Pourquoi l’humanité tolère encore la tragédie des guerres au 21e siècle ? Un tour d’horizon

Pourquoi l’humanité tolère encore la tragédie des guerres au 21e siècle ? Un tour d’horizon

Jeudi, le 12 janvier 2023

Par Rodrigue Tremblayprofesseur émérite de sciences économique et ancien ministre de l’industrie et du commerce québécois, et auteur du livre « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 », Fides, 2018.

« Les querelles ne dureraient pas longtemps, si le tort n’était que d’un côté. »

La Rochefoucauld (François de) (1613-1680), (Maxime 496, 1665).

« En recourant à la tromperie, tu feras la guerre. »

Mot d’ordre des Services secrets israéliens du Mossad. (N. B.: Une phrase tirée de la Bible, Proverbes 24:6).

« La guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires. »

Georges Clemenceau (1841-1929), Premier ministre français, 1906-1909 et 1917-1920, (dans ‘Soixante années d’histoire française, 1932)

« … Seule une population alerte et avertie peut forcer le bon maillage de l’énorme machine de défense industrielle et militaire avec nos méthodes et objectifs pacifiques, afin que la sécurité et la liberté puissent prospérer ensemble. »

Dwight D. Eisenhower (1890-1969), 34e Président des États-Unis, (1953-1961), (dans son allocution de départ de la présidence, le 17 janvier 1961)

« Les aboiements de l’OTAN à la porte de la Russie [avant le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie, le 24 fév. 2022] ont provoqué la réaction du Kremlin. Je ne sais pas si la colère (de la Russie) a été provoquée, mais y a contribué, possiblement oui. »

Le Pape François I (Jorge Mario Bergoglio) (1936- ) (dans un interview au journal italien Il Corriere della Sera, le 3 mai, 2022)

« Le pouvoir tend à corrompre et le pouvoir absolu corrompt absolument. Les grands hommes sont presque toujours mauvais, même lorsqu’ils exercent leur influence et non leur autorité; c’est encore plus vrai quand vous ajoutez la forte tendance ou la certitude de la corruption par l’autorité. »

Lord Acton (John E. Dalberg) (1834-1902), (dans une lettre à l’évêque Bishop Creighton, le 5 avril 1887).


Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), il y a eu de nombreuses guerres civiles et plusieurs conflits militaires régionaux importants entre deux ou plusieurs pays, mais aucun n’a dégénéré en une guerre mondiale générale, impliquant l’ensemble des pays les plus lourdement armés. Les guerres régionales les plus graves ont été la guerre de Corée (1950-1953), la guerre du Vietnam (1955-1975), la guerre d’Irak (2003-2011), la guerre de Syrie (2011- ) et la guerre en Ukraine (2022- ).

En effet, la guerre en Ukraine, neuf ans après le renversement du gouvernement ukrainien élu, en février 2014, et près d’un an après l’invasion militaire russe, le 24 février 2022, ne montre aucun signe d’apaisement. Au contraire, le risque existe que ce conflit par procuration entre grandes puissances puisse un jour dégénérer en une guerre mondiale nucléaire.

Dans un tel contexte, il est peut-être approprié d’identifier les raisons pour lesquelles, en ce 21e siècle, le monde est toujours menacé par des guerres meurtrières et destructrices.

On doit chercher dans les tendances fondamentales de la nature humaine, dans des échecs institutionnels majeurs et dans les facteurs géopolitiques pour trouver quelques explications derrière ces guerres multiples.

En effet, ce sont là les principales sources des guerres d’agression et des guerres par procuration que l’on observe encore de nos jours.

La nature humaine : les instincts guerriers comme causes des guerres

Il existe des penchants humains vers le contrôle, la conquête, la domination et l’exploitation, lesquels ont souvent été déclencheurs de conflits et de guerres entre les peuples.

Il y a là peut-être une première explication pour laquelle des pays ont souvent à leur tête des individus qui n’hésitent point à recourir à la violence pour atteindre leurs fins ou pour accroître leur pouvoir : des rois, des empereurs, des dictateurs, des autocrates ou des va-t’en guerre extrémistes, même dans les sociétés dites civilisées.

