Mon cher drapeau, c’est à ton tour

Mon cher drapeau, c’est à ton tour

Le samedi 21 janvier marquera le 75e anniversaire du premier jour où le drapeau du Québec a été hissé au sommet de l’Assemblée nationale. Retour dans le temps.

21 janvier 1948

Le 21 janvier 1948, 17 ans avant l’adoption de l’unifolié par le Canada, l’Assemblée législative (devenue Assemblée nationale) du Québec adopte son propre drapeau. Autour de 15 h 10, le fleurdelysé flotte au sommet de la tour de l’Assemblée nationale, à Québec. À l’intérieur, le premier ministre Maurice Duplessis déclare qu’il « y avait déjà longtemps que des Québécois réclamaient que le Québec se dote d’un étendard officiel » et qu’il fallait un drapeau « qui exclut tout signe de servage, de colonialisme », allusion à peine voilée à l’Union Jack britannique qui était depuis la Conquête le seul drapeau officiel du pays. Duplessis propose à la Chambre d’adopter « un drapeau nettement canadien et qui symbolise les aspirations du peuple de cette province ».

René Chaloult

PHOTO FONDS BÉATRICE CLÉMENT, BANQ, LIBRE DE DROITS

René Chaloult

L’existence du drapeau doit beaucoup au travail du député indépendant de Québec René Chaloult, qui militait depuis des années pour son adoption. M. Chalout devait, le 21 janvier 1948, déposer une motion pour que ce projet soit adopté, mais Duplessis l’a pris de court. Chaloult n’en a pas pris ombrage si on se fie à son intervention en Chambre : « Étant donné la motion que j’ai inscrite au feuilleton, j’avais préparé un plaidoyer en faveur du fleurdelysé ; évidemment je le sacrifie avec joie », déclare-t-il. Une plaque en l’honneur de M. Chaloult sur laquelle on le dit « promoteur de l’adoption d’un drapeau québécois » est apposée sur le lieu où il a vécu à Québec.

Inspiré d’autres bannières et drapeaux

  • Les armes de la France

    PHOTO MARC-ANDRÉ GRENIER, ARCHIVES ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC

    Les armes de la France

  • Le pavillon de l’amirauté de Saint-Malo

    PHOTO MARC-ANDRÉ GRENIER, ARCHIVES ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC

    Le pavillon de l’amirauté de Saint-Malo​​​

Il existe à l’Assemblée nationale une Salle des drapeaux où sont exposés huit bannières et drapeaux ayant inspiré celui du Québec. Ainsi, la fleur de lys, symbole le plus ancien, fait son apparition sur la bannière du roi Louis VII, dont le règne va de 1137 à 1180. Un pavillon rouge à croix blanche apparaît aussi dans le coin gauche d’un drapeau hissé dans le port de Saint-Malo lorsque Jacques Cartier et sa flotte appareillent pour le Nouveau Monde. Le pavillon vire plus tard au bleu sur des navires de commerce et, si l’étendard est carré, l’ensemble évoque sans équivoque le futur drapeau québécois.

Les fleurs de lys

PHOTO MARC-ANDRÉ GRENIER, ARCHIVES ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC

La bannière de Carillon

Les fleurs de lys du drapeau québécois sont inspirées de celles de la bannière de Carillon. Selon le site de l’Assemblée nationale, cette bannière religieuse dont le centre est marqué par les armes de la France est « considérée comme l’ancêtre direct du drapeau québécois ». Le 24 juin 1848, elle est portée bien haut dans les rues de Québec par les dirigeants de la Société Saint-Jean-Baptiste.

Elphège Filiatrault

PHOTO MARC-ANDRÉ GRENIER, ARCHIVES ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC

Le drapeau d’Elphège Filiatrault

On doit au curé de Saint-Jude Elphège Filiatrault l’amalgame ayant conduit à la création du drapeau québécois. Le 23 septembre 1902, Elphège Filiatrault, célébrant ses noces d’argent sacerdotales, fait ériger un nouveau drapeau, surnommé Carillon moderne, au centre du village et déclare : « Nous sommes un peuple nouveau sur la terre d’Amérique ; or, à un peuple nouveau il faut un drapeau nouveau. » Selon Christian Blais, historien à la bibliothèque de l’Assemblée nationale, une méprise d’Elphège Filiatrault a mené à l’adoption de la couleur bleue. « Le curé avait entendu dire que la bannière de Carillon était bleue, dit-il. Ce qui n’était pas le cas. » Le bleu est tout de même resté.

Redresser les lys

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE, BANQ

Comme plusieurs médias, La Presse évoque l’adoption du nouveau drapeau du Québec à la une de son numéro du 22 janvier 1948.

Revenons au 21 janvier 1948. Tout en présentant le nouveau drapeau du Québec, Maurice Duplessis fait part d’une correction importante. « Suivant les conseils des experts en héraldique, nous avons fait certaines modifications, dit-il. Nous avons redressé les fleurs de lys, pour qu’elles se dirigent droit vers le ciel, afin de bien indiquer la valeur de nos traditions et la force de nos convictions. »

L’exemple doit venir d’en haut

PHOTO VICTOR DIAZ LAMICH, FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ SAINT-JEAN-BAPTISTE

La présidente générale de la Société Saint-Jean-Baptiste, Marie-Anne Alepin

Que représente le drapeau du Québec pour Marie-Anne Alepin, présidente générale de la Société Saint-Jean-Baptiste ? « Le fleurdelysé est un symbole puissant de notre fierté, de notre nation, répond-elle. Et aussi de notre passé, notre présent et notre futur. Les jeunes et les moins jeunes sont toujours heureux de le porter. On le remarque dans chaque manifestation et spectacle. » Rappelant qu’une loi existe sur le déploiement du drapeau, elle estime que le gouvernement et ses instances doivent être exemplaires. « On ne devrait plus voir des drapeaux effilochés, dit-elle. Je comprends que nous avons un environnement particulier avec l’hiver. Mais le sachant, on pourrait travailler en amont pour que le drapeau soit toujours impeccable. »

Des célébrations samedi

Samedi midi, sur l’esplanade de la Place des Arts, quelque 200 personnes, dont plusieurs personnalités, vont déployer le plus grand drapeau québécois jamais vu (18 x 24 mètres). Par ailleurs, le Mouvement national des Québécoises et Québécois célébrera cet anniversaire dans tout le Québec. À Québec, une cérémonie, organisée par l’Assemblée nationale, sera tenue samedi. Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, y prendra part. Quant au premier ministre François Legault, il publiera plusieurs messages, le même jour, sur les réseaux sociaux, indique son attaché de presse Ewan Sauves.

En savoir plus

100 ans

C’est le temps moyen que doit attendre un citoyen ayant fait une demande à Ottawa avant de se voir remettre un drapeau du Canada qui a flotté en haut de la tour de la Paix et des édifices du Parlement. À Québec, le drapeau est seulement changé lorsqu’il est abîmé et n’est donc pas remis aux citoyens.

SOURCE : ASSEMBLÉE NATIONALE

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