société civile », a déclaré Theresa MacClenaghan, directrice générale et avocate-conseil principale à l’Association canadienne du droit de l’environnement.

La politique sur les déchets radioactifs publiée vendredi dernier est pratiquement silencieuse concernant la question cruciale du retraitement de combustible nucléaire irradié ; elle affirme que malgré qu’il n’y ait maintenant aucun retraitement entrepris au Canada, s’il devait y en avoir dans l’avenir, la politique récemment publiée s’appliquerait aux déchets du retraitement.

« Le retraitement – l’extraction du plutonium à partir de déchets nucléaires de haute activité – est décrit comme n’étant pas couvert par la nouvelle politique. Pourtant, le gouvernement fait la promotion de deux projets nucléaires au Nouveau-Brunswick qui utiliseront cette technologie controversée. Abdiquer ses responsabilités est non seulement un signe de mauvaise gouvernance, mais c’est aussi imprudent et dangereux. L’expérience démontre que promouvoir le retraitement augmente le risque de prolifération des armes nucléaires, en plus des risques environnementaux », a affirmé Susan O’Donnell, Ph. D., porte-parole de la Coalition pour le développement énergétique responsable au Nouveau-Brunswick.

Gordon Edwards, Ph. D., président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire a résumé les préoccupations de manque de surveillance de l’industrie nucléaire, qui, selon les groupes consultés, sera perpétué par cette politique publiée en 2023. « Après une enquête de dix ans, incluant des audiences publiques dans cinq provinces, un comité nommé par le gouvernement a déclaré à l’unanimité que le Canada a besoin d’une agence indépendante pour la gestion des déchets radioactifs. Ce même besoin a récemment été communiqué à Ottawa par des dizaines de groupes d’intérêt public partout au Canada. Sans une telle agence, la politique du gouvernement est impuissante à protéger les générations futures de ces poisons persistants. »

Action déchets nucléaires a facilité la participation d’une centaine d’organisations au processus d’examen de la politique :

  • En organisant une série de tables rondes avec Ressources naturelles Canada et des séances préparatoires nationales bilingues portant sur chacun des quatre documents de travail en vue de l’ébauche de politique.
  • En compilant et en publiant une politique alternative basée sur les commentaires des centaines de participants en réaction à la première ébauche de politique produite par Ressources naturelles Canada qui ignorait sciemment les commentaires des participants.  

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