Si les guerres entre les hommes relèvent de la nature humaine, il faudrait, pour échapper à un tel atavisme, que la civilisation repose davantage sur des principes humanistes de base et sur des règles et des lois démocratiques, de manière à freiner la tendance de certains États autocratiques ou oligarchiques à dominer les autres peuples.

Les tentatives pour prévenir les guerres, à partir de principes moraux ou par la coopération internationale

La doctrine de la guerre juste

À la suite des travaux philosophiques de Augustin d’Hippone (354-430) et de Thomas d’Aquin (1225-1274), parmi les auteurs religieux les plus connus de la doctrine de la guerre juste (jus ad bellum), il y a eu plusieurs tentatives d’introduire une certaine moralité et une certaine équité, sinon davantage de justice, dans les guerres et la violence militaire entre les états.

Pour être « morale », en effet, une « guerre juste », selon ces auteurs, ne doit pas être préventive mais être essentiellement défensive, c’est-à-dire qu’elle doit reposer sur l’autodéfense, et viser à défendre la paix d’une nation contre de graves torts, en plus d’être un moindre mal en comparaison avec les alternatives, et ne survenir qu’après que toutes les options diplomatiques aient été épuisées.

Pour les théoriciens de la guerre juste à travers les âges, celle-ci doit répondre à certain nombre de critères, tels que reposer sur une cause juste (comme protéger la vie de personnes innocentes), viser à une paix juste et durable, être menée par une autorité légitime, en plus d’être proportionnelle quant aux moyens employés, et n’être entreprise seulement en dernier recours.

Inutile de mentionner, qu’en l’absence de moyens concrets pour empêcher les guerres d’agression, de conquête ou autres, la doctrine de la guerre juste n’a guère empêché les guerres d’agression d’avoir lieu, après sa formulation.

En effet, quand des dirigeants peu scrupuleux et arrogants adopte la loi de la jungle dans les relations internationales, cela mène à l’application de la règle dictatoriale selon laquelle « la force prime le droit ».

La Société des Nations (1920-1946)

La Société des Nations a été créée dans la première partie du 20e siècle, à Genève, en Suisse, le 10 janvier 1920, par 41 États membres, lesquels représentaient 70 pourcent de la population mondiale. Il s’agissait d’une tentative multilatérale d’empêcher une répétition de la Première Guerre mondiale (1914-1918) et de « réaliser la paix et la sécurité internationales ».

Avant la Première Guerre mondiale, le système international pour le maintien de la paix et la stabilité était très primitif. Il reposait sur quelques alliances militaires, lesquelles regroupaient un certain nombre de pays. Ces alliances étaient supposément conçues pour protéger les petits États et se voulaient être un moyen de dissuasion à la guerre grâce à un soi-disant « équilibre des forces » en présence.

En réalité, le système des alliances était très instable, car tout incident militaire grave et localisé pouvait facilement dégénérer et déclencher une guerre plus large. En effet, les nations membres d’une alliance militaire donnée devaient entrer en guerre, lorsqu’un seul pays membre était impliqué dans un conflit.

Avant la Première Guerre mondiale, il existait deux alliances militaires rivales qui formaient deux blocs : la Triple alliance, laquelle regroupaient l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie, et auxquels la Bulgarie et l’Empire ottoman se sont joints ; et les alliés de la Triple Entente, laquelle comptait la France, le Royaume-Uni et la Russie, et auxquels se joindront éventuellement le Japon et les États-Unis.

L’étincelle qui déclencha la Première Guerre mondiale s’est produite en Bosnie, dans la ville de Sarajevo, le 28 juin 1914, lorsque l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, fut assassiné avec son épouse, Sophie, par le nationaliste serbe Gavrilo Principe. C’est alors que les alliances militaires sont entrées en jeu.

Sans les alliances militaires, l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand n’aurait provoqué qu’une guerre régionale entre la Serbie et l’Autriche-Hongrie. Mais, en raison des alliances, la Russie est venue à l’aide de la Serbie, ce qui conduisit l’Allemagne à déclarer la guerre à la Russie.

