L’Occident n’a pas le monopole du sport international

L’Occident n’a pas le monopole du sport international

S’il est désormais admis que le monde contemporain du sport international est ouvertement lié à la géopolitique, les événements récents démontrent que la multipolarité y prend aussi tout son envol. Un envol qu’une évidente minorité planétaire ne sera pas en mesure de stopper.

La Fédération russe des échecs a officiellement quitté l’Europe pour l’Asie, devenant par la même occasion la première instance sportive russe à franchir le pas de manière officielle et pratique. Un pas qui sera fort vraisemblablement suivi par d’autres fédérations sportives russes dans un avenir plus ou moins proche.

Selon Andreï Filatov, président de la Fédération russe des échecs, il s’agit d’un événement historique. Le mot est certainement juste. Car il ne s’agit pas seulement d’une décision qui fait suite à une injustice et une discrimination au plus haut niveau des instances européistes-occidentales à l’endroit de la Russie, mais cela représente quelque chose qui devait avoir lieu dans tous les cas, et peut-être même il y a des années de cela. Y compris lorsque les tensions géopolitiques étaient un peu moins vives entre les partisans de l’ordre multipolaire international et les nostalgiques de l’unipolarité.

Dans tous les cas, le passage de la Russie vers la Fédération asiatique est effectivement historique et stratégique. Et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord – en raison de l’identité profondément eurasienne de l’Etat russe – Etat multiethnique et multiconfessionnel. Sur les plans historique, culturel, civilisationnel, humain. Une identité que la Russie assume pleinement enfin, et ce malgré les nombreuses tentatives des représentants libéraux de la société russe à ralentir ledit processus.

Aussi et face à l’arrogance extrême de l’establishment occidental qui domine encore de nombreuses structures sportives internationales, ayant d’ailleurs largement introduit la géopolitique dans le sport, et ce d’ailleurs très bien avant le lancement de l’opération militaire spéciale par la Russie l’année dernière, il fallait apporter une réponse ferme.

D’autre part, et puisque nous restons dans la géopolitique – il faudrait certainement dire que cette décision, et d’autres encore à venir – sont plus que symboliques, dans le cadre justement du monde multipolaire et des événements contemporains. Surtout lorsqu’on sait que démographiquement parlant, l’Asie représente plus de 4,7 milliards d’habitants de la planète, pendant que le fameux espace européiste, sans la Russie, pas beaucoup plus qu’un demi-milliard.

Et à ce sujet, ce qui est particulièrement intéressant de noter, c’est le vote justement des Etats membres de la Fédération asiatique quant à l’adhésion de la Russie: 29 voix pour, 6 abstentions, 1 contre. Soit en termes de pourcentages : plus de 80% des pays membres ayant soutenu le rattachement de Moscou à l’organisation. Et la seule voix contre représentant… environ 2,8%.

Quant à l’aspect sportif, qu’il faut évidemment aborder aussi, de l’avis des meilleurs champions soviétiques et russes d’échecs – c’est un pas évident en avant, à l’heure où les champions asiatiques – notamment chinois, indiens, iraniens – entre autres – dépassent de plus en plus leurs collègues européens. Et ce aussi bien en termes quantitatifs, que qualitatifs.

Enfin et pour parler de spiritualité. La récente Coupe du monde de football au Qatar a eu le mérite de démontrer qu’en termes de valeurs la Russie contemporaine a énormément plus en commun avec les Etats de l’espace asiatique, qu’avec l’Occident, dont les pseudo-valeurs (aucunement universelles), ne correspondent certainement pas à celles de la grande majorité des Russes – dans toute leur diversité ethnique et religieuse. Tout comme c’est d’ailleurs le cas pour la forte majorité des peuples d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine.

En d’autres termes – le divorce était et est inévitable. Et fort vraisemblablement dans le cas occidental – pas seulement avec la Russie. Après tout, à chacun son chemin. L’essentiel étant que l’Occident n’aura plus le monopole. Un monopole qu’une extrême minorité à l’échelle planétaire n’était d’ailleurs censée jamais avoir.

Mikhail Gamandiy-Egorov
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