En place, la série de Jean-Pascal Zadi qui recycle Stéphane Blet et Dieudonné

En place, la série de Jean-Pascal Zadi qui recycle Stéphane Blet et Dieudonné

Quand l’algorithme pige que trop de woke tue le business

Nous avons regardé En place, la série Netflix de 6 épisodes dont tout le monde parle (sauf Ardisson, qui a perdu sa place à la télé pour avoir été antisioniste dans sa jeunesse). Et pour cause : c’est la première fois, en France, qu’une production télé ose piétiner la sacro-sainte ligne rouge édictée par la dominance. La ligne rouge, c’est quoi ? C’est ce qui sépare l’antiracisme du racisme, le philosémitisme de l’antisémitisme, la bien-pensance de la mal-pensance, le féminisme du machisme, bref, le bien du mal.

Le pitch, d’abord : Stéphane Blé (clin d’œil à notre regretté ami Stéphane Blet ?) est un négro – on peut dire négro parce que les banlieusards s’interpellent parfois ainsi dans la série et en plus c’est le principe d’En place de casser les codes – sympa mais un peu gauche, un Candide black. Il est maqué avec une jolie Franco-Sénégalaise, qui, elle, a la tête sur les épaules. Elle tient un magasin de coiffure sur la dalle et prépare une FIV. Toute l’action se passe dans la cité, avec quelques incursions dans la ville, blanche évidemment.

« Liberté d’expression, liberté d’expression, sauf quand tu parles des juifs ! »

Y a du rabza, du renoi, rien de nouveau sous le soleil : encore une merde woke ? Pas exactement : Stéphane – animateur social de son état – finit par se présenter à l’élection présidentielle, après un énorme buzz télé (BFM TV) face son mentor en politique Éric Andreï, incarné par Benoît Poelvoorde. Un Poelvoorde socialiste et cynique flanqué de son conseiller très macronien, très pute, selon l’expression consacrée par Minc. En face de ce PS pourri, on a une équipe « ni droite ni gauche » de bras cassés, regroupant des potes de téci et une voilée disruptive qui a fait Sciences Po, et qui relève le niveau, sans oublier un éblouissant Éric Judor, parfait en Tullius Détritus, mélange de Valls et de Manu-la-tremblote.

Le décor est crade, les personnages caricaturaux juste ce qu’il faut, la série pleine d’humour, avec un garde du corps de Blé – Mo, joué par l’excellent Jean-Claude Muaka – quasiment le Dieudonné d’avant la techouva (la série a été produite en 2022) : Mo voit du complot judéo-franc-maçon partout, et Judor, gêné devant les caméras, est toujours obligé de le renvoyer dans ses 22. On sent que les deux auteurs, Zadi et (François) Uzan, ont voulu injecter de l’humour dieudonnesque dans leur créa somme toute très antiraciste. C’est un premier pas : il n’est évidemment pas suffisant pour arriver à la cheville d’un épisode épouvantable de South Park

Retour vers le réel

La nouveauté, c’est donc cette injection de 10 % de saillies anti-woke dans les épisodes. Ça ressemble à Jamel Comedy Club Inside pour le côté authentique et hilarant des rapports véreux entre les protagonistes. Et ça change du très bien-pensant Sens de la fête [déconstruit dans le Financement associatif de la Rédaction], réalisé par le couple Toledano-Nakache : le touchant Bacri en haut de l’échelle, le grotesque couple catho tout en bas, et les merveilleux immigrés & migrants entre les deux.

Il ne s’agit donc pas d’une évolution positive vers l’esprit de South Park, véritable défouloir de liberté d’expression, et donc d’humour : il faut plutôt y voir la prise en compte de la chute des abonnements Netflix dus à l’overdose de woke dans ses productions. Le cinéma a montré le chemin : le 100 % woke n’est pas rentable. L’’algorithme qui fait tourner le moteur à films, séries et docus sur la plateforme a intégré la nécessité d’ajouter de l’antiwoke (ou de l’antipoison) dans l’océan de merde bien-pensante.

Le succès d’En place prouve qu’il ne s’agit pas d’une décision et d’une évolution politiques mais bien d’un « choix » de survie commerciale. Le cinéma français, enwoké jusqu’à l’os, crève de faire la retape du Système. L’algorithme américain fondé sur les préférences des consommateurs (selon le principe du renforcement) est en train de faire la différence, on le voit très nettement avec la résurrection du réseau social Twitter sous l’impulsion d’Elon Musk.

Il se peut que l’IA devienne l’amie des résistants, même si l’on vient d’apprendre que chatGPT a déjà intégré des bloqueurs de mal-pensée. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’on peut faire sauter ces commandes cachées.

 

Toute la presse mainstream s’est extasiée sur l’audace de Zadi & Uzan. Or, la technique des auteurs est au fond du nudge, un moyen plus subtil de faire (re)gober l’idéologie antiraciste. C’est de l’antiracisme 2.0, reconditionné pour ceux qui ne supportent plus l’antiracisme 1.0, celui du PS des années 80, ce parti qui incarne la pourriture finale du politique dans En place. Après, se foutre de la gueule de Corinne Douanier, le double écolo-lesbien de Sardine Rousseau, est accessoire : même un âne peut donner un coup de pied à un lion mort.

L’injection de 10 % de mal-pensance dans le gros cul de cette série a le même objectif que l’injection de sang neuf dans le sang bleu : éviter la consanguinité, synonyme de mort lente par maladie dégénérative. Ce n’est donc pas une révolution, mais une opération de survie du Système.

Florilège des saillies anti-woke

Fred Cognard (Pierre-Emmanuel Barré), le facho : « Faut renvoyer les Arabes chez eux. »

William Crozon (Éric Judor), le directeur de campagne de Stéphane Blé : « On peut être les deux renois de l’Élysée, les deux Barack et Michelle. »

Crozon : « C’est une aubaine que tu sois là, c’est très Mandela… T’as fait de la taule, ça fait de toi un prisonnier politique, comme lui ! »

Crozon devant le commissariat : « Pas de justice, pas de paix ! » [slogan d’Assa Traoré]

Désiré (Fary), le cousin de Stéphane : « Tu dirais quoi, qu’on va avoir un président noir un jour ? Eh t’es en France négro. Déjà si t’es manager au Macdo, c’est un truc de fou. »

Yasmine (Souad Arsane), la sciencepotarde, explore le passé MeToo de Stéphane Blé : « Même pas un attouchement, une drague relou, dick pics ? »

Mo (Jean-Claude Muaka), le garde du corps : « Liberté d’expression, liberté d’expression, sauf quand tu parles des juifs… »

Crozon : « Woh, on n’y va pas, là ! »

Blé en campagne en Corrèze : « Tu peux pas enlever ton tchador ? »

Yasmine : « Quand t’arrêteras d’être noir. »

Crozon pendant le grand débat : « Il va la défoncer cette gouine ! »

Yasmine : « Pardon ? »

La meilleure, c’est Chahiba, la réfugiée afghane aveugle qui a étudié « à Harvard l’histoire des persécutions LGBTQI+ dans la péninsule arabique au VIIe siècle »…


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À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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