Une question s’impose : les alliances militaires sont-elles des barils de poudre prêtes à exploser et à créer de grandes guerres ?

Même si la Société des Nations avait été conçue pour prévenir les guerres, elle était trop faible pour empêcher les courses aux armements entre les pays et pour faire respecter les accords de désarmement. Elle était également trop faible pour imposer des solutions de négociation ou d’arbitrage dans les cas de conflits internationaux.

Les Nations Unies (1945)

La Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) est considérée comme une prolongation de la Première Guerre mondiale. Et, tout comme cette dernière, elle impliquait deux grandes alliances militaires. D’un côté, il y avait les puissances de l’Axe (Allemagne, Italie et Japon) et, de l’autre côté, les puissances alliées (France, Grande-Bretagne, Canada, États-Unis, Union soviétique et Chine).

La cause immédiate de la Seconde Guerre mondiale fut l’invasion militaire allemande de la Pologne voisine, le 1er septembre 1939. La Grande-Bretagne et la France déclarèrent alors la guerre à l’Allemagne, le 3 septembre 1939, conformément aux traités de défense signés avec la Pologne.

Cependant, les historiens imputent une grande partie de la responsabilité de la Seconde Guerre mondiale à l’échec de la Société des Nations à empêcher les guerres régionales. Ils pointent du doigt le traité de Versailles de juin 1919, lequel obligeait l’Allemagne (la République de Weimar) à verser aux alliés d’importantes réparations de guerre, en plus de priver l’Allemagne de plusieurs territoires et l’imposition d’autres exactions. Le fait de soumettre une nation entière à une humiliation sévère a contribué à la montée du mouvement nazi et du militarisme en Allemagne, mais aussi en Italie et au Japon.

La création des Nations Unies, le 26 juin 1945 à San Francisco, représente une autre tentative, après l’échec de la Société des Nations, d’interdire les guerres d’agression. En effet, la Charte des Nations Unies fixe comme objectif principal de « préserver les générations futures du fléau de la guerre ».

Même si la Charte des Nations Unies rend illégales les guerres d’agression, des États puissants continuent néanmoins de fomenter des guerres d’agression contre des états plus petits, agressions dites ‘nécessaires’ sous différents prétextes, se réfugiant, pour imposer leur violence militaire, derrière une interprétation abusive de l’article 51 de la Charte de l’ONU sur la légitime défense.

Par conséquent, force est de conclure que l’ère de l’après la Seconde Guerre mondiale n’a pas placé le monde dans une meilleure posture aujourd’hui, pour éviter les guerres d’agression, que pendant la période d’avant la Première Guerre mondiale. « Plus les choses changent, plus elles sont pareilles. »

Facteurs géopolitiques et danger des alliances militaires

La Guerre froide I (1945-1991)

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l’Union soviétique étaient alliés. Cependant, ils se sont tous deux engagés dans la construction de deux puissantes alliances militaires « défensives » opposées, après la Seconde Guerre mondiale.

D’une part, le gouvernement américain a été le principal intervenant lors de la création, en 1949, de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), une alliance avant tout militaire et censée être « défensive ». L’OTAN regroupait initialement 12 pays (États-Unis et Belgique, Canada, Danemark, France, Islande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Portugal et Royaume-Uni). Aujourd’hui, elle compte 30 membres et un certain nombre de pays en attente de devenir membre (Suède, Finlande et Ukraine).

Son but officiel était de servir de contrepoids aux armées soviétiques stationnées en Europe centrale et orientale, après la Seconde Guerre mondiale.

L’article 5 de l’OTAN stipule :

« Qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles, dans l’exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord. »

De même, l’Union soviétique a formé l’alliance militaire du Pacte de Varsovie, en 1955, afin de contrebalancer l’influence de l’OTAN. Cette alliance militaire à l’Est de l’Europe comptait 8 États membres, (l’Union soviétique (URSS), l’Albanie, la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, l’Allemagne de l’Est, la Tchécoslovaquie et la Bulgarie.)

