Benoît XVI: la quête d’un homme libre

Benoît XVI: la quête d’un homme libre

« Seigneur, je t’aime… » Ce sont les dernières paroles de Benoît XVI. Trois mots. Pas un de plus. Une déclaration simple, mais non simpliste, de celui qui, pourtant, a passé sa vie à traduire en mots ce qu’il contemplait. Peut-être précisément parce qu’il Le contemplait, qu’il n’avait plus rien à dire… Grand théologien, pape, il n’a jamais été autant « Pierre » qu’au soir de sa vie. Car, comme Pierre, par trois fois le Christ a bousculé ses certitudes (Jn 21, 15-19). Et comme Pierre, par trois fois Benoît XVI a répondu « oui ».

Dans l’ombre du pontificat historique d’un Jean-Paul II acclamé « Santo subito », Benoît XVI accède à la papauté, un peu, « malgré lui », même si son « oui » n’en demeure pas moins libre. « Benoît, fils de “toutes tes appartenances”, m’aimes-tu vraiment plus que ceux-ci ? » ; – « Oui, Seigneur… ». Il reconnaît la voix de son berger. Liberté et confiance se rencontrent.

Huit ans après, la même interpellation retentit une deuxième fois : « Benoît, fils de toutes tes appartenances”, m’aimes-tu vraiment ? »… Vraiment ? « Aimer l’Église signifie aussi avoir le courage de faire des choix difficiles, douloureux, en ayant toujours à cœur le bien de l’Église et non soi-même » (Audience générale, 27 février 2013).

Par sa révérence, il marque de son sceau l’histoire de la papauté, non sans pudeur et retenue : « Je n’abandonne pas la croix, dit-il, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur crucifié ». Liberté et obéissance s’embrassent.

Et comme pour Pierre, cette même voix lui murmure une troisième fois : — « Benoît, fils de “toutes tes appartenances”, m’aimes-tu ? ».

« M’aimes-tu ? », tout simplement…

« Seigneur, tu sais tout… tu sais bien que je t’aime », lui dit Pierre… Et comme Pierre, l’homme en blanc étendit alors les mains se laissant emmener: « Dans le lent déclin de mes forces physiques, je suis intérieurement en pèlerinage vers la maison du Père » (Corrierre della Sera, 2018). « Sur ces mots, Jésus lui dit : “Suis-moi” ». Liberté et courage s’épousent.

« Courage », précisément, car le mot même n’est qu’un dérivé de « cœur », siège des sentiments. Il ne s’agit point alors d’une absence de peur, mais d’une peur assumée, car rachetée. Elle seule peut mettre en mouvement vers Celui qui souffle sans cesse : « n’ayez pas peur ».

La beauté de la vie est inséparable de sa fragilité. On est jeune jusqu’à ce qu’on ne le soit plus. On est en bonne santé jusqu’à ce qu’un diagnostic nous soit posé. On est indépendant jusqu’à ce qu’un autre nous ceint pour nous emmener là où l’on ne veut pas… Mais on est en vie, véridiquement, parce qu’on vit tout ceci.

Or, seuls les morts ne connaissent pas le poids des émotions accablantes et des blessures qui jalonnent toute chair. Et comme Pierre, Benoît XVI était en chair, à la suite du Vivant dont la toute-puissance s’est incarnée en toute proximité, charnelle et vulnérable.

« Quarere Deum » : Chercher Dieu…

« Jésus, le Crucifié ressuscité, le Vivant et le Seigneur, est le but vers lequel Benoît XVI nous a conduits en nous prenant par la main », souligne le pape François le 4 janvier dernier. D’ailleurs, Benoît XVI avait lui-même précisé que « le pape n’est pas la star autour de laquelle tout tourne. Il renvoie à l’Autre qui se trouve au milieu de nous » (vœux à la Curie romaine, décembre 2008).

Évoquant les rois mages qui ont suivi l’étoile du berger au chevet de l’Enfant né, il dit : « les hommes qui partirent vers l’inconnu étaient des hommes qui cherchaient Dieu et, en définitive, ils étaient en marche vers lui. Ils étaient des chercheurs de Dieu. Leur pèlerinage extérieur était une expression de leur cheminement intérieur ».

Celui qui a passé toute sa vie à chercher Dieu en le contemplant, s’en est allé discrètement en expiant d’une voix presque inaudible : « Signore, ti amo » (Seigneur, je t’aime)… se laissant définitivement retrouver par Lui.

Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix, définitivement et pour toujours.
Pape François lors de son homélie des funérailles du 5 janvier 2023

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