Le traité fondateur du Pacte de Varsovie, lui aussi supposément « défensif  », obligeait les États membres à prendre la défense de tout membre attaqué par une force extérieure et mettait sur pied à cette fin un commandement militaire unifié.

Pendant plus de trois décennies, ces deux alliances militaires « défensives » — un bloc de l’Ouest et un bloc de l’Est — ont servi de contrepoids l’une à l’autre, grâce à l’équilibre des forces en présence.

En 1991, cependant, le Pacte de Varsovie a été officiellement dissous, lorsque l’Union soviétique traversa une grave crise politique et se désintégra. Elle fut remplacée par la Fédération de Russie et par la création de 15 nouveaux États. L’évènement mit alors fin à trente-six ans de guerre froide entre les pays de l’OTAN (principalement les États-Unis) et les pays du Pacte de Varsovie (principalement la Russie).

Tout cela laissa l’alliance du bloc occidental, l’OTAN, avec aucun ennemi potentiel à contrebalancer.

Le gouvernement américain, sous la direction du président George H.W. Bush (1924-2018), en tant que promoteur principal de l’OTAN, se trouva confronté à deux choix : soit abolir l’OTAN, soit maintenir l’OTAN en lui assignant de nouvelles missions.

Il fut décidé de ne pas démanteler l’OTAN afin de sauvegarder l’influence américaine en Europe.

Une telle décision ne fut point sans susciter de vives craintes de la part du gouvernement russe, ce dernier craignant de se voir confronter à une OTAN guerrière. Afin d’apaiser ces craintes, l’administration américaine du président George H.W. Bush, par l’intermédiaire de son secrétaire d’État James Baker — et par celui des représentants d’autres gouvernements occidentaux — prit l’engagement que l’OTAN « ne s’élargirait pas en Europe de l’Est » et ne poserait pas une menace militaire pour la Russie.

En contrepartie, le gouvernement russe se devait de ne soulever aucune objection à la réunification de l’Allemagne de l’Est (la République démocratique allemande) et de l’Allemagne de l’Ouest (la République fédérale d’Allemagne) en un seul État souverain, et cela, en tant que membre de l’OTAN.

En cours de route, cependant, les choses changèrent, notamment en 1994 et plus encore, en 1999.

La Guerre froide II (1999- )

Durant la période 1994-1996, sous la pression du Parti républicain, mais aussi sous celle de conseillers néoconservateurs favorables à une politique unilatérale et néo-impérialiste, le président démocrate Bill Clinton adopta une politique étrangère agressive à l’endroit de la Russie. En effet, son administration ne se comptait plus tenue de respecter les assurances que l’administration républicaine précédente de H.W. Bush avait données à la Russie, à savoir que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce vers l’Est ».

Clinton et ses conseillers néoconservateurs estimaient que le gouvernement américain avait une chance unique de tirer profit de l’extrême faiblesse économique de la Russie, pour l’encercler militairement.

En octobre 1996, le président Clinton officialisa son intention d’élargir l’OTAN, lorsqu’il a ouvertement invité les anciens pays du Pacte de Varsovie et les républiques postsoviétiques à rejoindre l’OTAN. Cela a été mis en œuvre en mars 1999 avec trois pays d’Europe de l’Est, (Hongrie, Pologne et République tchèque), joignant officiellement l’OTAN.

En mars 1999, l’administration Clinton est allée encore plus loin. Elle a ouvertement contourné la Charte des Nations Unies, laquelle interdit les actes d’agression militaire, et s’est plutôt appuyé sur la couverture de l’OTAN pour lancer une campagne de bombardements aériens en Yougoslavie, contre des cibles militaires serbes. C’est à cette date que le gouvernement américain a de facto rendu les Nations Unies impuissantes à prévenir ou arrêter les guerres d’agression. Par la suite, le gouvernement américain a continué de se servir du substitut de l’OTAN pour justifier les interventions militaires américaines à l’étranger.

Les prétextes, provocations, mensonges et autres tactiques trompeuses souvent utilisés pour déclencher une guerre

Il existe une panoplie de moyens indirects et de stratégies trompeuses pour déclencher une guerre interétatique, en plus de bombarder directement un pays ou d’utiliser l’armée pour envahir un pays étranger.

Par exemple, une nation aux intentions guerrières peut recourir à des provocations de tout genre et proférer des menaces comme prélude à une guerre, ou pour forcer un ennemi à riposter. Un pays agresseur peut également essayer de perturber ou déstabiliser un autre pays en simulant une attaque militaire par le biais de jeux de guerre et d’opérations clandestines. Le recours à une opération sous fausse bannière (lorsqu’un pays commet un acte de guerre et en accuse un autre) a souvent été employé.

Un autre moyen détourné pour infliger des pertes à un pays consiste à recourir à une guerre par procuration (c’est-à-dire une guerre menée par un État client contre un ennemi ciblé, mais financée et armée par un pays tiers qui en est l’instigateur). Un mélange d’une guerre par procuration et d’une opération sous fausse bannière peut alors faire partie d’un plan visant à élargir un conflit en une guerre ouverte.

Un projet de guerre de la part d’un pays agresseur peut aller jusqu’au sabotage des installations d’un autre pays, pour des motifs militaires ou politiques, et le tout accompli sous le couvert d’opérations clandestines. Un agresseur peut également imposer un siège militaire à une nation, sans aucune déclaration de guerre formelle.

Une autre tactique couramment utilisée pour déclencher une guerre consiste à dénigrer et à diaboliser un pays ou ses dirigeants avec des mensonges et une propagande trompeuse concernant l’armement ou les intentions réelles d’un pays.

Encore une autre façon de pousser un pays ciblé à la guerre est d’imposer des restrictions commerciales sur certains produits essentiels qu’il doit importer, comme le pétrole. En effet, le recours unilatéral à des sanctions économiques et financières contre un pays, dans le but de nuire à son économie et à ses habitants, est un autre acte hostile qui est susceptible de conduire à une guerre.

C’est pourquoi il est si ardu d’empêcher une guerre uniquement par des moyens juridiques et diplomatiques, ou par la médiation, lorsqu’une nation puissante est décidée à entrer en guerre contre une autre.

Ni la Société des Nations, ni les Nations Unies n’ont interdit à une nation belliqueuse de provoquer une guerre par des moyens indirects. Cela montre à quel point il pourrait être complexe et difficile de faire de la malédiction des guerres d’agression une chose vraiment obsolète. À tout le moins, les guerres nucléaires doivent être évitées à tout prix, si l’humanité veut survivre sur cette planète.

Finalement, un fait peu rassurant : Une étude récente conclut que les démocraties sont plus enclines à déclencher des guerres que les régimes autocratiques.

Conclusion

Le cadre politique et juridique international pour prévenir ou mettre fin à la guerre est présentement en ruine. L’ONU a été mise à l’écart et son autorité en tant qu’arbitre des conflits militaires, telle que stipulée dans la Charte des Nations Unies, a été sapée et remplacée par un retour à une politique de puissance primaire, plus ou moins arbitraire.

Comme dans un passé pas si glorieux, les alliances militaires se sont reconstituées, et le recours à un nouvel « équilibre des forces » est encore une fois le seul rempart contre une conflagration militaire mondiale.

Un monde plus civilisé se libérerait du piège des alliances militaires ataviques, une recette historique éprouvée pour produire des guerres permanentes, des hauts niveaux d’endettement public et une inflation persistante. Les guerres d’agression et les guerres par procuration doivent être éliminées, une fois pour toutes, en tant qu’institution humaine barbare.

Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à l’Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018, La régression tranquille du Québec, 1980-2018 (Fides). Il est titulaire d’un doctorat en finance internationale de l’Université Stanford.

On peut le contacter à l’adresse suivante : 

rodrigue.tremblay1@gmail.com

Il est l’auteur du livre de géopolitique  « Le nouvel empire américain » et du livre de moralité « Le Code pour une éthique globale« , de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé « La régression tranquille du Québec, 1980-2018« .

Site internet de l’auteur : http://rodriguetremblay.blogspot.com

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Mis en ligne, le jeudi, 12 janvier 2023.

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© 2023 Prof. Rodrigue Tremblay

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